Quand grossophobie et transphobie se rencontrent

[Cet article est une traduction d’un article en anglais que nous vous invitons à consulter si vous voulez être plus proches de la signification originale. Sachez que notre équipe de traduction a fait de son mieux pour rester proche des idées du texte original. Bonne lecture !]

The Intersection of Fatmisia and Transmisia” – Quand grossophobie et transphobie se rencontrent

TW: Cet article parle de grossophobie, de transphobie, de suicide, de violence envers les personnes trans et contient des interviews de personnes trans assez tristes et dures qui peuvent vous faire sentir vraiment très mal, prenez bien cela en compte si vous continuez la lecture.

Le body positivisme fait-il assez de place aux personnes grosses et transgenres ? Certain-es pourraient dire que non, tout comme les obstacles spécifiques de la transition dont les personnes grosses et trans sont victimes sont rarement évoqués dans les espaces safes de body positivisme.

Quels sont ces obstacles, comment avons-nous échoué à y répondre et comment le faire dans le futur ?

Johnny nous raconte son expérience avec un chirurgien plastique de Denver au Colorado qui l’a laissé “humilié”. Le traumatisme de s’être vu refuser son opération du buste l’a laissé dissocié et quasiment sans emploi.

Quelques semaines plus tard, un autre médecin donne à Johnny le feu-vert pour la chirurgie. Du coup, quelle était la raison du premier chirurgien d’avoir refusé quelque chose d’aussi vital ?

J’étais en surpoids et j’aurais eu l’air bizarre après l’opération si mon estomac avait été plus gros que ma poitrine”, m’a dit le médecin. Johnny, un homme trans réfléchi qui a la gentillesse de répondre à mes questions continues: “c’était à peine voilé et ça semblait vouloir dire“ vous ne serez pas assez attirant pour que l’on soit fier de vous appeler notre patient”

Les personnes grosses et transgenres font face à des obstacles considérables lorsqu’elles cherchent des transitions médicales, incluant les prises d’hormones et les opérations de réassignation, que ce soit par l’attitude des chirurgiens qui refusent de travailler avec elleux ou par celle des médecins qui ont l’impression qu’ils ne feront pas des hommes et des femmes “acceptables”. Pour ces raisons, les personnes transgenres présentent des troubles alimentaires très élevés, plus encore que chez les femmes-cis-hétéro. Un danger de plus menaçant la vie de ces personnes.

Dans leur essai No Apology: Shared Struggles in Fat and Transgender Law Dylan Vade et Sondra Solovay expliquent comment les personnes grosses et transgenres sont contraint-es par le système légal à assimiler des standards cis-normatifs : “Quand on essaie de passer outre ces barrières en utilisant le système légal, non seulement on attend  des personnes grosses et transgenres qu’iel partagent le but de l’intégration, mais ielles sont également contraint-e-s de renforcer les normes de la grossophobie et transphobie pour sécuriser une base de droit légal dans laquelle se complaisent  leurs paires, les personnes non grosses et non transgenres.

C’est un cercle vicieux : l’oppression nécessite une intervention légale et pourtant la personne doit participer à cette oppression jusqu’à ce qu’elle reçoive une protection légale.” Iels l’expliquent : les affaires gagnantes adoptent généralement une posture légale qui renforce les préjugés sociétaux. Les affaires qui défient les préjugés sociétaux perdent généralement.” Iels illustrent cela avec deux affaires de discrimination grossophobe en Californie, John R. de Berkeley et Toni C. de Santa Cruz.

Tout-e-s les deux réclament une indemnisation pour la discrimination subie par rapport à leur poids sur leur lieu de travail. John R. qui a parlé de son surpoids comme de quelque chose de problématique et qu’il ne peut soigner, a gagné cette affaire. Toni C. qui n’était en rien désolée pour son poids a perdu son affaire.

Toni C. a rejeté le point de vue médical de son surpoids et ces arguments étaient sans complexes aucuns. En refusant de situer le problème sur son propre corps, mais plutôt sur le “fat-hating” de la société, Toni perd son affaire.

Cependant, Solovay et Vade débattent du système légal et non médical, après avoir interviewé plusieurs personnes trans qui ont eu leur opération ou prise d’hormones refusée à cause de leur poids, des similarités surprenantes apparaissent.

Beaucoup voient les personnes trans de tous genres comme des défis au genre binaire. Quand iels sont sans complexes à propos de leur genre et de leur corps, iels sont vu-es comme une menace. Quand iels sont gros-ses, beaucoup de médecins et chirurgiens interprètent leurs genres comme déviant et même iconoclaste, et iels peuvent (et font) demander une perte de poids avant de prescrire des hormones ou d’accorder la chirurgie. Mais avec 90-95% de taux d’échec des régimes et un taux de 40% de tentatives de suicide chez les adultes trans, est-ce que ces attentes de perte de poids ne font pas plus de mal que de bien ?

Beaucoup aimeraient supposer que si les médecins refusent aux personnes trans les opérations et les prises d’hormones à cause de leur poids c’est qu’il doit y avoir une solide raison médicale, mais les interviews que j’ai menées semblent indiquer le contraire. Un-e des répondant-e racontait que son médecin disait de la chanteuse Adèle, qu’elle était trop grosse pour être une “vraie femme”, seulement, si elle s’habillait de manière androgyne, les gens pourraient “penser qu’elle était là pour réparer les routes”. D’autres parlent de tests en clinique pour certifier si leur genre est “vrai” ou non, incluant des questions condescendantes comme l’intérêt des hommes trans pour les magazines de mécanique.

L’hétéronormativité était également abordée via les personnes trans et bisexuelles qui signalent que leurs médecins tentaient d’influencer leur orientation sexuelle contre elles pour les convaincre de ne pas transitionner.

Beaucoup ont entendu un chirurgien leur dire qu’iels auraient besoin de perdre du poids, simplement pour qu’un autre leur dise qu’iels ne devraient pas, renforçant ainsi le mensonge des médecins ne pouvant opérer les personnes grosses.

La plupart signalent peu ou pas du tout de support émotionnel de la part de leur médecin après qu’un obstacle basé sur le poids soit placé devant elleux, beaucoup disant qu’à la place on leur prescrivait des pilules régimes.

Tou-te-s parlent de périodes de grandes détresses, pour la plupart avec des idées suicidaires ou tentatives de suicide à la suite de leur refus.

Erin, de Melbourne en Australie, produit un aperçu d’à quel point la grossophobie peut blesser à vie. Erin, un brillant homme trans dans la trentaine, a commencé à chercher une transition médicale à l’âge 19 ans. Il décrit une clinique dont il craint toujours les représailles et ne peut en révéler le nom. On a questionné son genre à la fois dans son rapport à sa bisexualité et à son handicap. On lui a dit qu’il devrait attendre d’avoir “choisi” sa sexualité pour transitionner ou d’attendre “d’aller mieux” sachant que sa maladie est incurable. On a également dit à Erin qu’il ne pourrait pas continuer le programme et se faire opérer sans avoir perdu du poids.

Lorsque j’ai demandé comment j’étais censé perdre du poids étant donné mon impossibilité de faire de l’exercice dû à mon handicap, on m’a répondu “qu’il y avait des pilules à prendre pour ça” et on m’a envoyé voir un médecin”. Erin a été mis sous phentermin, une amphétamine prescrite pour la perte de poids mais également connue pour sa dangerosité.

Ça m’a causé de la tachycardie, il m’était impossible de dormir, ça m’a rendu nerveux et ça m’a fait me sentir vraiment mal.” Alors il a voulu arrêter de prendre cette drogue, mais on lui a rappelé qu’à moins de perdre du poids il ne pourrait pas continuer le programme. Mais il n’y avait pas d’autre programme existant près de chez lui : “J’avais l’impression de n’avoir aucune autres options, du coup j’ai continué à en prendre pendant quelques mois encore. Je suis tombé plus malade encore. Les battements de mon cœur continuaient d’augmenter, je ne pouvais toujours pas dormir et je commençais à ressentir une terrible anxiété. Et je n’ai d’ailleurs perdu aucun kilos durant cette période.”

Erin raconte les longues périodes durant lesquelles il a fortement pensé au suicide, pendant le programme mais également après l’avoir quitté. Même si depuis il a eu son opération et un médecin trans-friendly grâce à un médecin différent dans une autre ville, Erin dit : “Je me sens comme s’il y avait deux versions de moi. Il y a celle où je suis qui je suis actuellement, et il y a une réalité alternative où on m’a donné accès au traitement approprié lorsque j’en avais besoin et lorsque je le souhaitais. Et j’imagine que cette version de moi est plus heureuse, en meilleure santé et qu’elle est une personne mieux adaptée que je ne le suis.”

Juanita, une femme trans, écrit magnifiquement et de manière poignante son expérience à l’Hôpital Académique Steve Biko avec le jury médical quand est venue la décision de lui donner ou non des hormones:

Le Dr Martin l’a informé que le seul problème était ma pression sanguine, mais j’étais en bonne santé et il a recommandé que je commence le traitement immédiatement. J’étais tellement heureuse d’entendre ces mots, mais le prof Lindique brisa mon excitation. “Je ne suis pas d’accord”. C’était silencieux jusqu’à ce que le prof focalise soudainement sur moi. “Combien pesez-vous ?” Inconfortable je répond. “Vous devez perdre au moins 25 kilos avant que l’on puisse vous opérer.” J’étais assise et déconcertée pendant que j’écoutais le prof Lindique et les médecins du département d’endocrinologie argumenter. “C’est ma décision définitive. Dr Khosa, êtes-vous à l’aise à l’idée d’opérer une patiente obèse.” Le Dr Khosa confirma que j’avais besoin de perdre du poids. Le prof Lindique repris: “Je pense inutile de mettre la patiente sous hormones pour le moment. Pourquoi avons-nous besoin de la mettre sous inhibiteurs quand retirer les testicules serait plus bénéfique et plus économique. Nous pourrons, espérons-le, faire la chirurgie dans 6 mois.” Le Dr Martin a essayé une dernière fois de convaincre le prof Lindique avant que mon destin ne soit scellé. J’ai quitté la pièce, les larmes aux yeux. Au moment où j’ai vu JL, je me suis jetée dans ses bras et j’ai pleuré sans retenue.”

Juanita raconte que ces ami-es cisgenres ne pouvaient pas comprendre la sévérité de la décision, alors que ses ami-es trans comprenaient que cela pouvait vouloir dire vivre de manière dysphorique pendant des années encore sans traitement solide et efficace. Ici on peut voir comment un médecin grossophobe suffit à renverser la transition de Juanita et à la mettre dans un état émotionnel dangereusement fragile. Etant donné la menace à laquelle font face les personnes trans qui ne font pas de “passing”, pas seulement de la part des inconnus violents mais aussi de la part des propriétaires refusant de leur louer, des employeurs refusant de les embaucher, des juges ordonnant contre elleux et de la cruelle et banale violence du mégenrage, le traumatisme de se voir refuser des hormones est évidemment au-delà de la démoralisation, c’est dangereux. Etant donné ces médecins qui la plupart du temps s’appuient largement sur de la science décriée, comme la masse d’indice corporelle, et apportent rarement un soutien pour passer outre ces obstacles, les personnes trans doivent souvent se débrouiller seul-e avec un pronostic injuste. Amy Tysoe raconte que ses médecins lui ont dit que son opération serait suspendue jusqu’à ce que son IMC soit en-dessous de 35, chirurgie en-dessous de 30, et son médecin ne pouvait ou ne voulait même pas faire le calcul inverse pour lui donner un poids cible.

Compte-tenu de ces informations, pourquoi le body-positivisme (Avec mon plus grand respect pour Shay Neary, l’incroyable modèle transgenre plus-size) est-il si massivement cisgenré ?

Dans ses écrits à propos de la biographie d’Oscar Zeta Acosta, Marcia Chamberlain fournit quelques aperçus de comment le mouvement fat positif a déçu les personnes racisées. “Le mouvement, dont il est clair qu’il n’était concerné que par un seul soucis durant les années 1970, demandait implicitement que soit laissé à la porte sa couleur de peau.” Elle continue en ajoutant “Mais le classement des oppressions a créé des situations difficiles pour les personnes comme Acosta dont les stigmates ne pouvaient pas être nettement délimités et jugés sur une échelle de 1 à10. Il est intéressant de noter que si les personnes grosses étaient absentes des positions de leader au sein du mouvement de Chicago, l’opposé était également vrai, la plupart des porte-paroles pour le fat power des années 70 étaient blancs.”

J’aimerai avancer que pendant que les problèmes de race prévalent encore dans la communauté fat positive, nous devons également composer avec des problèmes de genre et de représentations. Comment traitons-nous les personnes trans et grosses parmi nous ? Quand nous parlons de fat-body-positivisme est-ce que nous incluons les besoins des hommes gros et trans, des personnes non binaires et grosses et des femmes trans et grosses ? Est-ce qu’on se concentre sur leurs besoins spécifiques ou est-ce qu’on se concentre sur les besoins qui nous affectent “tou-te-s”.

Shay Neary souligne, concernant un autre point de désaccord pour les femmes grosses et trans, que : “aussi, pourquoi est-ce les femmes trans ont des rdv pour des shooting mais qu’on les met en costumes ? [l’industrie] veut toujours que les femmes trans ait un peu l’air masculines parce que c’est en quelque sorte plus fashion, si tu n’es pas androgyne, si tu es trop féminine ou masculine, ils ne veulent pas te donner de rdv, ils veulent que les gens sachent que tu es trans, comme ça ils peuvent l’inclure dans les sorties de presse etc etc. Ça finit en l’exploitation de mon identité pour que le designer soit bien vu”

Avec cela en tête, comment pouvons-nous appréhender les enjeux de la transidentité de la même manière que le militantisme cis-fat, sans pour autant les exploiter ?

Je crois que le meilleur moyen d’y parvenir est d’élever leurs voix, mais aussi de focaliser, comme les militant-es le font, sur les problèmes qui affectent spécifiquement les personnes grosses trans et seules, comme le refus d’opération dû au poids. Lorsque l’on débat de comment le gros est féminisant sur les hommes, nous devons prendre en compte de comment cela blesse spécifiquement les hommes trans. Quand on débat de comment le gros non-genre les femmes nous devons saisir avec quel réel et sérieux danger cela place les femmes trans face à la violence cis-genre.

Nous devons également comprendre les réalités du gros pour le corps trans en écoutant les personnes trans et grosses.

S. Bear Bergam écrit dans Part-Time Fatso “Ironiquement, c’est mon poids pour lequel je suis parfois le plus reconnaissant, quand je veux que le monde me voit tel un homme. Ma large carrure et la relative facilité avec laquelle je la meut dans ce monde sont transgressives et inhabituelles pour une femme élevée dans cette culture. J’ai une grande foulée, je garde la tête haute. Et ces seuls facteurs suffisent parfois à placer dans la catégorie masculine  l’échelle de perception. Ma circonférence et ma largeur permettent à ma petite poitrine d’être perçue comme des “seins d’homme”, et mon visage de grande envergure Ashkénaze d’avoir l’air autoritaire et masculin plutôt que d’un balabusta avec un rhume de cerveau. [Expression Yiddish signifiant « personne au foyer »] Ma grosse incapacité enfantine à m’asseoir les jambes croisées sur les genoux, et tous les problèmes que ça a causé pendant les années durant lesquelles j’étais encore engoncée dans les robes et des jupes, ont créé – à travers le miracle de la rébellion adolescente – une habitude de m’asseoir avec les jambes croisées, chevilles sur les genoux dans un style traditionnellement masculin, de porteur de pantalon”

Cependant, là où Bergam trouve que son surpoids accentue son genre, beaucoup d’autres, y compris Katelyn Burns, ne le trouve pas. Dans sa magnifique pièce, Burns raconte comment la grossophobie l’a découragée à transitionner. “Les mots de Forest correspondaient à mon dialogue intérieur : Tu es trop grosse, tu es trop grande, tu es trop chauve pour être une femme”. Etant donné la façon dont les personnes trans sont très souvent refusées à l’accès médical transitoire, aucun-e ne peut être surpris-e par la peur de Burn. Quand votre véritable vie dépend de l’approbation des autres vous n’êtes pas laissé-e avec un “choix” mais plutôt devant un insurmontable mur que vous devez escalader ou mourir. Pour beaucoup le mur est simplement trop grand.

En effet, beaucoup de personnes trans expriment un découragement considérable en discutant de leur poids et de la transition médicale. En conséquence, Erica n’a pas cherché à faire son opération parce qu’elle savait qu’on lui demanderait de perdre  90 livres pour ça. Un obstacle qu’elle trouvait ingérable avec sa dépression. “Ce n’est pas vraiment un choix que je peux faire. Sauter un simple repas fait de moi un morceau inutile simplement gisant dans son lit.” Ses sentiments font écho à ceux d’Erin, dont le handicap l’a laissé sans choix, confronté à la phentermine et à une vie de maladie aux effets secondaires et au suicidaire risque de dysphorie.

Peut-on encore appeler cela un choix ?

C’est un sujet qu’en tant que militante cis-grosse j’ai combattu par le passé. Nous devons reconnaître la terrible pression que subissent les personnes trans pour perdre du poids et nous devons soulager cette pression.

Les statistiques montrent que les régimes ne fonctionnent tout simplement pas, et que cette diète décourage les personnes faisant un régime,  les rendant plus susceptibles de reprendre du poids. Il n’y a rien de mal à être gros-se mais il y a définitivement quelque chose de terrifiant à être dysphorique et sous-traité-e à cause de son corps.

Les personnes grosses et trans peuvent chercher un recours légal, malheureusement difficile à trouver, à travers l’American Disabilties Act.

Dans le sixième circuit [une des 13 cours d’appel des USA] il a été décidé que les personnes grosses ne pouvaient être qualifiées comme handicapées sans avoir pu prouver qu’un handicap sous-jacent était la cause de ce surpoids.

En d’autres termes, qu’importe à quel point vous êtes gros-se, ou si ce surpoids impacte votre mobilité, dans le sixième circuit, si vous ne pouvez pas prouver d’où vient votre surpoids, vous n’êtes pas handicapé-e. Sous cet angle, en mettant de côté la maltraitance des personnes grosses et handicapées, cela ferme l’un des rares chemins possibles au recours légal.

Le fat-positivisme et le body-positivisme sont à un croisement où ils feraient bien de décider s’ils continuent d’être cis blanc et validistes, ou s’ils embrassent la libération pour tous. Qui allons-nous entendre dans ces cercles de fat-positivisme ? Quelles voix vont s’élever ? Et pourquoi ?

C’est pourquoi nous devons continuer à rendre nos espaces plus inclusifs, nous devons nous rappeler les raisons pour lesquelles nous faisons cela. Pas pour avoir des cookies. Pas pour être félicité-es pour daigner inclure des personnes grosses et trans, des personnes handicapées et des personnes de couleur. Plutôt parce que nous sommes tous et toutes prisonniers/ères d’une machine précaire qui vole nos valeurs d’origine et nous segmente en hiérarchies des corps, et jusqu’à ce qu chacun-e soit libre, jusqu’à ce que la/le plus marginale d’entre nous soit libre, aucun-e de nous ne sera libre.

Normalement je mets ici mon pot à pourboires mais si cet article vous a plu, je vous suggère de donner à l’une de ces personnes sur twitter #TransCrowdFund ou de faire un don à The Trans Lifeline.

Merci à Val’ pour cette traduction

Crédit Illustration Tumblr Lethevivus

 

Anonyme, 37 ans

J’ai six ans. J’ai toujours été petite et mince, légèrement potelée au niveau des joues. Mais là, je grossis. Le stress, à cause de mon père, dit ma mère, il est fort absent. Ma famille, aussi longtemps que remontent les photos, c’est à dire dans les années 1800, elle est composée de gens “gros”, “obèses”, “en surpoids”, du côté de papa comme du côté de maman. Les minces sont rares. Maman, elle, elle est très ronde. Plus de 110 kilos. Elle en a souffert, on dirait.

J’ai sept ans. J’ai grandi, j’ai grossi. J’ai aussi une maladie qui détruit ma colonne vertébrale mais tout le monde se fiche de mes plaintes. En gym, j’ai du mal. Je ne sais pas monter sur le cheval d’arçon. Je n’ai pas de force dans les bras; Je ne sais pas courir vite. La prof me hait, je le vois sur son visage. Je lui suis antipathique. Je ne sais pas comment exprimer cette haine qu’elle me voue à mes parents mais à force de m’en plaindre, ils vont la voir. Elle leur dit ceci, en parlant de moi : “elle ne sait rien faire”. Ma mère décide de réagir : être désagréable et menaçante avec ladite prof, mais aussi et surtout me mettre au régime.

J’ai huit ans, c’est l’été, ma mère me met au régime “pour impressionner la prof à la rentrée”. On va voir une diététicienne. Elle dit que je ne serai jamais mince, ma mère est énervée alors elle m’emmène dans une clinique spécialisée à la capitale, pour les enfants obèses. On m’y pèse, on me mesure, on m’analyse psychologiquement alors que j’ai rien demandé. On parle de moi comme si j’étais pas dans la pièce. Ma mère prend mal le fait que je veuille rencontrer la psychologue toute seule. Je ne veux pas qu’elle parle à ma place. Elle me le reprochera par la suite. On nous file un programme de régime dissocié, à la mode à l’époque. Tout le monde à la maison s’y met, de la grand-mère de 66 ans qui n’a pas besoin de ça à moi, huit ans, en pleine croissance. A la rentrée, ma mère achète des boîtes oranges d’une célèbre marque de vente pyramidale. On y met des haricots trop vinaigrés, des oeufs durs, du jambon, des légumes verts… Et ça me lasse au bout de quelques jours. Mais j’ai pas le droit, car il faut que je sois mince “pour trouver un mari plus tard”. N’empêche, la prof qui me haïssait est partie. J’ai plus de prof de gym tortionnaire, youpie, mais je suis toujours au régime. J’en bouffe, du fromage blanc, des légumes sans goûts, de la viande bouillie. Ca me dégoûte, rien n’a de goût, tout sent mauvais. Au bout d’un temps, je pète des durites, j’ai des envies de violence. Je n’en peux plus de subir ça. On arrête le régime. J’ai perdu quelques kilos et je les reprends.

Diététicien sur diététicien. A 13 ans, je fais 70 kilos. Un médecin me dit que je dois choisir entre étudier et être mince et belle, car j’étudie trop, selon lui et ne me concentre pas assez sur ma perte de poids. Sois belle et tais-toi. L’infirmière de l’école me demande si je suis complexée car je ne veux pas me peser devant les autres filles. Je ne suis pas complexée, je suis insultée, je suis harcelée. “Bouboule”, “la grosse”, “gros tas”, “tas de graisse”, “grosse merde”, j’en passe et des meilleures. Je ne suis pourtant pas une mauvaise personne, mais je suis une “grosse merde”. Je n’ai pas encore de personnalité propre, maman me bride beaucoup. Je n’ai pas le droit de choisir mes vêtements, elle m’affuble de vêtements qui ne me vont pas. Je suis en jupe avec des collants tout le temps, je me sens mal à l’aise dans des pulls qui grattent. Mon corps me déplaît, il change, j’ai mes règles depuis deux ans, j’ai des seins qui tombent déjà. Je me dégoûte. J’aimerais être belle, je fantasme d’être sexy et attirante mais que suis-je ? On ne me renvoie que ça. Une insulte particulière est lancée, fait le tour du lycée. Jusque mes 18 ans, on m’appellera comme ça. Je n’ai même pas envie de l’écrire car cette chose, ce n’est pas moi. C’est ce qu’on projette sur moi. A la maison, rien ne va. Mon père est alcoolique, violent, dominateur. Je n’ai aucun soutien. On me dit toujours de faire des efforts. Je n’en peux plus et j’étouffe. Je vis un enfer familial et à l’école, je n’ai que quelques amis et encore, le sont-ils réellement ? Ma vie sociale en dehors est nulle car ma mère m’isole.

J’ai 19 ans, je quitte la maison. Je perds du poids, je faisais dans les 90 kgs, je n’en fais plus que 80. Ma mère se lance dans un régime hyperotéiné, elle m’invite à la suivre. Je le fais car j’ai peur, je me dis que je trouverai plus facilement un mec comme ça et que je serai mieux dans mes fringues. Je perds 20 kgs en quinze jours. Je suis blanche comme un linge, je faillis perdre connaissance. J’arrête. Je prends 40 kilos. Je recommence, je reperds, je reprends.
Jusque mes 27 ans, malgré ma vie amoureuse épanouie, je ne fais que perdre, reprendre, perdre, reprendre, régime sur régime jusqu’à en devenir anorexique. Ma grand-mère l’est devenue. A sa mort, elle pesait 34 kilos. Elle vomissait dans son assiette en tentant de se forcer à manger. Désolée du détail, c’est une réalité de l’anorexie chez les personnes âgées.

A 27 ans, je décide d’arrêter les régimes. Je lis du Zermati, je me renseigne sur les autres moyens de me nourrir plus intuitivement. Je bois trop de soda sucré, je commence à avoir un taux de sucre qui grimpe. Par contre, je commence à maigrir. Je reçois toujours des injonctions du corps médical m’invitant à maigrir “pour avoir plus de chances d’enfanter” (je suis hyper fertile et je ne veux pas d’enfant), on panique quand on me voit et m’invite à faire du vélo d’appartement (“si non vos genoux vont payer”). J’ai toujours cette foutue maladie au dos et une maladie chronique invalidante liée aux maltraitances familiales. J’ai mal partout, tout le temps. Mais on me demande de faire du sport à grosse dose, une heure trente de vélo au petit matin alors que j’ai déjà du mal à me lever et à m’habiller. Je fais 105 kilos. Je ne me sens pas mal avec moi-même. Pendant tout un temps, j’avais peur de sortir de chez moi mais j’ai gagné en assurance. Je sors, je me maquille, je m’habille, je suis une femme comme une autre, je gère ma vie sans me préoccuper de mes kilos. Les seuls à me les rappeler sont les médecins de toute manière. Je commence à éviter de me soigner chez des sales cons. Je trouve des médecins compétents.

Depuis dix ans, j’ai perdu du poids de façon régulière d’abord en consommant la nourriture de façon instinctive en fonction de mes goûts. On ne parle pas de gâteaux aux chocolats, de biscuits, de gras. Je parle de manger ce que j’ai envie de manger. On s’imagine toujours que le “gros” ne fait “que manger” et qu’il mange “mal”. En fait, le “gros” est en hyper contrôle de son alimentation, généralement. C’est tout le contraire. Pour être “gros”, il faut de la volonté…
Et pourtant, on m’a toujours dit que je n’en avais pas, ce qui avait un impact énorme sur mon estime de moi. J’en suis maintenant à 105 kilos, je perds des tailles de vêtements tous les ans. Je flotte dans mes jeans et dans mes manteaux. Mon poids est le cadet de mes soucis. Je fais du sport quand je le veux et ce que je veux. Je mange ce qui me plaît tout en faisant attention aux glucides car je sais que ma famille y est sensible et que j’ai de mauvais gènes. J’utilise des recettes qui me permettent de remplacer blé, pâtes, pommes de terre par des choses plus adaptées à mon organisme. Par exemple, la poudre d’amande, la farine de coco, la stevia. Et je me sens bien comme ça.

Je ne me sens pas de donner des leçons aux autres sur comment ils doivent gérer leur poids. Perdre du poids n’est pas facile et le doit-on, d’abord ? Je continue de croire qu’avant, être “gros” n’était pas si “anormal” qu’aujourd’hui et que la perte de poids est un marché. Les médecins ont fait du mal à mon corps. La diététique aussi. Je suis enragée contre ces gens qui font du commerce avec tout cela. J’ai pris des médicaments qui ne m’ont pas fait maigrir, j’ai essayé trente-six régimes qui m’ont fait enfler au détriment de ma santé tout en étant culpabilisée par les médecins.

Alors, sérieusement, les pros du poids qui n’y comprennent rien, je les envoie valser. Soyons responsables de notre santé et choisissons ce qui est bon pour nous sans influence de normatifs qui ne savent que faire la morale aux gens dont ils ne comprennent rien de la réalité.
Si un médecin pouvait lire ceci et en profiter pour y réfléchir, ça me ferait du bien.

Anonyme, 37 ans

J’ai six ans. J’ai toujours été petite et mince, légèrement potelée au niveau des joues. Mais là, je grossis. Le stress, à cause de mon père, dit ma mère, il est fort absent. Ma famille, aussi longtemps que remontent les photos, c’est à dire dans les années 1800, elle est composée de gens “gros”, “obèses”, “en surpoids”, du côté de papa comme du côté de maman. Les minces sont rares. Maman, elle, elle est très ronde. Plus de 110 kilos. Elle en a souffert, on dirait.

J’ai sept ans. J’ai grandi, j’ai grossi. J’ai aussi une maladie qui détruit ma colonne vertébrale mais tout le monde se fiche de mes plaintes. En gym, j’ai du mal. Je ne sais pas monter sur le cheval d’arçon. Je n’ai pas de force dans les bras; Je ne sais pas courir vite. La prof me hait, je le vois sur son visage. Je lui suis antipathique. Je ne sais pas comment exprimer cette haine qu’elle me voue à mes parents mais à force de m’en plaindre, ils vont la voir. Elle leur dit ceci, en parlant de moi : “elle ne sait rien faire”. Ma mère décide de réagir : être désagréable et menaçante avec ladite prof, mais aussi et surtout me mettre au régime.

J’ai huit ans, c’est l’été, ma mère me met au régime “pour impressionner la prof à la rentrée”. On va voir une diététicienne. Elle dit que je ne serai jamais mince, ma mère est énervée alors elle m’emmène dans une clinique spécialisée à la capitale, pour les enfants obèses. On m’y pèse, on me mesure, on m’analyse psychologiquement alors que j’ai rien demandé. On parle de moi comme si j’étais pas dans la pièce. Ma mère prend mal le fait que je veuille rencontrer la psychologue toute seule. Je ne veux pas qu’elle parle à ma place. Elle me le reprochera par la suite. On nous file un programme de régime dissocié, à la mode à l’époque. Tout le monde à la maison s’y met, de la grand-mère de 66 ans qui n’a pas besoin de ça à moi, huit ans, en pleine croissance. A la rentrée, ma mère achète des boîtes oranges d’une célèbre marque de vente pyramidale. On y met des haricots trop vinaigrés, des oeufs durs, du jambon, des légumes verts… Et ça me lasse au bout de quelques jours. Mais j’ai pas le droit, car il faut que je sois mince “pour trouver un mari plus tard”. N’empêche, la prof qui me haïssait est partie. J’ai plus de prof de gym tortionnaire, youpie, mais je suis toujours au régime. J’en bouffe, du fromage blanc, des légumes sans goûts, de la viande bouillie. Ca me dégoûte, rien n’a de goût, tout sent mauvais. Au bout d’un temps, je pète des durites, j’ai des envies de violence. Je n’en peux plus de subir ça. On arrête le régime. J’ai perdu quelques kilos et je les reprends.

Diététicien sur diététicien. A 13 ans, je fais 70 kilos. Un médecin me dit que je dois choisir entre étudier et être mince et belle, car j’étudie trop, selon lui et ne me concentre pas assez sur ma perte de poids. Sois belle et tais-toi. L’infirmière de l’école me demande si je suis complexée car je ne veux pas me peser devant les autres filles. Je ne suis pas complexée, je suis insultée, je suis harcelée. “Bouboule”, “la grosse”, “gros tas”, “tas de graisse”, “grosse merde”, j’en passe et des meilleures. Je ne suis pourtant pas une mauvaise personne, mais je suis une “grosse merde”. Je n’ai pas encore de personnalité propre, maman me bride beaucoup. Je n’ai pas le droit de choisir mes vêtements, elle m’affuble de vêtements qui ne me vont pas. Je suis en jupe avec des collants tout le temps, je me sens mal à l’aise dans des pulls qui grattent. Mon corps me déplaît, il change, j’ai mes règles depuis deux ans, j’ai des seins qui tombent déjà. Je me dégoûte. J’aimerais être belle, je fantasme d’être sexy et attirante mais que suis-je ? On ne me renvoie que ça. Une insulte particulière est lancée, fait le tour du lycée. Jusque mes 18 ans, on m’appellera comme ça. Je n’ai même pas envie de l’écrire car cette chose, ce n’est pas moi. C’est ce qu’on projette sur moi. A la maison, rien ne va. Mon père est alcoolique, violent, dominateur. Je n’ai aucun soutien. On me dit toujours de faire des efforts. Je n’en peux plus et j’étouffe. Je vis un enfer familial et à l’école, je n’ai que quelques amis et encore, le sont-ils réellement ? Ma vie sociale en dehors est nulle car ma mère m’isole.

J’ai 19 ans, je quitte la maison. Je perds du poids, je faisais dans les 90 kgs, je n’en fais plus que 80. Ma mère se lance dans un régime hyperotéiné, elle m’invite à la suivre. Je le fais car j’ai peur, je me dis que je trouverai plus facilement un mec comme ça et que je serai mieux dans mes fringues. Je perds 20 kgs en quinze jours. Je suis blanche comme un linge, je faillis perdre connaissance. J’arrête. Je prends 40 kilos. Je recommence, je reperds, je reprends.
Jusque mes 27 ans, malgré ma vie amoureuse épanouie, je ne fais que perdre, reprendre, perdre, reprendre, régime sur régime jusqu’à en devenir anorexique. Ma grand-mère l’est devenue. A sa mort, elle pesait 34 kilos. Elle vomissait dans son assiette en tentant de se forcer à manger. Désolée du détail, c’est une réalité de l’anorexie chez les personnes âgées.

A 27 ans, je décide d’arrêter les régimes. Je lis du Zermati, je me renseigne sur les autres moyens de me nourrir plus intuitivement. Je bois trop de soda sucré, je commence à avoir un taux de sucre qui grimpe. Par contre, je commence à maigrir. Je reçois toujours des injonctions du corps médical m’invitant à maigrir “pour avoir plus de chances d’enfanter” (je suis hyper fertile et je ne veux pas d’enfant), on panique quand on me voit et m’invite à faire du vélo d’appartement (“si non vos genoux vont payer”). J’ai toujours cette foutue maladie au dos et une maladie chronique invalidante liée aux maltraitances familiales. J’ai mal partout, tout le temps. Mais on me demande de faire du sport à grosse dose, une heure trente de vélo au petit matin alors que j’ai déjà du mal à me lever et à m’habiller. Je fais 105 kilos. Je ne me sens pas mal avec moi-même. Pendant tout un temps, j’avais peur de sortir de chez moi mais j’ai gagné en assurance. Je sors, je me maquille, je m’habille, je suis une femme comme une autre, je gère ma vie sans me préoccuper de mes kilos. Les seuls à me les rappeler sont les médecins de toute manière. Je commence à éviter de me soigner chez des sales cons. Je trouve des médecins compétents.

Depuis dix ans, j’ai perdu du poids de façon régulière d’abord en consommant la nourriture de façon instinctive en fonction de mes goûts. On ne parle pas de gâteaux aux chocolats, de biscuits, de gras. Je parle de manger ce que j’ai envie de manger. On s’imagine toujours que le “gros” ne fait “que manger” et qu’il mange “mal”. En fait, le “gros” est en hyper contrôle de son alimentation, généralement. C’est tout le contraire. Pour être “gros”, il faut de la volonté…
Et pourtant, on m’a toujours dit que je n’en avais pas, ce qui avait un impact énorme sur mon estime de moi. J’en suis maintenant à 105 kilos, je perds des tailles de vêtements tous les ans. Je flotte dans mes jeans et dans mes manteaux. Mon poids est le cadet de mes soucis. Je fais du sport quand je le veux et ce que je veux. Je mange ce qui me plaît tout en faisant attention aux glucides car je sais que ma famille y est sensible et que j’ai de mauvais gènes. J’utilise des recettes qui me permettent de remplacer blé, pâtes, pommes de terre par des choses plus adaptées à mon organisme. Par exemple, la poudre d’amande, la farine de coco, la stevia. Et je me sens bien comme ça.

Je ne me sens pas de donner des leçons aux autres sur comment ils doivent gérer leur poids. Perdre du poids n’est pas facile et le doit-on, d’abord ? Je continue de croire qu’avant, être “gros” n’était pas si “anormal” qu’aujourd’hui et que la perte de poids est un marché. Les médecins ont fait du mal à mon corps. La diététique aussi. Je suis enragée contre ces gens qui font du commerce avec tout cela. J’ai pris des médicaments qui ne m’ont pas fait maigrir, j’ai essayé trente-six régimes qui m’ont fait enfler au détriment de ma santé tout en étant culpabilisée par les médecins.

Alors, sérieusement, les pros du poids qui n’y comprennent rien, je les envoie valser. Soyons responsables de notre santé et choisissons ce qui est bon pour nous sans influence de normatifs qui ne savent que faire la morale aux gens dont ils ne comprennent rien de la réalité.
Si un médecin pouvait lire ceci et en profiter pour y réfléchir, ça me ferait du bien.

Caroline, prématurée

Je suis née prématurée, pour me faire grandir, mes parents ont dû avoir recourt aux hormones de croissances… le gynécologue qui s’occupait de ma mère lui avait précisé que j’avais un risque d’être en surpoids, voire obèse.

À partir de l’âge de quatre ans, je consultais le médecin généraliste de mon village. J’avais quelques kilos en trop et l’enfer a commencé… 


Régime draconien, humiliations, rabaissement, critiques… 


À mon adolescence, suite à de graves problèmes personnels (où ma famille m’a fait culpabiliser), j’ai atteint 125 kilos… mon généraliste faisait la grimace dès qu’il me voyait. Il avait convaincu ma mère que je devais faire des prises de sang toutes les semaines (pour vérifier que je n’avais pas de diabète et de cholestérol) et le supplice de la balance ou j’avais toujours le droit à une remarque parce que je ne perdais pas de poids assez vite. 


Prescription du médicament SUDAFED pour me faire maigrir… 

(Note de Gras Politique : La pseudoéphédrine, tout comme l’éphédrine, a des effets psychotropes similaires aux amphétamines mais ceux-ci sont moins importants à dose égale. La pseudoéphédrine est notamment un précurseur direct de la métamphétamine (aussi appelé “speed” dans le jargon). Cette propriété est d’ailleurs illustrée dans la saison 1 de la série télévisée américaine Breaking Bad : les personnages principaux utilisent alors la pseudoéphédrine pour synthétiser leur méthamphétamine. La pseudoéphédrine provoque, comme les amphétamines, une certaine euphorie, un effet stimulant et un effet coupe-faim. À dose forte, la pseudoéphédrine peut provoquer des hallucinations. L’association de la pseudoéphédrine à du paracétamol (toxique pour le foie à dose suprathérapeutique) ou à de l’ibuprofène (AINS toxique pour l’estomac à dose suprathérapeutique) dans les spécialités (médicaments) qui la contiennent ainsi que les risques cardiovasculaires limitent néanmoins son mésusage. Le SUDAFED était d’abord prescrit pour la congestion nasale, pas du tout pour l’amaigrissement.)


Au collègue ma vie était devenue un enfer… 


Chez ma famille ma vie était devenue un enfer… 


Chez le médecin ma vie était devenue un enfer… 


Je n’étais tranquille nulle part et personne pour m’écouter ou me défendre…


Plus tard, je me suis faite agressée sexuellement, le médecin m’a prescrit des anxiolytiques, avec son regard qui en disait long, je l’ai ressenti comme « ah bah le mec devait être très en manque pour avoir envie de te faire ça »…


Puis un jour, malgré que j’avais réussie à perdre jusqu’à atteindre 97 kilos, et que je sortais d’une énième dépression, il a recommencé à me faire des remarques. J’ai donc décidé de ne plus manger. Je suis devenue anorexique. Avant de partir à la retraite, je suis allé le voir une dernière fois, où j’ai eu la grande surprise de l’entendre me dire : « Tu sais, tu devrais manger ». Je pesais 54 kilos, je n’avais plus de force. Il voulait m’hospitaliser… 


Aujourd’hui, mon poids est de 83 kilos, je ne me sens toujours pas à l’aide avec mon corps et mon moral est miné à jamais. Je suis toujours en dépression dû à mon poids (j’en fais une obsession maladive).
Cet homme a détruit ma vie…

 

Véronique, témoignage médical

Cela faisait plusieurs mois que j’avais mal à l’abdomen, du côté droit, près du foie. Je me suis donc décidée à aller voir un spécialiste.
Celui-ci m’a proposé sans même m’examiner de m’enlever la vésicule billiaire et de continuer par un by-pass … Evidemment je n’étais pas venue pour cela mais pour mettre fin à mes douleurs, je refuse donc et je prends un second avis.
Le second médecin me diagnostique des examens, dont un scanner de l’abdomen. On me dira alors que j’ai le “foie gras” (oui comme les oies), ok, mais le discours du médecin était violent “Olalala madame quel gros foie, vous devez avoir mal dès que vous faites des gros repas !”. Sauf que je ne fais pas de gros repas, je surveille même plutôt ce que je mange, le gras, le sucré … Mais je suis grosse donc j’imagine que c’était compliqué pour lui d’imaginer que je ne me goinfrais pas à tous les repas !
J’ai en fait été la victime d’une erreur de diagnostic, c’est un troisième médecin qui m’a permis d’identifier mon problème.
J’avais mal à l’abdomen donc, mais mon taux de glycémie dépassait également la moyenne, sans pour autant être inquiétant. Mon généraliste et le spécialiste n’ont pas creusé dans ce sens, se contentant de me répondre qu’ils avaient déjà vu “pire”.
C’est un fait le médicament que je prenais pour l’hypertension qui avait abîmé mon foie. Celui ci ne jouait plus son rôle sur le sucre et les graisses, il régulait mal ma glycémie, j’avais donc du mal à maigrir malgré mes efforts alimentaires. C’est aussi pour cette raison que j’avais mal …
J’ai donc gardé ma vésicule, j’ai évité le by-pass, je soigne mon hypertension avec une autre molécule, et je vois un diététicien pour manger des aliments qui ne nuisent pas à mon foie en convalescence.
Mon parcours aurait été beaucoup plus simple si les médecins ne s’étaient pas arrêtés à des pathologies “pour obèses” et s’ils m’avaient soignés comme une personne “normale”.

Cher-es ami·e·s non gros·ses, lisez donc ça

Alors voilà, y’a plein de choses merdiques que tu fais qui m’ennuient :

  • Tu postes des photos des repas bien riches que tu manges et tu les commentes avec des phrases comme « voilà pourquoi je suis groooooosse », “j’ai mangé comme une grosse” ou #groscul. Les gros-ses ne mangent pas de cette manière tout le temps, si nous le faisions, nous ne pourrions pas rester à un poids stable, nous n’arrêterions pas de grossir, comme Violet dans Willy Wonka tu vois ? Et s’il te plait, arrête de reporter ta culpabilité étrange d’avoir bouffé sur nous, les gros-ses, qui subissons déjà assez d’emmerdes parce que nous osons exister. Pourquoi est ce que tu n’utilises pas des hashtags comme #avidité #grosrepasdecapitaliste ou #repasdeprivilégiéoccidetal #6porcssontmortspourcerepas  
  • Quand tu me dis que tu te sens gros-se au lieu de dire que tu te sens peu attirant-e, que t’as trop mangé ou que tu te sens ballonné-e. Être gros, c’est un état, ce n’est pas une sensation. En fait, si tu te sens gros-se alors que tu ne l’es pas, cela s’appelle de dysmophorphobie, et tu devrais consulter. Quand tu me regardes, moi la grosse femme, et que tu me dis « Beurk, je me sens grosse », moi ce que j’entends c’est « Olala c’est ca être gros-se, tu dois te sentir mal tout le temps, va perdre du poids ou tues toi en essayant ».

  • Tu me demandes à moi « Est ce que ce j’ai l’air gros-se là dedans ? » Devine quoi, tout ce que je porte me donne l’air gros-se. Alors c’est non seulement manquer complètement d’égard pour moi de le demander, mais c’est surtout une grosse baffe dans la gueule de me le demander à moi, une personne vraiment grosse. Si toi et tes autres potes minces qui manquent de confiance en eux-elles veulent faire un groupe de parole sur vos poignées d’amour, faites le donc, mais cessez de nous imposer vos états d’âmes.
  • Poster des statuts à propos de tes résolutions pour ta santé et ta nutrition d’une manière fat shamante, par exemple « je me sens trop bien maintenant que je ne suis plus grosse » « en 2018 je me promets d’éradiquer mon gros cul ». Si tu veux t’occuper de ta santé et surveiller ce que tu manges, très bien, je suis contente pour toi, mais c’est vraiment pas la peine de me culpabiliser en passant. Je ne t’ai jamais demandé-e d’être tenu-e responsable de ta prise ou de ta perte de poids. Et quand tu reprendras du poids après ton 16ème régime de l’année, sois sur-e de ma totale compassion teintée d’ironie.

  • Tu utilises des photos ou des dessins de personnes gros-ses pour faire des blagues, des memes. Tu tags des gens sur ces photos. Arrête immédiatement. T’es con-ne Sérieusement. Arrête. Tu fais de la merde.

  • Tu me parles du temps où tu étais gros-se comme si ca te donnait un genre de crédibilité à mes yeux. J’en ai rien à foutre.  Et le fait que tu aies été gros-se ne t’autorise en rien à faire des jugements à l’emporte pièce sur les personnes grosses. « Moi quand j’étais gros-se je mangeais Mc Do tout le temps » cool pour toi. Mais rappelle toi  que nous sommes tousTes des personnes différentes et que ta seule expérience ne parle pas de la mienne. Et que même si je fais le chois de manger chez Mc Do tout le temps, ce qui n’est pas mon cas mais on ne sait jamais, ca n’a rien à voir avec toi et tes jugements de merde. La nourriture et la moralité sont deux choses différentes. Ne les confonds pas dans ta quête de surpasser ton ancien toi gros-se. T’es encore cette même personne, t’as juste moins de gras.
  • En parlant de gras, ne me raconte pas comment tu as perdu du poids si je ne te demande rien. Ne me fais pas la longue liste de toutes les restrictions que tu as enduré, de l’exercice que tu as fait, de ton déficit calorique, de ta poudre de protéine et de tes sandwichs à la laitue. Je ne t’ai rien demandé. Je m’en tape. Je me fous que les gens veuillent prendre ou perdre du poids. Ce n’est pas parce que tu vois un gros dans la rue qu’il demande des conseils. Il est juste dans la rue. Et laisse moi te le redire, j’en ai rien à foutre de ton régime.
  • Tu me dis des trucs sur ce que tu ressentais quand tu étais gros-se : incapable, moche, misérable, mais maintenant, tu te sens au top. Oui, je suis sure que tu as ressenti tout cela quand tu étais gros-se parce que nous vivons toi et moi dans une société qui déteste les personnes grosses et qui fait tout pour que nous nous sentions mal. Mais tu penses vraiment que c’est cool de mettre tous tes problèmes sur le compte de ton poids ? Parce que nous, qui sommes encore gros-ses, on a vraiment pas besoin de ta haine de toi. Et on a pas forcément envie d’en entendre encore une fois qu’on s’est tapé-e toute la haine des gros-ses dans les films, à la télé, sur Internet. Les gens gros ont le droit d’être admirés, aimés, aidés comme toutes les autres personnes.
  • Tu commentes le physique des gens, et plus particulièrement celui des femmes avec des phrases comme « olala elle est tellement grosse » ou « oulala t’as vu comment elle a pris du cul » ou « elle devrait vraiment pas s’habiller comme ca avec son poids ». Wow. Tu n’as même pas conscience du nombre de fois où j’ai envie de te coller une baffe quand tu sors ce genre de choses. Je dois à chaque fois faire la gymnastique mentale nécessaire à me rappeler que tu es une personne qui manque de confiance en elle, et pas seulement un-e con-ne. Imagine une seconde que les gens partout commentent sur quelque chose de ton physique, comme la couleur de tes yeux. Que partout où tu ailles, les gens s’exclament « olalalaaa les yeux noisettes c’est vraiment de la merde, c’est honteux ».

  • Si tu me vois manger de la salade, des légumes, des fruits, des céréales complètes, ou boire de l’eau, ne me félicite pas. C’est débile de bétise. Ferme là. Ne dis rien sur ce que les personnes gros-ses mangent ou pas d’ailleurs, ca sera plus simple. Particulièrement si ce sont des inconnu-es. Ca-ne-te-concerne-pas. C’est clair ?
  • Ne me glisse pas dans l’oreille de manière chelou que les personnes gros-ses t’excitent. Ne me raconte pas les fantasmes dans lesquels tu baises mes bourrelets. Ne me dis pas que tu couches avec des gros-ses parce que c’est plus facile. T’es ignoble.

 

Cet article est une traduction, l’original est ici.

[Pétition] M6 et Potiche Prod, annulez votre émission grossophobe

 

Gras Politique, collectif de lutte contre la grossophobie systémique, s’élève contre le projet d’émission de Potiche Prod et M6 avec Karine Le Marchand  et Cristina Cordula visant à mettre en scène les personnes obèses subissant une chirurgie bariatrique.

Gras Politique rappelle que l’obésité est une maladie chronique et multi-factorielle qui ne devrait aucunement être instrumentalisée au profit d’un docu-réalité.
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Les opérations de chirurgie bariatrique, dont il est question dans l’émission, tels le by pass ou la sleeve gastrectomie, consistant à retirer une grande partie de l’estomac et à provoquer  un dysfonctionnement de l’absorption des nutriments, sont des opérations graves et impactantes, qui ne devraient pas être banalisées.

 L’anneau gastrique a été la première solution chirurgicale proposée aux obèses. Avec 18 ans de recul sur cette pratique on sait que 42% des anneaux ont été ôtés pour complication, reprise de poids ou intolérance. Les médecins eux mêmes s’inquiètent de la même déconvenue concernant la sleeve, qui représente plus de 60% des interventions en France.

 Les conséquences médicales de ces opérations peuvent être dramatiques : éventration, fistules, infections, mort opératoire, dénutrition. Elles ont aussi des conséquences moins graves mais invalidantes : perte des cheveux, des dents, nombreuses opérations de chirurgie corrective etc. Elles impliquent toutes des changements profonds dans l’identité des personnes opérées, qui ne sont que trop rarement accompagnées.

Tous les obèses ne sont pas des candidats pour ces opérations. Les conditions d’éligibilité des patients, les suivis pré et posts opératoires, sont définis par la CPAM.  A ce jour on constate que de nombreux opérés ne rentrent pas dans les indications de troubles du comportement alimentaire, d’IMC ou de co-morbidités demandées par la CPAM. Et s’ils bénéficient bien des suivis pré-opératoires, ils sont lâchés par les équipes médicales après l’intervention, les condamnant ainsi à l’échec thérapeutique. Une étude américaine récente annonce une perte de poids moyenne à quatre ans de 30% avec le by-pass, et de 20% avec la sleeve gastrectomie. Cette étude concerne uniquement les patients qui ont suivi strictement leur protocole post-opératoire, et on estime que moins de la moitié des patients sont suivis correctement un an après l’intervention (source : Professeur Pattou, CHU de Lille, 2015).

La complexité de la maladie obésité du fait de son caractère multi-factoriel ne peut pas être réduite à une réponse chirurgicale.

Faire la promotion de ces opérations alors que les médecins eux mêmes doutent de leur efficacité et leur innocuité est dangereux.

D’autre part, l’accès aux soins des personnes obèses est un problème majeur de santé publique. Les obèses ne souffrent pas que de problèmes liés à leur obésité, mais de tous les maux habituels ou non. La prise en charge des patients obèses en milieu hospitalier ou par les médecins de ville manque à la fois d’humanité et de moyens. Les médecins et les pouvoirs publics se refusent à s’équiper et à s’éduquer afin d’apporter un traitement adapté aux patients de toutes tailles, alors que ces équipements existent. On note notamment des manquements aussi graves que l’impossibilité de prendre la tension aux patients à cause de brassards trop petits, de balances qui s’arrêtent à 110 kilos, de l’absence de lits d’hôpitaux, de tables de blocs opératoires, de fauteuils roulants et de matériel de levage pour les équipes soignantes adaptés au patients obèses. Les personnes obèses qui se font opérer en chirurgie bariatrique n’ont souvent même pas de blouse à leur taille.

Présenter la médecine française comme un modèle de performance et de traitement de la maladie obésité et des personnes obèses est un mensonge. Gras Politique s’indigne contre les mauvais traitements et soins reçus par les patients obèses et recueille des témoignages de violences médicales graves sur son site. Nous ne pouvons donc pas accepter que M6 et Potiche Prod se fassent la vitrine d’une médecine bienveillante et moderne alors que cela ne reflète pas la réalité des milliers de patients obèses maltraités.

 De plus, Gras Politique attire l’attention du CSA et des pouvoirs publics sur le potentiel dévastateur d’une telle émission sur la population concernée. La grossophobie tue et discrimine les obèses en France, se basant sur l’idée que la maladie obésité est une maladie de la volonté. On reproche donc aux personnes grosses d’être seules responsables de leur état, de manquer de motivation. Ces stéréotypes négatifs impactent la vie quotidienne des gros : discrimination à l’embauche, harcèlement de rue, climat familial nocif, etc. Faire croire qu’il existe une solution systématique à l’obésité est une méconnaissance totale du sujet, et ce faux message aura des retombées directes sur la vie de personnes obèses.

Enfin,Gras Politique s’inquiète des présentatrices pressenties pour ce projet. Cristina Cordula et Karine Le Marchand ne sont en rien des spécialistes de l’obésité, et ne sont à priori pas médecins. Cristina Cordula, malgré son apparente bienveillance, distille chaque jour à une heure de grande écoute des conseils de mode discriminatoires, sexistes et grossophobes. Karine Le Marchand gagne en partie sa vie grâce à une application de régime et de fitness, elle souhaite donc continuer à faire du profit sur les souffrances d’une partie de la population. Ces deux personnes ne sont pas concernées par l’obésité, ni dans leur chair, ni dans leur parcours professionnel, et ont pour occupation l’apparence et le divertissement. Cela va à l’encontre d’une prise en charge de la maladie obésité, qui se doit d’être prise au sérieux.

Gras Politique réclame l’annulation de ce projet.

Aidez nous en signant la pétition

Gras Politique fait le bilan du Yogras

Après plus. de 6 mois de pratique du yogras, on peut se féliciter d’avoir réussi à créer un espace safe et bienveillant pour les personnes qui en avaient besoin.
Tous vos retours ont été très positifs, et cela nous pousse à continuer l’aventure Kundalini & Gras Politique.

Gras Politique est un collectif qui ne touche pas d’argent avec le yogras. En revanche, notre professeure est une travailleuse et nous propose un cours de qualité qui lui demande de la recherche, de la préparation et de l’implication.
Les valeurs que nous défendons nous empêchent de lui demander de continuer à assurer son cours sans lui garantir une rémunération correcte.

Il faut savoir qu’à Paris un cours de yoga coute entre 18 et 30€ par heure et qu’unE profE de yoga peut considérer qu’iel est correctement payéE à partir de 50€ de l’heure.

Notre cours de Kundalini dure entre 1h30 et 2h, nous vous laissons faire le calcul.

Le principe de la donation consciente, c’est aussi d’être conscient du travail qu’elle rémunère et de l’effort fourni.
Nous ne voulons pas changer le principe d’accès au cours de yoga mais nous vous alertons sur le fait qu’il nous est impossible de demander à quelqu’un de travailler gratuitement.

Nous vous indiquons donc que la participation conseillée est de 8€. Nous sommes consciente que 8€ représente une somme importante pour certainEs et plus accessible pour d’autres. Nous nous attendons donc à ce que les efforts s’équilibrent.

La donation consciente n’est pas une occasion de vider vos poches et de donner un pourboire à la profe, il s’agit de la rémunération d’une travailleuse.
Les personnes qui oublient systématiquement de payer le cour ou de ne payer uniquement en pièces rouges, ne seront plus les bienvenues au Yogras.
Il en va du respect des valeurs sociales que nous portons également chez Gras Politique. 

Nous regrettons d’avoir à faire cette mise au point et espérons vous revoir bientôt pour chanter des mantras !