Le projet inhumain de Karine Le Marchand

Il y a quelques mois, nous étions tombées sur les réseaux sociaux sur l’appel à candidature de Potiche Prod pour leur émission prochaine.
L’idée de Karine Le Marchand, soutenue par Cristina Cordula était de mettre en scène des personnes obèses dans leur parcours de chirurgie bariatrique.

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A l’époque nous écrivions ce texte et lancions une pétition pour demander l’arret du tournage.

Il y a quelques semaines nous rentrions en contact avec une source anonyme, proche de la production de l’émission. Ce que cette personne nous a raconté n’a fait qu’augmenter nos peurs au sujet du traitement réservé aux candidates de cette émission. Suite à ses révélations, nous avons décidé d’alerter plusieurs interlocuteurs :

 

Conseil national de l’Ordre des médecins

Conseil Supérieur de l’Audiovisuel

Agence Régionale de la Santé Île de France

Madame la Ministre de la Santé Agnès BUZIN

Madame la Directrice de la Direction de la Sécurité Sociale Mathilde LIGNOT-
LELOUP

Le Défenseur des Droits

Monsieur Georges-Christian CHAZOT, président du Groupe Hospitalier Saint
Joseph et du groupe Ethique Hôpital

Le président de la Commission des usagers de l’hôpital Dr Didier GAILLARD

Comité Consultatif National d’Ethique

Notre lettre

Aujourd’hui paraissait sur buzzfeed un article de Marie Kirschen reprenant tous les faits relatés par notre source anonyme.

Article disponible ici 

 

Voici les réponses apportées par :

l’ordre des médecins >>> Leur lettre

Le Centre hospitalier St Joseph >>> Page 2Page 1

Le Défenseur des droits >>> DDD

L’ARS >>> ARS

Grosses gencives

Y a-t-il acte plus anodin que d’aller chez le dentiste se faire soigner une carie ?

Pas quand tu es gros.se. Non. C’est une énième occasion de subir la formidable grossophobie médicale.

Entrer dans le cabinet. Le regard de bas en haut, le haussement de sourcils. Le « attendez, asseyez -vous doucement, je ne suis pas sûr que le fauteuil supporte votre poids ».

Tu t’assois en retenant ton souffle, tes fesses touchent le plastique, tu forces sur tes bras pour que tu puisses déposer ton poids petit à petit et pas d’un coup histoire de ménager un fauteuil et essayer de répartir la masse. Ton ego et ta santé mentale, tout le monde s’en fout.

« Ah une vilaine carie que voilà, il faut absolument arrêter de s’empiffrer de bonbons toute la journée »

Tu as la bouche ouverte, les mains de ce personnage nauséabond en toi, impossible de répondre autre chose qu’un « grmphblphbl » incompréhensible qu’il s’empresse d’ignorer pour rajouter «  ah oui, oui ça se voit que vous aimez manger des bonbons, les bonbons durs de grand-mère que vous croquez apparemment »

Il enlève enfin ses mains, tu voudrais lui répondre que tu n’as pas touché un bonbon depuis des années, mais que l’usure qu’il doit voir sur mes dents est due au bruxisme dont je souffre depuis mon enfance. Mais il t’annonce qu’il va devoir arracher ta dent.

Tu reprends rendez-vous en te disant que la prochaine fois s’il te fait une réflexion tu le reprendras en pleine volée, quitte à le mordre pour pouvoir articuler.

La semaine d’après tu reviens, il te refait la même réflexion sur le fauteuil et ton poids. Tu lui dis que cela n’a jamais posé de problèmes nulle part, et que s’il est si inquiet, il n’a qu’à investir dans un matériel plus adapté et solide.

Ça le met en colère visiblement. Tu t’allonges, tu l’entends préparer ses instruments derrière toi. Il te fait ouvrir la bouche sans sommation, brutalement, t’irrite le coin. Aucune délicatesse quand il passe ses instruments qui te déchirent littéralement l’intérieur de la joue. Puis vient le moment de l’anesthésie. Il pique, en met partout dans la bouche, ça a un goût affreux, amer, et tu as peur d’étouffer. Il te repique une 2nde fois, te dit de te rincer, se met à travailler mais la douleur est telle que tu hurles. L’anesthésie n’a pas pris. Il faudra 8 piqures. Et que tu acceptes de ressentir une pointe de douleur pour qu’on puisse en finir. Tu saignes, tu as mal, la dent a eu du mal à sortir, elle était accrochée à la tubercule qui finalement est venue avec.

La seule chose qu’il te dira c’est « vous allez avoir mal 2/3 jours » Puis en te regardant droit dans les yeux « L’anesthésie a eu du mal à prendre à cause de votre poids ».

Tu sais pourtant que ce n’est pas le cas, il endort une gencive, pas un membre avec du tissu adipeux… quel est le rapport ? Mais tu es dans un état second, tu as très mal, tu retiens tes larmes, tu ne protestes que d’un mou « de toutes façons les dosages ne sont jamais étudiés pour les personnes grosses » qu’il ignore royalement.

Tu es dans la voiture et tu pleures. Tu pleures parce que tu viens de te faire humilier encore une fois. Tu n’es pas arrivée à te défendre. Tu t’es laissé tomber. Et puis malgré les doses énormes d’anesthésiant tu souffres, tu sens le sang couler dans ta bouche.

Alors tu rentres tant bien que mal et tu questionnes ton entourage dans le médical, pour bien te rassurer. Oui ce dentiste est juste un sombre tocard grossophobe au discours dangereux.

Tu le réentends asséner sa fausse vérité bien droit dans ses bottes. « c’est de ta faute ».

Le lendemain tu as mal toujours, la douleur amplifie. Deux jours après il y a clairement un soucis, ta gencive est gonflée et te fait très mal, tu penches pour une infection. Tu mets 3jours à le rappeler parce que malgré la douleur physique, celles morale et psychique te retiennent. Tu es forte, tu peux tout supporter physiquement. Tu endures des souffrances que peu de gens accepteraient de vivre depuis tant d’années. Mais tu es fatiguée mentalement, épuisée même. Tu le rappelles et il estime évidemment que tu as dû mal faire quelque chose ne te trouvant un créneau que pour la semaine d’après. L’idée pas si saugrenue qu’il fait tout pour te punir d’être grosse te traverse l’esprit.

Et tu attends, la douleur à la gencive, le bide retourné, le cerveau en ébullition, plein de ce que tu voudrais lui dire. Chaque jour qui te rapproche du rendez-vous, tu essaies de rassembler le peu de courage qui te reste pour lui renvoyer ses mots dévastateurs dans les dents.

 

[Compte Rendu] Retour sur les Etats Généraux de la lutte contre la grossophobie

Les premiers Etats Généraux de la lutte contre la grossophobie se sont tenus à Paris le 14 janvier dernier.

Tout au long de la journée, une cinquantaine de personnes, représentants d’associations ou de collectifs, se sont mobilisés pour parler de la discrimination envers les personnes grosses et pour imaginer des stratégies de lutte.

Gras Politique tient à remercier celles et ceux qui sont venus travailler toute une journée sur ce sujet. Nous sommes enthousiasmées par votre énergie et pas vos idées. Nous allons tout faire pour porter haut les projets que nous avons évoqués ensemble. Nous comptons sur votre engagement, sur vos neurones, et sur votre bonne humeur.

Vous trouverez ci-dessous le compte-rendu officiel de l’événement, ainsi que quelques photos souvenirs.

Le magazine Fumigene nous a consacré un très beau reportage. 

Compte Rendu à télécharger ICI !

 

[Brochure] Petit Précis de Grossophobie

Gras Politique est fièr-e de mettre à disposition une brochure sur la grossophobie, que tu peux laisser traîner au boulot, chez les médecin, dans les transports, dans ta famille, en soirée, et partout où tu penses que c’est nécessaire !

Il suffit de la télécharger et de l’imprimer pour participer à l’effort contre la discrimination grossophobe !

Elle a été illustrée par Olivier du blog Petit Ours Blond et mise à jour en 2021 (eh oui, depuis la grossophobie est entrée dans le dictionnaire !)

Télécharge la ICI

 

 

Intermarché met le Père Noël au régime

Ah la magie des fêtes dans les hypermarchés ! Les promotions sur le foie malade d’oie ou de canard, les chocolats à la liqueur qu’on achète quand même, la purée de marrons qui colle au fond du plat et la bûche à la graisse hydrogénée à seulement 9 euros 99 centimes ! De belles opportunités capitalistes pour les vendeurs de bouffe, qui ne se privent pas de réaliser de jolis bénéfices avec des produits pas toujours très “healthy”, mais synonymes de repas familiaux, de congès et de retrouvailles heureuses.

L’alimentation pendant les fêtes est un sujet bien plus compliqué que celui des apports énergétiques. Dans les familles aux moyens financiers réduits, avoir une table de fête remplie de choses bonnes, riches et rares est un véritable sacrifice, qu’elles font avec plaisir par tradition et par volonté de gâter leurs proches. La notion de plaisir, de partage, et de plats familiaux transmis par les générations, est au centre de la table de fête. Nombreux sont les foyers qui s’endettent au moment de Noël afin de pouvoir assurer des plaisirs simples à leurs familles, cadeaux et mets.

D’autre part, l’équilibre alimentaire ne se fait pas sur une période de 10 jours. C’est un long exercice de chaque jour, qui se fait en fonction des moyens des individus (un kilo de lasagnes industriels est un repas moins cher qu’un kilo de poivrons pour une famille), des habitudes alimentaires, des éventuels troubles du comportement alimentaire, et des régimes diététiques particuliers aux personnes. Vous ne risquez pas l’obésité monstrueuse parce que vous prenez deux fois de la dinde le 25 décembre. Stigmatiser un gros lors de cette période est tout à fait contre-productif. Nous ne devenons pas gros à cause des fêtes.

C’est Intermarché qui gagne la palme de la plus grande hypocrisie alimentaire de décembre avec sa nouvelle publicité dont voilà le pitch ; pour sauver Noël, et recevoir leurs cadeaux, les enfants doivent faire maigrir le Père Noël qui ne passe pas dans la cheminée. Ils apportent donc du chou et de la salade Intermarché à ce bon gros, qui pourra maigrir et réussir à rentrer son cul dans la cheminée le jour J. Merveilleux exemple de grossophobie dissimulée derrière des décors de neige artificielle et des faux arômes orange-canelle : c’est encore la faute du gros ! Le gros va faire rater Noël ! Dégraissons l’ancêtre !

Il est sans doute plus facile à Intermarché de faire de la communication facile et mièvre sur fond de chant de Noël que de s’engager pour l’éducation alimentaire de ses clients : affichage des calories, choix des filières d’approvisionnement, huile de palme, additifs alimentaires dans les plats préparés, option végétariennes ou vegans, baisse des prix significatives sur les aliments sains de première nécessité … Voilà autant de batailles concrètes que le géant de la distribution pourrait mener, bien plus efficaces que la mise au régime d’un personnage de fiction.

Rassurez vous, malgré cette campagne toute jolie et toute saine, Intermarché vous propose des promotions et des réductions sur des produits qui le sont beaucoup moins lors de cette période. Il vous suffit de consulter le prospectus alimentaire dédié à la fin d’année pour vous rendre compte que le seul fruit ou légume proposé moins cher est la clémentine. Ca va faire chiche.

Le rôle des enfants dans cette publicité agace particulièrement. Une étude récente prouve que dès 5 ans, les enfants ont déja enregistré les préjugés et clichés sur les personnes grosses. Très petits, ils-elles sont bombardés d’images négatives sur les corps différents, et d’injonctions perturbantes au bien manger et à la consommation. Les petites filles sont particulièrement sensibles à ce climat anxyogène et peuvent déclarer très tôt des phobies alimentaires ou des troubles graves. Renforcer ces préjugés et ces messages négatifs en abîmant le dernier personnage positif gros semble dangereux. Même le Pêre Noël doit avoir des abdos ?

Faut il vous rappeller que malgrè son obésité morbide, ce bon Papa Noël a toujours réussi à distribuer les cadeaux de tous les enfants du monde, et cela en moins de 24h ? UPS et Usain Bolt peuvent se rhabiller …

 

Amour et Fécondité : le Congrès du GROS – Après-midi 2/2

GRAS POLITIQUE A EU LA CHANCE D’ÊTRE INVITÉ À ASSISTER AU CONGRÈS DU GROUPE DE RÉFLÉXION SUR L’OBÉSITÉ ET LE SURPOIDS (GROS). LE THÈME DE CETTE RENCONTRE 2017 ENTRE SOIGNANT.ES ET PROFESSIONNEL.LES DE LA SANTÉ ÉTAIT : AMOUR ET FÉCONDITÉ.

Vous trouverez ici le compte-rendu de cette journée, certes subjectif car nous n’avons pas pu tout prendre en note. Les paroles rapportées sont celles de soignant-es et de chercheur.se.s.

 

 

Apparence physique et amour, le point de vue du sociologue

Professeur Jean François AMADIEU, Sociologue, Paris

 

Les photos sont la première motivation d’utilisation par les femmes des réseaux sociaux 28% des jeunes de 18 à 25 ans sont sur des sites de rencontres, 1 sur 2 a une relation sexuelle dès le 1er soir, on constate une hausse de 50% du nombre de partenaires en 20 ans aux USA.

Il y a  une part hégémonique du poids de l’apparence dans le choix des rencontres : exemple frappant Tinder, personne ne lit les bios, la photo ou rien.

En 1990, quel était l’IMC préféré des hommes pour les femmes ? 20,4 – Quel est il en 2010 ? 18,4 mais avec des seins et des fesses.

L’amour rend il aveugle ? scientifiquement oui et non, les gens amoureux voient leur partenaire de manière plus positive qu’il-elle ne l’est, mais sont aussi conscient-es de la façon dont le partenaire est perçu par les autres.

Capital érotique : joue un rôle croissant dans la vie sociale et au travail, sexualisation des rectuements et du travail, poitrine, talons, maquillage, blondeur : salaire plus élevé.

Arborer un décolleté c’est 4x plus de chances de décrocher un entretien à un CV équivalent, être mince c’est 90 réponses positives être obèse 15 réponses positives.

Avez vous déja eu envie de faire l’amour avec le recruteur ? Question posée à H et F : 29% de OUI pour les H, 91% de NON pour les F

75% des recruteurs et 48% des recruteuses déclarent qu’il est important que lea candidat-e leur plaise physiquement

La taille, le poids et l’apparence en général varient selon les milieux sociaux et se transmettent. L’homogamie est telle que les apparences et les statuts sont assez comparables dans les couples qui durent (niveau instruction, parents, beauté)

Etre mariée et avoir des enfants pénalise la carrière des F mais favorise celle des H, l’âge des H au mariage est supérieur de plusieurs années à celui des F

La beauté est un attribut social plutôt féminin qui s’échange contre un capital social et économique détenu par les H

Influence des milieux féministes aux USA pour lutter contre la négation de la sexualité des obèses

Représentation du handicap : 0,7% à la télé, 18,4 dans la population

En France en 2011 3% de personnes obèses à la télévision contre 18% de la population, aucune représentation de personnes obèses héros ou amoureux

La vision sociale de l’amour et de la sexualité est esthetisée, comme réservée aux jeunes et aux ”belles personnes’

Traumatismes psychiques, binge eating et obésité

Docteure Pierrette WITKOWSKI, psychiatre des hôpitaux, UMC CHRU Nancy
On va parler d’obèses avec IMC>35 candidat-es à la chirurgie bariatrique qui ont des histoires de traumas et de TCA de type hyperphagie compulsive
Binge eating : crise compulsive : accès hyperphagiques définis depuis 2013 : grande quantité de nourriture,sentiment de perte de contrôle, ingestion rapide, manger sans faim, seul en cachette, culpabilisation, réplétion gastrique
il y a des bingeurs-ses qui se mettent en restriction dans l’intervalle des crises, d’autres non, on peut cumuler boulimie et binge = obésité massive
Le binge eating ne rentre pas encore dans la liste des addictions mais un certain nombre d’addictions comportementales pourraient l’être : anorexie, boulimie, binge eating, alimentation émotionelle
Cas d’une dame qui a arrêté le binge eating après son opération du by pass mais qui va désormais au casino, d’autres cas d’addiction au sexe, cyber dépendance après opération
Tolérance marquée : le sujet augmente le oomportement pour obtenir le même effet / agitation ou irritabilité en cas d’impossibilité de s’adonner au comportement
Le binge eater ne peut pas réduire ou contrôler, les épisodes surviennent souvent quand le sujet doit remplir des obligations (stress)
Traumaset binge eating : 82% de psycho traumatismes chez 176 patients des 2 sexes, (54% violences psychologiques, 31% violences physiques 29% abus sexuel)
Sur 1484 patient obèses 78% de psycho traumatismes relevés au CHRU de Nancy, 81% chez les femmes
Il est impératif de traiter le binge eating avant la chirurgie bariatrique, et ne pas se leurrer, ca peut revenir à l’aune d’un événement traumatique
Utilité du génogramme pour identifier les traumas : histoire abandonnique, deuil dans l’enfance
Les psychotraumatismes de l’enfance seraient à l’origine de perturbations du systeme serotoninergique et / ou de l’axe corticotrope contribuant à favoriser le développement d’un TCA
Des dysrégulations émotionnelles, les troubles de l’attachement, attachement insécure sont susceptibles d’expliquer la survenue des TCA
Les relations d’attachement changent tout au long de la vie, on peut avoir un sujet de résilience et avancer sur ces questions
Le binge est le TCA le plus retrouvé chez les obèses, les patients qui démarrent en obésité devraient trouver une aide dès le départ pour aider sur la compulsion, et ne pas laisser le binge s’aggraver
Le binge est un moyen pour le patient de réguler son stress, c’est un “médicament” à gros effets secondaires, mettre un bingeur au régime c’est le conduire à l’anorexie ou à d’autres TCA
Sans adhésion à la thérapie, si le patient bingeur est opéré il y a des risques de reprise pondérale, de bascule addictive, de décompensation dépressive
Attention à ne pas confondre addiction comportementale et addiction à des produits, il n’y a pas réellement d’addiction à un produit alimentaire
Il est terrifiant de voir des obèses en service de re nutrition avec des sondes de nutrition gastrique parce qu’ils ont basculé dans l’anorexie
Sur les anneaux et les by pass verticaux : contre indication totale du binge eating, sur la sleeve et le petit by pass : possibilité si réel accompagnement thérapeutique

Bien s’attacher pour mieux se détacher

Madame Jeanne SIAUD-FACCHIN, psychologue clinicienne, psychothérapeute

L’attachement est un besoin primaire, universel, physiologique et psychologique, c’est le lien fondamental et fondateur, la base de sécurité interne.

Rôle des neurones miroirs dans l’attachement : groupement de neurones dont la fonction est d’imiter au niveau de l’apprentissage et du ressenti de l’autre elles sont à la racine et base de l’empathie

Ces neurones miroirs nous permettent de ressentir sympathie et antipathie quand on rencontre qqun-e pour la première fois, essentielles dans les relations précoces
Le sous bassement du processus d’attachement : processus hormonaux qui renforcent le sentiment de sécurité : ie : ocytocine pendant la grossesse qui favorise l’attachement primaire par l’allaitement indu
3 types d’attachement : secure ( la figure d’attachement sera tjrs là quoiqu’il arrive), insecure évitant (le bébé apprend très vite qu’il ne peut compter sur personne, la figure d’attachement évite le lien), insecure ambivalent (ne sait jamais si qqun sera la)
80% des enfants qui consultent en psychologie et psychiatrie ont des troubles de l’attachement, 30% dans la population générale
Attachement sécure : autonomie flexibilité, stabilité psychologique, confiance en soi et dans la vie, liberté
Attachement insécure évitant : contrôle, maitrise, distance, agressivité, rigidité cognitive et émotionnelle, trouble communication sociale, peur de l’environnement, trouble anxieux, dépression etc
Attachement ambivalent : dependance affective, quête illimitée de l’amour, exister dans le coeur et yeux des autres, besoin de se remplir, addictions, manque d’empathie, peur de l’abandon
Réparer les psycatrices (jeu de mot de médecin), tout se joue toute la vie grâce à la plasticité cérébrale, production de neo neurones en permanence qui s’intégrent au reste du cerveau si on les soumet à un apprentissage
Etudes de Harvard Richard Waldinger, comparaison entre jeunes étudiant-es favorisé-es et jeunes de milieux difficiles et on observé pendant 80 ans cette population : une seule dimension significative dans cette étude qui permet de vivre plus vieux plus heureux et en bonne sante : le lien.
La qualité de présence du thérapeute est capitale, la chaleur humaine est incontournable du rôle se soignant, il est temps de passer à la presence bienveillante.

Libérer les femmes

Docteure Stéphanie HAHUSSEAU, psychiatre, psychothérapeute, Paris

Les études prouvent qu’une femme séduisante est une femme qui fait du 90C. L’étude a été réalisée en changeant la taille de bonnet d’une auto-stoppeuse et la corrélation arrêt de voiture et bonnet de poitrine.

En tant que thérapeute et soignant il faut aider les patientes à travailler sur elles MAIS sans ignorer les situations délétères

Il faut aider les femmes à se libérer, des expériences passées qui grèvent le comportement alimentaire mais aussi des situations en présence

Les femmes sont tiraillées par des injonctions contradictoires : consommer mais perdre 3 kilos, être spontanée mais se remettre en question, elles mettent les F dans une forme de sidération

La colère est jugée comme normale pour les hommes alors que les femmes sont taxées d’hystériques

La maltraitance infantile doit être recherchée en cas d’obésité, les patients déclarent à 95% avoir eu une enfance heureuse au premier rdv mais il ne faut pas s’y arrêter

Il faut aider les patient-es à réaliser que leurs expériences d’enfants ne sont pas anodines : 70% des obèses ont des expériences infantiles hostiles

Les TCA sont plus sévères plus précoces et plus de comorbidites psychiatriques chez les patient-es avec enfance difficile

L’attachement secure représente seulement 10% des gens qui souffrent de TCA, l’attachement insécurise provoque une altération précoce le l’axe du stresse = compulsion de réconfort

On a tendance à laisser la responsabilité de l’attachement aux F mais c’est bidon. Les hommes ont le loisir de faire le choix de s’occuper de leurs enfants quand ca les arrange pas les F.

Une mere reconnaît à 90% les cris de son bébe, un homme moins SAUF si il passe plus de 4h par jour avec son bebe, alors les résultats sont identiques

Idéalisation de la maternité auprès des femmes, accomplissement par l’enfant, alors que le pic de bonheur quotidien observé se fait au moment où les enfants partent de la Maison pour les femmes

Libérons les femmes du poids du passé et de l’enfance, de la responsabilité exclusive du couple, de la qualité de l’attachement chez l’enfant, du poids des émotions des autres

Dans un avenir prochain on peut sortir souhaiter que les h ne considèrent plus la sexualité comme un besoin, qu’ils soient sensibilises à leurs émotions et à celles des autres
En psychologie de l’enfant on voit 4 à 5 garçons / 1 fille. Les mamans s’inquiètent plus facilement pour les petits garçons que les petites filles
On valorise le passage à l’acte chez le petit garçons alors qu’on valorise l’émotion chez les petites filles

Amour et Fécondité : le Congrès du GROS – Matinée – 1/2

Gras Politique a eu la chance d’être invité à assister au congrès du Groupe de Réfléxion sur l’Obésité et le Surpoids (GROS). Le thème de cette rencontre 2017 entre soignant.es et professionnel.les de la santé était : Amour et Fécondité.

Vous trouverez ici le compte-rendu de cette journée, certes subjectif car nous n’avons pas pu tout prendre en note. Les paroles rapportées sont celles de soignant-es et de chercheur.se.s.

 

Grossesse et obésité : des relations complexes

Dr Anne Laurent-Jaccard, médecin interniste, Lausanne
Dr Jean-Michel Lecerf, endocrinologue, Institut Pasteur Lille

L’important c’est de perdre du poids avant et entre les grossesses, pas pendant la grossesse. 

Les recommendations du gain pondéral pendant la grossesse : risque de macrosomie avec une prise de plus de 13 kilos, pas de recommendations diététiques particulières, mais l’alimentation doit rester supérieure à  1500kcl par jour.

Programme NELIP suivi pendant la grossesse : 2000kcl par jour, Indice Glycémique bas, 4x marche par semaine : 80% des personnes suivies n’ont pas pris de poids, et réduction des problèmes du bébé à la naissance

Pour réduire le poids de naissance, la seule chose efficace semble l’activité physique pendant la grossesse, même recommendation pour le gain de poids gestationnel + allaitement.

Quand un très faible gain de poids gestationnel, on constate moins de césarienne et moins d’hypertension, mais ce n’est pas une raison pour culpabiliser les personnes obèses.

Chirurgie bariatrique avant la grossesse : bénéfices maternels : – de pré éclampsie, – risque de césarienne, – de déclenchement – hémorragie post partum, – de mort foetale, 3x moins de macrosomie.

Chirurgie bariatrique avant la grossesse : risques : carences du bébé, absence fermeture tube neural, retard de croissance intra utérin, hémoragie cérébrale chez le foetus.

En cas de chirurgie bariatrique : ATTENTION : moindre efficacité de la contraception orale.

Gros problème en PMA = prise de poids considérable avec les traitements hormonaux, échec de la PMA, obésité résultante et pas de bébé.

Il existe des personnes obèses extremement bien pendant la grossesse = état de complétude = fin des épisodes de binge et de boulimie = perte de poids.

Des équipes obligent les personnes en parcours de chirurgie bariatrique à poser un sterilet, pas d’opération si pas de sterilet car PB de malabsorption de la contraception orale.

Stigmatisation des enfants en surpoids au sein de la famille

Mme Natalie Rigal, Chercheuse en psychologie du développement, université Paris Nanterre (EA Clipsyd, 4430)

Cercle vicieux de la prise de poids -> stigmatisation (Obélix, Bouboule, tas de gras) -> conduite alimentaire compensatoire -> prise de poids.

Etude : Burmeister, J. M., Holt, S., & Musher-Eizenman, D. R. (2016). Active versus inactive portrayals of children with obesity. Stigma and Healthsur enfants de 4 à 6 ans : ces enfants décrivent les gros comme méchants stupides négligés et bruyants, ils ont déja intériorisés les stéréotypes sur les gros à un très jeune âge.

Stigmatisation de l’enfant gros par ses parents :  études de Dianne Neumark-Sztainer, PhD, MPH, RD, 2 grands conduites des parents : moqueries autour du poids, ou commentaires sur le corps, et discours sur l’importance de l’apparence. Raisons invoquées par les parents qui stigmatisent les enfants gros : rencontre avec un médecin alarmiste, pour la santé de mon enfant, pour évoquer que mon enfant soit moqué.

Prévalence autour des moqueries : 60% des filles entre 9 et 12 ans déclarent avoir reçu des commentaires négatifs sur le poids, 38% ont été moquées sur le corps, 32% ont déclaré des remarques sur l’alimentation, 12% +belle si +mince.

Symptomatologie des moqueries liées au poids chez les ados : ++ symptome dépressif, ++ binge eating et TCA, être traité de gros à 10 ans est un facteur prédictif d’IMC à 19 ans.

Les parents pensent préserver les enfants des moqueries / santé en stigmatisant les enfants gros mais effet contraire total, paradoxe amour / maltraitance. Papa et Maman m’ont traités de gros, oui ca existe. Prise en charge doit donc être centrée sur les parents. et pas l’enfant, sur l’alimentaire mais aussi sur les représentations liées au corps gros et communication positive. Papa et Maman m’ont traités de gros, oui ca existe. Prise en charge doit donc être centrée sur les parents et pas l’enfant, sur l’alimentaire mais aussi sur les représentations liées au corps gros et communication positive.

 

Fertilité et Obésité : impact de la chirurgie bariatrique

Dr Heloise Gronier et Dr Cécile Ciangura

Chirurgie bariatrique en France :  45000 interventions par an, avec une file active de 450 000 patients fin 2017, 85% de femmes, âge moyen de la chirurgie : 38 ans

Augmentation du délais de conception chez les patient-es obèses (2000 couples recrutés par Internet étude US), l’IMC > 25 est déja impactant, délai moyen 7 mois IMC normal, 11 mois IMC 25-39, 14 mois Imc > 39

A tort les patient-es obèses sont diagnostiqué-es SOPK. SOPK : spaniomenhorrhée, hyper androgénie, aspect échographie multi folliculaire, 8 à 10% de la pop féminine, resistance à l’insuline qui joue sur l’ovulation. Tous les obèses ne sont pas SOPK.

Rôle de la leptine impliqué dans la satiété mais aussi dans les anovulations en cours de recherche.

Les patient-es qui souffrent de SOPK pourraient récupèrer une ovulation spontanée en perdant 10% de leur poids –  il faut faire une évaluation systèmatique du couple réserve ovarienne, spermogramme, hysterosalpingographie.

Si le problème est un problème d’ovulation, on la déclence avec Clomid pour 6 cycles monitorés, il faut augmenter la dose chez les personnes obèses car il y a une résistance connue.

Obésité fertilité en FIV : – d’ovocytes récupérés à la ponction post stimulation mais peut être du à la difficulté de ponction chez patient-es très gros-ses.

La réserve ovarienne diminue avec l’âge mais quand il y a une indication de FIV il faut prendre en charge assez vite sans attendre la perte de poids.

PMA et chirurgie bariatrique : très peu de données, 1 étude, même efficacité avant et après la chirurgie bariatrique, 1 étude montre – de folllicules et – ovocytes chez les personnes opérées.

Attention grossesse avec chirurgie bariatrique : il faut absolument se supplémenter, et cas décrits de bascule de l’anneau gastrique.

Les bébés des personnes opérées n’ont pas plus de malformations que les autres, mais augmentation des risques : petits poids, prématurités, hémorragie sur carence en vitamine K, anémie et anomalie neurologique sur carence B12

Restent flous : le devenir métabolique des enfants nés après chirurgie, si une technique chir est à privilégier pour les personnes en désir de grossesse

La perte de poids même modérée peut restaurer une fertilité SI et SEULEMENT SI c’est uniquement un problème d’ovulation.

L’âge est aussi / plus / iportant que l’IMC en PMA : il ne faut pas retarder la prise en charge et donner des objectifs de perte de poids précis.

Le retard de prise en charge des personnes obèses en PMA est du à plusieurs facteurs mais aussi à une demande de perte de poids non précisée par les médecins ”revenez qd vous aurez minci”.

 

Table ronde : Une femme obèse a-t-elle le droit d’avoir des enfants ?

Modératrice : Mme Sylvie Benkemoun, psychologue clinicienne, Paris
  • Dr Laurence Boujenah, pédiatre, Paris
  • Dr Juliane Berdah, gynécologue, endocrinologue, Paris
  • Dr Cécile Ciangura, médecin endocrinologue, Paris,
  • Dr Véronique Fournier, médecin de santé publique, cardiologue, responsable de l’unité fonctionnelle d’éthique clinique à l’hôpital Cochin

LA question est quel message faire passer aux femmes obèses, premier message : petites pertes de poids intéressantes dans l’ovulation, mais sont peut intéressantes sur les IMC >40.

Une étude Australienne montre que la personne obèse connaît les complications la concernant mais pas les complication sur leurs bébés, et qu’il faut donc les sensibiliser.

La cardiologue dit que l’obésité n’est pas une pathologie mais un facteur de risque, ca lui semble trop médicaliser, à ce moment là, l’âge est aussi une pathologie.

Forte demande des femmes à l’auto conservation ovocytaire, peut être faut il ouvrir le débat pour les femmes obéses ?

La perte de poids n’est pas obligatoire avant la grossesse mais il y a un réel intérêt dans l’obésité massive à limiter strictement la prise de poids pendant la grossesse.

L’obésite n’est pas une identité mais une particularité et il faut que les soignant-es soient formés dans ce sens.

Les personnes qui vont avoir un enfant post chirurgie bariatrique  ont 40% de risques d’être en grave dépression et de vivre très mal post partum.

Grossophobie médicale réelle : une personne de 17 ans a été opérée d’une sleeve-gastrectomie enceinte de 7 mois en déni de grossesse car son équipe médicale ne pensait pas qu’elle pouvait l’être…

Toutes les obésités sont différentes, il est difficile de faire des généralisations

 

Quand grossophobie et transphobie se rencontrent

[Cet article est une traduction d’un article en anglais que nous vous invitons à consulter si vous voulez être plus proches de la signification originale. Sachez que notre équipe de traduction a fait de son mieux pour rester proche des idées du texte original. Bonne lecture !]

The Intersection of Fatmisia and Transmisia” – Quand grossophobie et transphobie se rencontrent

TW: Cet article parle de grossophobie, de transphobie, de suicide, de violence envers les personnes trans et contient des interviews de personnes trans assez tristes et dures qui peuvent vous faire sentir vraiment très mal, prenez bien cela en compte si vous continuez la lecture.

Le body positivisme fait-il assez de place aux personnes grosses et transgenres ? Certain-es pourraient dire que non, tout comme les obstacles spécifiques de la transition dont les personnes grosses et trans sont victimes sont rarement évoqués dans les espaces safes de body positivisme.

Quels sont ces obstacles, comment avons-nous échoué à y répondre et comment le faire dans le futur ?

Johnny nous raconte son expérience avec un chirurgien plastique de Denver au Colorado qui l’a laissé “humilié”. Le traumatisme de s’être vu refuser son opération du buste l’a laissé dissocié et quasiment sans emploi.

Quelques semaines plus tard, un autre médecin donne à Johnny le feu-vert pour la chirurgie. Du coup, quelle était la raison du premier chirurgien d’avoir refusé quelque chose d’aussi vital ?

J’étais en surpoids et j’aurais eu l’air bizarre après l’opération si mon estomac avait été plus gros que ma poitrine”, m’a dit le médecin. Johnny, un homme trans réfléchi qui a la gentillesse de répondre à mes questions continues: “c’était à peine voilé et ça semblait vouloir dire“ vous ne serez pas assez attirant pour que l’on soit fier de vous appeler notre patient”

Les personnes grosses et transgenres font face à des obstacles considérables lorsqu’elles cherchent des transitions médicales, incluant les prises d’hormones et les opérations de réassignation, que ce soit par l’attitude des chirurgiens qui refusent de travailler avec elleux ou par celle des médecins qui ont l’impression qu’ils ne feront pas des hommes et des femmes “acceptables”. Pour ces raisons, les personnes transgenres présentent des troubles alimentaires très élevés, plus encore que chez les femmes-cis-hétéro. Un danger de plus menaçant la vie de ces personnes.

Dans leur essai No Apology: Shared Struggles in Fat and Transgender Law Dylan Vade et Sondra Solovay expliquent comment les personnes grosses et transgenres sont contraint-es par le système légal à assimiler des standards cis-normatifs : “Quand on essaie de passer outre ces barrières en utilisant le système légal, non seulement on attend  des personnes grosses et transgenres qu’iel partagent le but de l’intégration, mais ielles sont également contraint-e-s de renforcer les normes de la grossophobie et transphobie pour sécuriser une base de droit légal dans laquelle se complaisent  leurs paires, les personnes non grosses et non transgenres.

C’est un cercle vicieux : l’oppression nécessite une intervention légale et pourtant la personne doit participer à cette oppression jusqu’à ce qu’elle reçoive une protection légale.” Iels l’expliquent : les affaires gagnantes adoptent généralement une posture légale qui renforce les préjugés sociétaux. Les affaires qui défient les préjugés sociétaux perdent généralement.” Iels illustrent cela avec deux affaires de discrimination grossophobe en Californie, John R. de Berkeley et Toni C. de Santa Cruz.

Tout-e-s les deux réclament une indemnisation pour la discrimination subie par rapport à leur poids sur leur lieu de travail. John R. qui a parlé de son surpoids comme de quelque chose de problématique et qu’il ne peut soigner, a gagné cette affaire. Toni C. qui n’était en rien désolée pour son poids a perdu son affaire.

Toni C. a rejeté le point de vue médical de son surpoids et ces arguments étaient sans complexes aucuns. En refusant de situer le problème sur son propre corps, mais plutôt sur le “fat-hating” de la société, Toni perd son affaire.

Cependant, Solovay et Vade débattent du système légal et non médical, après avoir interviewé plusieurs personnes trans qui ont eu leur opération ou prise d’hormones refusée à cause de leur poids, des similarités surprenantes apparaissent.

Beaucoup voient les personnes trans de tous genres comme des défis au genre binaire. Quand iels sont sans complexes à propos de leur genre et de leur corps, iels sont vu-es comme une menace. Quand iels sont gros-ses, beaucoup de médecins et chirurgiens interprètent leurs genres comme déviant et même iconoclaste, et iels peuvent (et font) demander une perte de poids avant de prescrire des hormones ou d’accorder la chirurgie. Mais avec 90-95% de taux d’échec des régimes et un taux de 40% de tentatives de suicide chez les adultes trans, est-ce que ces attentes de perte de poids ne font pas plus de mal que de bien ?

Beaucoup aimeraient supposer que si les médecins refusent aux personnes trans les opérations et les prises d’hormones à cause de leur poids c’est qu’il doit y avoir une solide raison médicale, mais les interviews que j’ai menées semblent indiquer le contraire. Un-e des répondant-e racontait que son médecin disait de la chanteuse Adèle, qu’elle était trop grosse pour être une “vraie femme”, seulement, si elle s’habillait de manière androgyne, les gens pourraient “penser qu’elle était là pour réparer les routes”. D’autres parlent de tests en clinique pour certifier si leur genre est “vrai” ou non, incluant des questions condescendantes comme l’intérêt des hommes trans pour les magazines de mécanique.

L’hétéronormativité était également abordée via les personnes trans et bisexuelles qui signalent que leurs médecins tentaient d’influencer leur orientation sexuelle contre elles pour les convaincre de ne pas transitionner.

Beaucoup ont entendu un chirurgien leur dire qu’iels auraient besoin de perdre du poids, simplement pour qu’un autre leur dise qu’iels ne devraient pas, renforçant ainsi le mensonge des médecins ne pouvant opérer les personnes grosses.

La plupart signalent peu ou pas du tout de support émotionnel de la part de leur médecin après qu’un obstacle basé sur le poids soit placé devant elleux, beaucoup disant qu’à la place on leur prescrivait des pilules régimes.

Tou-te-s parlent de périodes de grandes détresses, pour la plupart avec des idées suicidaires ou tentatives de suicide à la suite de leur refus.

Erin, de Melbourne en Australie, produit un aperçu d’à quel point la grossophobie peut blesser à vie. Erin, un brillant homme trans dans la trentaine, a commencé à chercher une transition médicale à l’âge 19 ans. Il décrit une clinique dont il craint toujours les représailles et ne peut en révéler le nom. On a questionné son genre à la fois dans son rapport à sa bisexualité et à son handicap. On lui a dit qu’il devrait attendre d’avoir “choisi” sa sexualité pour transitionner ou d’attendre “d’aller mieux” sachant que sa maladie est incurable. On a également dit à Erin qu’il ne pourrait pas continuer le programme et se faire opérer sans avoir perdu du poids.

Lorsque j’ai demandé comment j’étais censé perdre du poids étant donné mon impossibilité de faire de l’exercice dû à mon handicap, on m’a répondu “qu’il y avait des pilules à prendre pour ça” et on m’a envoyé voir un médecin”. Erin a été mis sous phentermin, une amphétamine prescrite pour la perte de poids mais également connue pour sa dangerosité.

Ça m’a causé de la tachycardie, il m’était impossible de dormir, ça m’a rendu nerveux et ça m’a fait me sentir vraiment mal.” Alors il a voulu arrêter de prendre cette drogue, mais on lui a rappelé qu’à moins de perdre du poids il ne pourrait pas continuer le programme. Mais il n’y avait pas d’autre programme existant près de chez lui : “J’avais l’impression de n’avoir aucune autres options, du coup j’ai continué à en prendre pendant quelques mois encore. Je suis tombé plus malade encore. Les battements de mon cœur continuaient d’augmenter, je ne pouvais toujours pas dormir et je commençais à ressentir une terrible anxiété. Et je n’ai d’ailleurs perdu aucun kilos durant cette période.”

Erin raconte les longues périodes durant lesquelles il a fortement pensé au suicide, pendant le programme mais également après l’avoir quitté. Même si depuis il a eu son opération et un médecin trans-friendly grâce à un médecin différent dans une autre ville, Erin dit : “Je me sens comme s’il y avait deux versions de moi. Il y a celle où je suis qui je suis actuellement, et il y a une réalité alternative où on m’a donné accès au traitement approprié lorsque j’en avais besoin et lorsque je le souhaitais. Et j’imagine que cette version de moi est plus heureuse, en meilleure santé et qu’elle est une personne mieux adaptée que je ne le suis.”

Juanita, une femme trans, écrit magnifiquement et de manière poignante son expérience à l’Hôpital Académique Steve Biko avec le jury médical quand est venue la décision de lui donner ou non des hormones:

Le Dr Martin l’a informé que le seul problème était ma pression sanguine, mais j’étais en bonne santé et il a recommandé que je commence le traitement immédiatement. J’étais tellement heureuse d’entendre ces mots, mais le prof Lindique brisa mon excitation. “Je ne suis pas d’accord”. C’était silencieux jusqu’à ce que le prof focalise soudainement sur moi. “Combien pesez-vous ?” Inconfortable je répond. “Vous devez perdre au moins 25 kilos avant que l’on puisse vous opérer.” J’étais assise et déconcertée pendant que j’écoutais le prof Lindique et les médecins du département d’endocrinologie argumenter. “C’est ma décision définitive. Dr Khosa, êtes-vous à l’aise à l’idée d’opérer une patiente obèse.” Le Dr Khosa confirma que j’avais besoin de perdre du poids. Le prof Lindique repris: “Je pense inutile de mettre la patiente sous hormones pour le moment. Pourquoi avons-nous besoin de la mettre sous inhibiteurs quand retirer les testicules serait plus bénéfique et plus économique. Nous pourrons, espérons-le, faire la chirurgie dans 6 mois.” Le Dr Martin a essayé une dernière fois de convaincre le prof Lindique avant que mon destin ne soit scellé. J’ai quitté la pièce, les larmes aux yeux. Au moment où j’ai vu JL, je me suis jetée dans ses bras et j’ai pleuré sans retenue.”

Juanita raconte que ces ami-es cisgenres ne pouvaient pas comprendre la sévérité de la décision, alors que ses ami-es trans comprenaient que cela pouvait vouloir dire vivre de manière dysphorique pendant des années encore sans traitement solide et efficace. Ici on peut voir comment un médecin grossophobe suffit à renverser la transition de Juanita et à la mettre dans un état émotionnel dangereusement fragile. Etant donné la menace à laquelle font face les personnes trans qui ne font pas de “passing”, pas seulement de la part des inconnus violents mais aussi de la part des propriétaires refusant de leur louer, des employeurs refusant de les embaucher, des juges ordonnant contre elleux et de la cruelle et banale violence du mégenrage, le traumatisme de se voir refuser des hormones est évidemment au-delà de la démoralisation, c’est dangereux. Etant donné ces médecins qui la plupart du temps s’appuient largement sur de la science décriée, comme la masse d’indice corporelle, et apportent rarement un soutien pour passer outre ces obstacles, les personnes trans doivent souvent se débrouiller seul-e avec un pronostic injuste. Amy Tysoe raconte que ses médecins lui ont dit que son opération serait suspendue jusqu’à ce que son IMC soit en-dessous de 35, chirurgie en-dessous de 30, et son médecin ne pouvait ou ne voulait même pas faire le calcul inverse pour lui donner un poids cible.

Compte-tenu de ces informations, pourquoi le body-positivisme (Avec mon plus grand respect pour Shay Neary, l’incroyable modèle transgenre plus-size) est-il si massivement cisgenré ?

Dans ses écrits à propos de la biographie d’Oscar Zeta Acosta, Marcia Chamberlain fournit quelques aperçus de comment le mouvement fat positif a déçu les personnes racisées. “Le mouvement, dont il est clair qu’il n’était concerné que par un seul soucis durant les années 1970, demandait implicitement que soit laissé à la porte sa couleur de peau.” Elle continue en ajoutant “Mais le classement des oppressions a créé des situations difficiles pour les personnes comme Acosta dont les stigmates ne pouvaient pas être nettement délimités et jugés sur une échelle de 1 à10. Il est intéressant de noter que si les personnes grosses étaient absentes des positions de leader au sein du mouvement de Chicago, l’opposé était également vrai, la plupart des porte-paroles pour le fat power des années 70 étaient blancs.”

J’aimerai avancer que pendant que les problèmes de race prévalent encore dans la communauté fat positive, nous devons également composer avec des problèmes de genre et de représentations. Comment traitons-nous les personnes trans et grosses parmi nous ? Quand nous parlons de fat-body-positivisme est-ce que nous incluons les besoins des hommes gros et trans, des personnes non binaires et grosses et des femmes trans et grosses ? Est-ce qu’on se concentre sur leurs besoins spécifiques ou est-ce qu’on se concentre sur les besoins qui nous affectent “tou-te-s”.

Shay Neary souligne, concernant un autre point de désaccord pour les femmes grosses et trans, que : “aussi, pourquoi est-ce les femmes trans ont des rdv pour des shooting mais qu’on les met en costumes ? [l’industrie] veut toujours que les femmes trans ait un peu l’air masculines parce que c’est en quelque sorte plus fashion, si tu n’es pas androgyne, si tu es trop féminine ou masculine, ils ne veulent pas te donner de rdv, ils veulent que les gens sachent que tu es trans, comme ça ils peuvent l’inclure dans les sorties de presse etc etc. Ça finit en l’exploitation de mon identité pour que le designer soit bien vu”

Avec cela en tête, comment pouvons-nous appréhender les enjeux de la transidentité de la même manière que le militantisme cis-fat, sans pour autant les exploiter ?

Je crois que le meilleur moyen d’y parvenir est d’élever leurs voix, mais aussi de focaliser, comme les militant-es le font, sur les problèmes qui affectent spécifiquement les personnes grosses trans et seules, comme le refus d’opération dû au poids. Lorsque l’on débat de comment le gros est féminisant sur les hommes, nous devons prendre en compte de comment cela blesse spécifiquement les hommes trans. Quand on débat de comment le gros non-genre les femmes nous devons saisir avec quel réel et sérieux danger cela place les femmes trans face à la violence cis-genre.

Nous devons également comprendre les réalités du gros pour le corps trans en écoutant les personnes trans et grosses.

S. Bear Bergam écrit dans Part-Time Fatso “Ironiquement, c’est mon poids pour lequel je suis parfois le plus reconnaissant, quand je veux que le monde me voit tel un homme. Ma large carrure et la relative facilité avec laquelle je la meut dans ce monde sont transgressives et inhabituelles pour une femme élevée dans cette culture. J’ai une grande foulée, je garde la tête haute. Et ces seuls facteurs suffisent parfois à placer dans la catégorie masculine  l’échelle de perception. Ma circonférence et ma largeur permettent à ma petite poitrine d’être perçue comme des “seins d’homme”, et mon visage de grande envergure Ashkénaze d’avoir l’air autoritaire et masculin plutôt que d’un balabusta avec un rhume de cerveau. [Expression Yiddish signifiant « personne au foyer »] Ma grosse incapacité enfantine à m’asseoir les jambes croisées sur les genoux, et tous les problèmes que ça a causé pendant les années durant lesquelles j’étais encore engoncée dans les robes et des jupes, ont créé – à travers le miracle de la rébellion adolescente – une habitude de m’asseoir avec les jambes croisées, chevilles sur les genoux dans un style traditionnellement masculin, de porteur de pantalon”

Cependant, là où Bergam trouve que son surpoids accentue son genre, beaucoup d’autres, y compris Katelyn Burns, ne le trouve pas. Dans sa magnifique pièce, Burns raconte comment la grossophobie l’a découragée à transitionner. “Les mots de Forest correspondaient à mon dialogue intérieur : Tu es trop grosse, tu es trop grande, tu es trop chauve pour être une femme”. Etant donné la façon dont les personnes trans sont très souvent refusées à l’accès médical transitoire, aucun-e ne peut être surpris-e par la peur de Burn. Quand votre véritable vie dépend de l’approbation des autres vous n’êtes pas laissé-e avec un “choix” mais plutôt devant un insurmontable mur que vous devez escalader ou mourir. Pour beaucoup le mur est simplement trop grand.

En effet, beaucoup de personnes trans expriment un découragement considérable en discutant de leur poids et de la transition médicale. En conséquence, Erica n’a pas cherché à faire son opération parce qu’elle savait qu’on lui demanderait de perdre  90 livres pour ça. Un obstacle qu’elle trouvait ingérable avec sa dépression. “Ce n’est pas vraiment un choix que je peux faire. Sauter un simple repas fait de moi un morceau inutile simplement gisant dans son lit.” Ses sentiments font écho à ceux d’Erin, dont le handicap l’a laissé sans choix, confronté à la phentermine et à une vie de maladie aux effets secondaires et au suicidaire risque de dysphorie.

Peut-on encore appeler cela un choix ?

C’est un sujet qu’en tant que militante cis-grosse j’ai combattu par le passé. Nous devons reconnaître la terrible pression que subissent les personnes trans pour perdre du poids et nous devons soulager cette pression.

Les statistiques montrent que les régimes ne fonctionnent tout simplement pas, et que cette diète décourage les personnes faisant un régime,  les rendant plus susceptibles de reprendre du poids. Il n’y a rien de mal à être gros-se mais il y a définitivement quelque chose de terrifiant à être dysphorique et sous-traité-e à cause de son corps.

Les personnes grosses et trans peuvent chercher un recours légal, malheureusement difficile à trouver, à travers l’American Disabilties Act.

Dans le sixième circuit [une des 13 cours d’appel des USA] il a été décidé que les personnes grosses ne pouvaient être qualifiées comme handicapées sans avoir pu prouver qu’un handicap sous-jacent était la cause de ce surpoids.

En d’autres termes, qu’importe à quel point vous êtes gros-se, ou si ce surpoids impacte votre mobilité, dans le sixième circuit, si vous ne pouvez pas prouver d’où vient votre surpoids, vous n’êtes pas handicapé-e. Sous cet angle, en mettant de côté la maltraitance des personnes grosses et handicapées, cela ferme l’un des rares chemins possibles au recours légal.

Le fat-positivisme et le body-positivisme sont à un croisement où ils feraient bien de décider s’ils continuent d’être cis blanc et validistes, ou s’ils embrassent la libération pour tous. Qui allons-nous entendre dans ces cercles de fat-positivisme ? Quelles voix vont s’élever ? Et pourquoi ?

C’est pourquoi nous devons continuer à rendre nos espaces plus inclusifs, nous devons nous rappeler les raisons pour lesquelles nous faisons cela. Pas pour avoir des cookies. Pas pour être félicité-es pour daigner inclure des personnes grosses et trans, des personnes handicapées et des personnes de couleur. Plutôt parce que nous sommes tous et toutes prisonniers/ères d’une machine précaire qui vole nos valeurs d’origine et nous segmente en hiérarchies des corps, et jusqu’à ce qu chacun-e soit libre, jusqu’à ce que la/le plus marginale d’entre nous soit libre, aucun-e de nous ne sera libre.

Normalement je mets ici mon pot à pourboires mais si cet article vous a plu, je vous suggère de donner à l’une de ces personnes sur twitter #TransCrowdFund ou de faire un don à The Trans Lifeline.

Merci à Val’ pour cette traduction

Crédit Illustration Tumblr Lethevivus

 

Anonyme, 37 ans

J’ai six ans. J’ai toujours été petite et mince, légèrement potelée au niveau des joues. Mais là, je grossis. Le stress, à cause de mon père, dit ma mère, il est fort absent. Ma famille, aussi longtemps que remontent les photos, c’est à dire dans les années 1800, elle est composée de gens “gros”, “obèses”, “en surpoids”, du côté de papa comme du côté de maman. Les minces sont rares. Maman, elle, elle est très ronde. Plus de 110 kilos. Elle en a souffert, on dirait.

J’ai sept ans. J’ai grandi, j’ai grossi. J’ai aussi une maladie qui détruit ma colonne vertébrale mais tout le monde se fiche de mes plaintes. En gym, j’ai du mal. Je ne sais pas monter sur le cheval d’arçon. Je n’ai pas de force dans les bras; Je ne sais pas courir vite. La prof me hait, je le vois sur son visage. Je lui suis antipathique. Je ne sais pas comment exprimer cette haine qu’elle me voue à mes parents mais à force de m’en plaindre, ils vont la voir. Elle leur dit ceci, en parlant de moi : “elle ne sait rien faire”. Ma mère décide de réagir : être désagréable et menaçante avec ladite prof, mais aussi et surtout me mettre au régime.

J’ai huit ans, c’est l’été, ma mère me met au régime “pour impressionner la prof à la rentrée”. On va voir une diététicienne. Elle dit que je ne serai jamais mince, ma mère est énervée alors elle m’emmène dans une clinique spécialisée à la capitale, pour les enfants obèses. On m’y pèse, on me mesure, on m’analyse psychologiquement alors que j’ai rien demandé. On parle de moi comme si j’étais pas dans la pièce. Ma mère prend mal le fait que je veuille rencontrer la psychologue toute seule. Je ne veux pas qu’elle parle à ma place. Elle me le reprochera par la suite. On nous file un programme de régime dissocié, à la mode à l’époque. Tout le monde à la maison s’y met, de la grand-mère de 66 ans qui n’a pas besoin de ça à moi, huit ans, en pleine croissance. A la rentrée, ma mère achète des boîtes oranges d’une célèbre marque de vente pyramidale. On y met des haricots trop vinaigrés, des oeufs durs, du jambon, des légumes verts… Et ça me lasse au bout de quelques jours. Mais j’ai pas le droit, car il faut que je sois mince “pour trouver un mari plus tard”. N’empêche, la prof qui me haïssait est partie. J’ai plus de prof de gym tortionnaire, youpie, mais je suis toujours au régime. J’en bouffe, du fromage blanc, des légumes sans goûts, de la viande bouillie. Ca me dégoûte, rien n’a de goût, tout sent mauvais. Au bout d’un temps, je pète des durites, j’ai des envies de violence. Je n’en peux plus de subir ça. On arrête le régime. J’ai perdu quelques kilos et je les reprends.

Diététicien sur diététicien. A 13 ans, je fais 70 kilos. Un médecin me dit que je dois choisir entre étudier et être mince et belle, car j’étudie trop, selon lui et ne me concentre pas assez sur ma perte de poids. Sois belle et tais-toi. L’infirmière de l’école me demande si je suis complexée car je ne veux pas me peser devant les autres filles. Je ne suis pas complexée, je suis insultée, je suis harcelée. “Bouboule”, “la grosse”, “gros tas”, “tas de graisse”, “grosse merde”, j’en passe et des meilleures. Je ne suis pourtant pas une mauvaise personne, mais je suis une “grosse merde”. Je n’ai pas encore de personnalité propre, maman me bride beaucoup. Je n’ai pas le droit de choisir mes vêtements, elle m’affuble de vêtements qui ne me vont pas. Je suis en jupe avec des collants tout le temps, je me sens mal à l’aise dans des pulls qui grattent. Mon corps me déplaît, il change, j’ai mes règles depuis deux ans, j’ai des seins qui tombent déjà. Je me dégoûte. J’aimerais être belle, je fantasme d’être sexy et attirante mais que suis-je ? On ne me renvoie que ça. Une insulte particulière est lancée, fait le tour du lycée. Jusque mes 18 ans, on m’appellera comme ça. Je n’ai même pas envie de l’écrire car cette chose, ce n’est pas moi. C’est ce qu’on projette sur moi. A la maison, rien ne va. Mon père est alcoolique, violent, dominateur. Je n’ai aucun soutien. On me dit toujours de faire des efforts. Je n’en peux plus et j’étouffe. Je vis un enfer familial et à l’école, je n’ai que quelques amis et encore, le sont-ils réellement ? Ma vie sociale en dehors est nulle car ma mère m’isole.

J’ai 19 ans, je quitte la maison. Je perds du poids, je faisais dans les 90 kgs, je n’en fais plus que 80. Ma mère se lance dans un régime hyperotéiné, elle m’invite à la suivre. Je le fais car j’ai peur, je me dis que je trouverai plus facilement un mec comme ça et que je serai mieux dans mes fringues. Je perds 20 kgs en quinze jours. Je suis blanche comme un linge, je faillis perdre connaissance. J’arrête. Je prends 40 kilos. Je recommence, je reperds, je reprends.
Jusque mes 27 ans, malgré ma vie amoureuse épanouie, je ne fais que perdre, reprendre, perdre, reprendre, régime sur régime jusqu’à en devenir anorexique. Ma grand-mère l’est devenue. A sa mort, elle pesait 34 kilos. Elle vomissait dans son assiette en tentant de se forcer à manger. Désolée du détail, c’est une réalité de l’anorexie chez les personnes âgées.

A 27 ans, je décide d’arrêter les régimes. Je lis du Zermati, je me renseigne sur les autres moyens de me nourrir plus intuitivement. Je bois trop de soda sucré, je commence à avoir un taux de sucre qui grimpe. Par contre, je commence à maigrir. Je reçois toujours des injonctions du corps médical m’invitant à maigrir “pour avoir plus de chances d’enfanter” (je suis hyper fertile et je ne veux pas d’enfant), on panique quand on me voit et m’invite à faire du vélo d’appartement (“si non vos genoux vont payer”). J’ai toujours cette foutue maladie au dos et une maladie chronique invalidante liée aux maltraitances familiales. J’ai mal partout, tout le temps. Mais on me demande de faire du sport à grosse dose, une heure trente de vélo au petit matin alors que j’ai déjà du mal à me lever et à m’habiller. Je fais 105 kilos. Je ne me sens pas mal avec moi-même. Pendant tout un temps, j’avais peur de sortir de chez moi mais j’ai gagné en assurance. Je sors, je me maquille, je m’habille, je suis une femme comme une autre, je gère ma vie sans me préoccuper de mes kilos. Les seuls à me les rappeler sont les médecins de toute manière. Je commence à éviter de me soigner chez des sales cons. Je trouve des médecins compétents.

Depuis dix ans, j’ai perdu du poids de façon régulière d’abord en consommant la nourriture de façon instinctive en fonction de mes goûts. On ne parle pas de gâteaux aux chocolats, de biscuits, de gras. Je parle de manger ce que j’ai envie de manger. On s’imagine toujours que le “gros” ne fait “que manger” et qu’il mange “mal”. En fait, le “gros” est en hyper contrôle de son alimentation, généralement. C’est tout le contraire. Pour être “gros”, il faut de la volonté…
Et pourtant, on m’a toujours dit que je n’en avais pas, ce qui avait un impact énorme sur mon estime de moi. J’en suis maintenant à 105 kilos, je perds des tailles de vêtements tous les ans. Je flotte dans mes jeans et dans mes manteaux. Mon poids est le cadet de mes soucis. Je fais du sport quand je le veux et ce que je veux. Je mange ce qui me plaît tout en faisant attention aux glucides car je sais que ma famille y est sensible et que j’ai de mauvais gènes. J’utilise des recettes qui me permettent de remplacer blé, pâtes, pommes de terre par des choses plus adaptées à mon organisme. Par exemple, la poudre d’amande, la farine de coco, la stevia. Et je me sens bien comme ça.

Je ne me sens pas de donner des leçons aux autres sur comment ils doivent gérer leur poids. Perdre du poids n’est pas facile et le doit-on, d’abord ? Je continue de croire qu’avant, être “gros” n’était pas si “anormal” qu’aujourd’hui et que la perte de poids est un marché. Les médecins ont fait du mal à mon corps. La diététique aussi. Je suis enragée contre ces gens qui font du commerce avec tout cela. J’ai pris des médicaments qui ne m’ont pas fait maigrir, j’ai essayé trente-six régimes qui m’ont fait enfler au détriment de ma santé tout en étant culpabilisée par les médecins.

Alors, sérieusement, les pros du poids qui n’y comprennent rien, je les envoie valser. Soyons responsables de notre santé et choisissons ce qui est bon pour nous sans influence de normatifs qui ne savent que faire la morale aux gens dont ils ne comprennent rien de la réalité.
Si un médecin pouvait lire ceci et en profiter pour y réfléchir, ça me ferait du bien.

Anonyme, 37 ans

J’ai six ans. J’ai toujours été petite et mince, légèrement potelée au niveau des joues. Mais là, je grossis. Le stress, à cause de mon père, dit ma mère, il est fort absent. Ma famille, aussi longtemps que remontent les photos, c’est à dire dans les années 1800, elle est composée de gens “gros”, “obèses”, “en surpoids”, du côté de papa comme du côté de maman. Les minces sont rares. Maman, elle, elle est très ronde. Plus de 110 kilos. Elle en a souffert, on dirait.

J’ai sept ans. J’ai grandi, j’ai grossi. J’ai aussi une maladie qui détruit ma colonne vertébrale mais tout le monde se fiche de mes plaintes. En gym, j’ai du mal. Je ne sais pas monter sur le cheval d’arçon. Je n’ai pas de force dans les bras; Je ne sais pas courir vite. La prof me hait, je le vois sur son visage. Je lui suis antipathique. Je ne sais pas comment exprimer cette haine qu’elle me voue à mes parents mais à force de m’en plaindre, ils vont la voir. Elle leur dit ceci, en parlant de moi : “elle ne sait rien faire”. Ma mère décide de réagir : être désagréable et menaçante avec ladite prof, mais aussi et surtout me mettre au régime.

J’ai huit ans, c’est l’été, ma mère me met au régime “pour impressionner la prof à la rentrée”. On va voir une diététicienne. Elle dit que je ne serai jamais mince, ma mère est énervée alors elle m’emmène dans une clinique spécialisée à la capitale, pour les enfants obèses. On m’y pèse, on me mesure, on m’analyse psychologiquement alors que j’ai rien demandé. On parle de moi comme si j’étais pas dans la pièce. Ma mère prend mal le fait que je veuille rencontrer la psychologue toute seule. Je ne veux pas qu’elle parle à ma place. Elle me le reprochera par la suite. On nous file un programme de régime dissocié, à la mode à l’époque. Tout le monde à la maison s’y met, de la grand-mère de 66 ans qui n’a pas besoin de ça à moi, huit ans, en pleine croissance. A la rentrée, ma mère achète des boîtes oranges d’une célèbre marque de vente pyramidale. On y met des haricots trop vinaigrés, des oeufs durs, du jambon, des légumes verts… Et ça me lasse au bout de quelques jours. Mais j’ai pas le droit, car il faut que je sois mince “pour trouver un mari plus tard”. N’empêche, la prof qui me haïssait est partie. J’ai plus de prof de gym tortionnaire, youpie, mais je suis toujours au régime. J’en bouffe, du fromage blanc, des légumes sans goûts, de la viande bouillie. Ca me dégoûte, rien n’a de goût, tout sent mauvais. Au bout d’un temps, je pète des durites, j’ai des envies de violence. Je n’en peux plus de subir ça. On arrête le régime. J’ai perdu quelques kilos et je les reprends.

Diététicien sur diététicien. A 13 ans, je fais 70 kilos. Un médecin me dit que je dois choisir entre étudier et être mince et belle, car j’étudie trop, selon lui et ne me concentre pas assez sur ma perte de poids. Sois belle et tais-toi. L’infirmière de l’école me demande si je suis complexée car je ne veux pas me peser devant les autres filles. Je ne suis pas complexée, je suis insultée, je suis harcelée. “Bouboule”, “la grosse”, “gros tas”, “tas de graisse”, “grosse merde”, j’en passe et des meilleures. Je ne suis pourtant pas une mauvaise personne, mais je suis une “grosse merde”. Je n’ai pas encore de personnalité propre, maman me bride beaucoup. Je n’ai pas le droit de choisir mes vêtements, elle m’affuble de vêtements qui ne me vont pas. Je suis en jupe avec des collants tout le temps, je me sens mal à l’aise dans des pulls qui grattent. Mon corps me déplaît, il change, j’ai mes règles depuis deux ans, j’ai des seins qui tombent déjà. Je me dégoûte. J’aimerais être belle, je fantasme d’être sexy et attirante mais que suis-je ? On ne me renvoie que ça. Une insulte particulière est lancée, fait le tour du lycée. Jusque mes 18 ans, on m’appellera comme ça. Je n’ai même pas envie de l’écrire car cette chose, ce n’est pas moi. C’est ce qu’on projette sur moi. A la maison, rien ne va. Mon père est alcoolique, violent, dominateur. Je n’ai aucun soutien. On me dit toujours de faire des efforts. Je n’en peux plus et j’étouffe. Je vis un enfer familial et à l’école, je n’ai que quelques amis et encore, le sont-ils réellement ? Ma vie sociale en dehors est nulle car ma mère m’isole.

J’ai 19 ans, je quitte la maison. Je perds du poids, je faisais dans les 90 kgs, je n’en fais plus que 80. Ma mère se lance dans un régime hyperotéiné, elle m’invite à la suivre. Je le fais car j’ai peur, je me dis que je trouverai plus facilement un mec comme ça et que je serai mieux dans mes fringues. Je perds 20 kgs en quinze jours. Je suis blanche comme un linge, je faillis perdre connaissance. J’arrête. Je prends 40 kilos. Je recommence, je reperds, je reprends.
Jusque mes 27 ans, malgré ma vie amoureuse épanouie, je ne fais que perdre, reprendre, perdre, reprendre, régime sur régime jusqu’à en devenir anorexique. Ma grand-mère l’est devenue. A sa mort, elle pesait 34 kilos. Elle vomissait dans son assiette en tentant de se forcer à manger. Désolée du détail, c’est une réalité de l’anorexie chez les personnes âgées.

A 27 ans, je décide d’arrêter les régimes. Je lis du Zermati, je me renseigne sur les autres moyens de me nourrir plus intuitivement. Je bois trop de soda sucré, je commence à avoir un taux de sucre qui grimpe. Par contre, je commence à maigrir. Je reçois toujours des injonctions du corps médical m’invitant à maigrir “pour avoir plus de chances d’enfanter” (je suis hyper fertile et je ne veux pas d’enfant), on panique quand on me voit et m’invite à faire du vélo d’appartement (“si non vos genoux vont payer”). J’ai toujours cette foutue maladie au dos et une maladie chronique invalidante liée aux maltraitances familiales. J’ai mal partout, tout le temps. Mais on me demande de faire du sport à grosse dose, une heure trente de vélo au petit matin alors que j’ai déjà du mal à me lever et à m’habiller. Je fais 105 kilos. Je ne me sens pas mal avec moi-même. Pendant tout un temps, j’avais peur de sortir de chez moi mais j’ai gagné en assurance. Je sors, je me maquille, je m’habille, je suis une femme comme une autre, je gère ma vie sans me préoccuper de mes kilos. Les seuls à me les rappeler sont les médecins de toute manière. Je commence à éviter de me soigner chez des sales cons. Je trouve des médecins compétents.

Depuis dix ans, j’ai perdu du poids de façon régulière d’abord en consommant la nourriture de façon instinctive en fonction de mes goûts. On ne parle pas de gâteaux aux chocolats, de biscuits, de gras. Je parle de manger ce que j’ai envie de manger. On s’imagine toujours que le “gros” ne fait “que manger” et qu’il mange “mal”. En fait, le “gros” est en hyper contrôle de son alimentation, généralement. C’est tout le contraire. Pour être “gros”, il faut de la volonté…
Et pourtant, on m’a toujours dit que je n’en avais pas, ce qui avait un impact énorme sur mon estime de moi. J’en suis maintenant à 105 kilos, je perds des tailles de vêtements tous les ans. Je flotte dans mes jeans et dans mes manteaux. Mon poids est le cadet de mes soucis. Je fais du sport quand je le veux et ce que je veux. Je mange ce qui me plaît tout en faisant attention aux glucides car je sais que ma famille y est sensible et que j’ai de mauvais gènes. J’utilise des recettes qui me permettent de remplacer blé, pâtes, pommes de terre par des choses plus adaptées à mon organisme. Par exemple, la poudre d’amande, la farine de coco, la stevia. Et je me sens bien comme ça.

Je ne me sens pas de donner des leçons aux autres sur comment ils doivent gérer leur poids. Perdre du poids n’est pas facile et le doit-on, d’abord ? Je continue de croire qu’avant, être “gros” n’était pas si “anormal” qu’aujourd’hui et que la perte de poids est un marché. Les médecins ont fait du mal à mon corps. La diététique aussi. Je suis enragée contre ces gens qui font du commerce avec tout cela. J’ai pris des médicaments qui ne m’ont pas fait maigrir, j’ai essayé trente-six régimes qui m’ont fait enfler au détriment de ma santé tout en étant culpabilisée par les médecins.

Alors, sérieusement, les pros du poids qui n’y comprennent rien, je les envoie valser. Soyons responsables de notre santé et choisissons ce qui est bon pour nous sans influence de normatifs qui ne savent que faire la morale aux gens dont ils ne comprennent rien de la réalité.
Si un médecin pouvait lire ceci et en profiter pour y réfléchir, ça me ferait du bien.