Présidentielles : Mesures pour lutter contre la grossophobie

Présidentielles : Nous voulons qu'un·e candidate mentionne la discrimination et l'oppression grossophobe dans son programme et s'engage dans sa lutte

14 mesures proposées par Gras Politique

Nous écrivons aujourd’hui au nom des grosses électrices et des gros électeurs.

Nous écrivons car nous voulons qu’un.e candidat.e mentionne la discrimination grossophobe dans son programme, et s’engage enfin à y mettre fin. Nous représentons plus de 20 %des citoyennes et des citoyens français, et nous ne voulons plus être mis au banc.

Retrouvez et téléchargez ici la lettre ouverte adressée aux candidat·e·s à la présidence de la République dans son intégralité.

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La grossophobie en milieu scolaire

Grossophobie en milieu scolaire

Pistes de réflexions et d'actions possibles pour mieux accueillir les élèves gros·ses

Nous avons été convié·e·s, par le syndicat Sud Education, à proposer un temps de formation sur la grossophobie en milieu scolaire à de nombreux·ses professionnel·le·s de l’éducation. Ce temps a été enregistré, voilà un récap de nos pistes de réflexions.

N’hésitez pas à nous faire part de vos retours d’expérience ! 

Introduction

La grossophobie en milieu scolaire est un élément important dans nos luttes contre les discriminations grossophobes. En effet, selon l’OMS, 63% des enfants gros·ses risquent d’être victimes de harcèlement et 75% des enfants de moins de 10 ans associent le fait d’être gros·se à quelque chose de négatif. Les personnes grosses représentent environ 15,3% de la population adulte française et 4% des enfants âgé·e·s de 6 à 17 ans. Il est donc essentiel de donner un sentiment d’inclusion et de respect de leur personne à ces enfants concerné·e·s par les oppressions grossophobes. 

Comptez-vos élèves, si vous avez, plus ou moins, 4 élèves pour 100 qui sont gros·ses, le compte est bon. Ce chiffre peut varier selon la zone où vous enseignez. Il y a un lien entre précarité et grosseur ce qui peut faire diminuer ou augmenter ce chiffre selon l’établissement, mais aussi selon la zone géographique. Souvent, les régions où le taux de chômage est le plus élevé sont aussi les régions où l’on retrouve le plus de personnes grosses.

La grossophobie est aussi une discrimination genrée, ce sont les femmes et les jeunes filles qui en pâtissent le plus. Par exemple, chez les filles, l’âge moyen du premier régime est de 8 ans. Mais il existe aussi d’autres impacts, par exemple, notamment au niveau de l’accès à l’embauche. En effet, selon Jean-François Amadieu : “à compétences égales, pour un poste dans l’accueil, une candidate en surpoids a six fois moins de chance [d’être embauchée]. Les principales victimes de ces discriminations sont les femmes”. Ces différences genrées se reflètent également dans les chiffres liés aux chirurgies bariatriques : 80% des personnes opérées sont des femmes, contre 20% qui sont des hommes. Les femmes ont également recours à ces chirurgies à un poids moindre que celui des hommes. La pression sur les corps des femmes est donc plus importante.

Il est donc essentiel d’agir pour diminuer au maximum les violences grossophobes que les personnes grosses peuvent subir, et cela passe également par la prévention, la sensibilisation et l’action en milieu scolaire.

Penser à l’inclusion des élèves gros·ses

Le harcèlement scolaire étant très présent chez les personnes grosses, le taux de tentatives de suicide peut être augmenté. Dans certains témoignages de harcèlement, il s’avère que l’équipe pédagogique a participé, consciemment ou non, à ce harcèlement. Il faut donc être attentif·ve à ce qui se joue dans la cour de l’établissement scolaire, mais aussi à ce qui se joue dans la salle des profs, dans les couloirs, et à l’extérieur de l’établissement. Il est essentiel de ne pas faire de remarques aux élèves, mais aussi aux collègues, sur leur poids.

Il est aussi important de préciser que ce n’est pas le rôle de l’enseignant·e d’alerter sur l’état de santé d’un·e élève. D’autant plus qu’une prise ou une perte de poids n’est pas le problème en soit, mais est souvent le symptôme de quelque chose de plus profond : un souci à la maison, à l’école, etc. Le plus important est donc d’entamer une conversation avec l’élève en question, si vous avez une relation de confiance, afin de lui permettre de poser des mots sur ses maux, s’iel le souhaite. Il est également possible de faire appel à l’équipe pluridisciplinaire, peut-être que certain·e·s de vos collègues (assistant·e·s d’éducation, infirmièr·e, assistant·e social·e, etc.) ont des ressources bienveillantes qui peuvent être pertinentes pour la situation.

L’inclusion des enfants gros·ses à la vie de l’école est un enjeu important. Cette inclusion passe par une vigilance importante dans les cours d’EPS, notamment, qui sont un terreau fertile à la grossophobie. C’est un constat qu’on a pu dresser grâce aux nombreux témoignages que nous avons reçus, mais également au travers des échanges qui ont pu avoir lieu lors de certains de nos groupes de parole. C’est un cours qui a pu laisser des marques importantes sur les personnes grosses.

Des pistes de solutions pour améliorer l’intégration des élèves gros·ses dans le cadre scolaire

    • Penser à l’agencement de vos classes. Vous devez pouvoir offrir la possibilité de se mouvoir facilement dans celles-ci. L’espace est parfois si restreint entre les tables, les chaises, etc. qu’il devient difficile pour un·e élève gros·se de se mouvoir correctement dans la classe. Ce qui lea mettra en difficulté lors de l’entrée, ou la sortie de la classe, mais aussi lorsque l’élève devra passer au tableau. L’espace est souvent restreint, on ne peut pas pousser les murs, mais il est toujours possible de faire preuve d’ingéniosité.
    • Penser aux équipements : il faut éviter à tout prix les sièges à accoudoir, les strapontins, ou encore les tablettes directement incluses à la chaise. Ces équipements peuvent empêcher les élèves gros·ses d’être installé·e·s confortablement, mais peuvent aussi parfois les blesser.
    • Présenter / étudier des figures, des personnes grosses positives dans les différentes matières. L’idéal est d’éviter au maximum les caricatures (par exemple les caricatures du capitalisme en homme gros, ou Obélix qui est un personnage qui ne pense qu’à manger et qui n’est pas très intelligent). Si vous parlez de ce genre de représentations, il est essentiel d’apporter un regard très critique. La représentation dans les médias et dans les matières étudiées est importante pour la construction de soi. Une mauvaise représentation peut détruire la confiance en soi ou donner une faible estime de soi.
    • Faire attention aux uniformes scolaires : les blouses ou les tenues de travail en établissement professionnel, par exemple, sont à penser correctement. Elles ne sont souvent pas inclusives. Souvent, quand l’établissement les fournit, celui-ci ne prévoir pas une solution ou une alternative en grande taille, ce qui peut mettre des élèves, et leurs familles, en grande difficulté, soit du point de vue économique (puisque nous avons vu qu’il y avait un rapport entre précarité et grosseur) ou au niveau de la sécurité ou du confort. Penser à une alternative prenant en compte toutes les tailles, et à un coût raisonnable peut s’avérer essentiel.
      •  

         En EPS

      • Si la possibilité existe, proposer un espace pour que les élèves puissent se changer loin du regard des autres élèves
      • Ne pas laisser passer les remarques, les moqueries liées à l’apparence physique mais aussi aux capacités sportives
      • Mettre les élèves gros·ses en chef d’équipe pour leur éviter la violence d’être choisi·e·s en dernier (et donc de creuser le fossé entre elleux et les autres élèves)
      • Prendre en compte les capacités physiques et sportives de chacun·e parce que tout le monde a des capacités différentes
      • Avoir des chasubles / dossards inclusifs. Ils sont souvent trop étroits pour les élèves gros·ses, et peuvent donc les mettre dans une situation d’embarras assez conséquente. Il est possible de réfléchir à un autre mode de différenciation des équipes : bandanas colorés, bracelets de sport colorés, etc.
      • Si vous êtes témoin des remarques de la part des autres élèves, n’hésitez pas à mettre en place des moments de médiation, de sensibilisation qui peuvent avoir lieu, par exemple, pendant une heure de vie de classe. Il est tout à fait possible de s’appuyer sur de nombreuses ressources, mais aussi sur des militant·e·s, des associations, des collectifs. 

Questions · Réponses 

 

Comment offrir une représentation positive des personnes grosses aux élèves ? Comment peut-on faire prendre conscience qu'il peut exister une certaine forme de fierté des personnes grosses et sortir du modèle victimisant ?

  • Il est possible de sortir de la victimisation par la représentation de modèles positifs. De plus en plus de célébrités sont grosses, ce qui permet d’avoir des exemples concrets qui peuvent parler aux plus jeunes. Par exemple : Lizzo, chanteuse états-unienne et Yseult, chanteuse française. En littérature, on peut également profiter du travail d’Alexandre Dumas, qui était gros. Pour les plus jeunes élèves, il est possible de s’appuyer sur la figure de Steven Universe, un héros de dessin animé, qui est gros.

    Il faut sortir de la représentation très misérabiliste souvent représentée dans les médias. Les journaux utilisent souvent des illustrations de personnes grosses en train de manger, ou de personnes grosses sans visage. Si vous étudiez ce genre d’articles en cours, il est essentiel d’apporter un regard critique. Le mieux étant d’étudier des articles qui présentent les personnes grosses correctement, sans déshumanisation.

Comment faire face à la pression grossophobe ?

En tant qu’allié-e, il est important d’agir et de faire face à ces pressions. Dire aux personnes qui tiennent des propos, ou qui ont des actions grossophobes qu’il est nécessaire de s’occuper de ce qui les regarde. Ce n’est pas évident de devoir réagir à chaque propos, à chaque action grossophobe lorsqu’on est concerné·e, ou que l’on est lea gros·se de service. Donc il est important de pouvoir s’appuyer sur d’autres personnes. Il est toujours possible, aussi, de faire un travail pédagogique auprès de ces personnes discriminantes afin de faire évoluer les mentalités. Pour savoir comment être un·e bon·ne allié·e contre la grossophobie, nous vous renvoyons vers l’article Être un(e) allié(e) non-gros(se) écrit par Edith Bernier.

Comment faire pour sensibiliser à la question de la grossophobie, sans que les élèves gros·ses ne se sentent pointé·e·s du doigt ?

Si l’atelier est amené de manière positive, il n’y aura pas de dégâts sur les élèves concerné·e·s. De plus en plus de ressources sont disponibles pour mener à bien ce genre de moments. Les personnalités grosses étant de plus en plus nombreuses, il est possible de s’appuyer dessus pour ouvrir la discussion et sortir de l’aspect négatif de la grosseur que tout le monde véhicule. Il est aussi important de signifier qu’il y a des recours contre la grossophobie et les discriminations de manière générale. La loi est du côté des personnes discriminées. Vous avez la possibilité de faire un sondage de type : “combien de personnes se sentent grosses?”, afin de mesurer la proportion de personnes qui se sentent ainsi par rapport à la proportion de personnes qui le sont réellement, ou qui sont perçues comme telles. Vous pouvez également vous tourner vers du contenu créé par les militant·e·s, les associations et les collectifs. Par exemple, le compte Instagram @labandedesgros permet de montrer les passages grossophobes dans les films.

A quel moment peut-on se considérer gros·se ? Est-ce au travers du regard des autres ?

  • Il y a déjà une différence notable à faire entre body-shaming et grossophobie. Le body-shaming c’est une pression sur les corps pour correspondre à une norme donnée. A cause du body-shaming, beaucoup de personnes se sentent grosses. Mais être gros·se ce n’est pas uniquement un ressenti. Tu peux être gros·se dans le regard des autres, sans l’être réellement.

    Ensuite, la médecine définit les personnes grosses par rapport à leur IMC, mais l’IMC est un outil pathologisant qui est dépassé et ce pour de nombreuses raisons. Il n’est pas un outil qui nous semble pertinent pour savoir qui est gros·se, ou qui ne l’est pas. 

    A Gras Politique, nous aimons bien donner l’exemple du maillot de bain, pour savoir si vous êtes gros·se : Si le 15 août, en vacances dans une sous-préfecture, tu perds ta valise. Arrives-tu à pouvoir t’acheter un maillot de bain dans lequel tu rentres ? Si oui, tu n’es pas gros·se. Être gros·se, c’est vivre des discriminations au quotidien, c’est un système d’oppressions. Aubrey Gordon (Your Fat Friend) dans Who’s fat enough to be fat ? dit que “les personnes grosses seraient l’ensemble des personnes qui sont unies par des expériences courantes et inévitables d’exclusion. Pas seulement celles qu’on a traitées de « grosse » ou « gros », car nous l’avons presque toutes et tous été au moins une fois dans notre vie, mais celles pour qui la satisfaction des besoins de base est limitée, restreinte de façon importante. Il ne s’agit pas seulement des gens qui ont de la difficulté à trouver des vêtements qui leur plaisent, mais de celles et ceux qui ont de la difficulté à trouver des vêtements tout court. Et, plus encore que les gens qui se sentent mal à l’aise dans les bus ou les avions, certains sont publiquement ridiculisés pour avoir osé utiliser le transport collectif.” (traduction par Edith Bernier, dans Grosse, et puis ?).

Pourquoi on ne voit que très peu de professeur·e·s gros·ses ?

  • Comme nous le disions précédemment, il y a un lien entre personnes grosses et personnes précaires. Et, de nombreuses études ont montré que les personnes précaires s’arrêtent souvent assez tôt dans les études. Ce qui peut expliquer une partie du manque de représentation des personnes grosses dans le professorat. Pour aller plus loin, vous pouvez vous tourner vers la théorie de la reproduction sociale développée par Pierre Bourdieu. 

    Il y aussi probablement une part de prophétie auto-réalisatrice. Il existe un cliché comme quoi les personnes gros·ses seraient bêtes, et qui est lié au fait que la grosseur serait une maladie de la volonté. A force de devoir faire face à ce cliché, peut-être que certaines personnes l’ont intériorisé et s’auto-sabotent, ce qui pourrait peut-être expliquer qu’il y ait moins de personnes grosses dans les études supérieures, parce qu’une partie s’arrêterait plus tôt. 

    Le harcèlement grossophobe que peuvent vivre les personnes grosses peut aussi jouer dans ce phénomène. Le harcèlement peut entraîner une phobie scolaire, des anxiétés sociales, un manque de confiance en soi, qui peuvent venir impacter la réalisation des études supérieures. L’école est un endroit qui peut être très compliqué pour les personnes grosses.

Comment utiliser le mot “gros·se” en milieu scolaire, alors qu’il s’agit, pour l’instant, d’une utilisation très politique ?

l vaut mieux vaut bannir l’utilisation des mots “rond”, “voluptueux”, etc. Ce sont des termes qui ont tendance à vouloir arrondir les angles, et sont souvent assez agaçants à entendre.

Les termes médicalisants sont aussi à éviter, dans la mesure du possible (surpoids, obésité, etc.). D’autant plus que l’expression “sur-poids” sous-entendrait qu’il y aurait un poids, un sous-poids et un sur-poids.

Il n’y a pas vraiment de réponse idéale, le débat existe même au sein des milieux militants. Il est également toujours compliqué de s’entendre dire que l’on est gros·se lorsqu’on n’est pas sensibilisé·e à l’utilisation de ce vocabulaire. Et sur des populations jeunes, le mot “gros·se” peut faire des dégâts puisqu’il a encore une connotation négative

Si l’occasion d’en discuter avec les élèves se présente, il peut être judicieux d’ouvrir la discussion avec une question du type “comment préférez-vous qu’on qualifie les personnes grosses ?”. Peut-être qu’un débat très intéressant sur le vocabulaire s’ouvrira. Lors de cette discussion vous pouvez tout à fait préciser qu’il y a des personnes qui ne voient aucun souci à l’utilisation de l’adjectif “gros·se” pour se désigner, comme on pourrait utiliser “brun·e”, ou “grand·e”. Ce temps de discussion peut aussi permettre de sensibiliser les élèves à la question de la grossophobie.

Comment réagir face à l’infirmièr·e scolaire qui conseille un rééquilibrage alimentaire à des élèves ?

Déjà, il est possible de commencer par lui rappeler que l’expression “rééquilibrage alimentaire” n’est que la nouvelle expression pour parler de régimes, et que 95% des régimes sont des échecs

Il est dangereux de mettre un·e enfant / adolescent·e au régime, puisqu’iel n’a pas fini sa croissance, et que ces restrictions alimentaires peuvent amener des carences, mais peuvent aussi être la porte ouverte aux troubles du comportement alimentaire (TCA). Selon le Ministère des Solidarités et de la Santé, les TCA concernent environ 600 000 adolescent·e·s et jeunes adultes entre 12 et 35 ans dont 90% de jeunes filles ou de femmes. Il y a également une prévalence des tentatives de suicide chez les personnes qui développent ce genre de troubles.

Le régime, ou rééquilibrage alimentaire, n’est pas la solution. La prise, ou la perte de poids n’est souvent que le symptôme de quelque chose d’autre et n’est pas révélateur de l’état de santé. Le rôle de l’infirmière scolaire, dans ce cas là, aurait été, si iel avait été formé à la question de la grossophobie, d’aller chercher plus loin que seulement le changement de poids.

Il est également possible renvoyer lea professionnel·le de la santé en milieu scolaire vers les ressources que nous avons produites, et notamment :

  • Quels conseils donneriez-vous à des jeunes filles pour ne pas subir le body-shaming, toutes les remarques liées à leurs corps ou la pression de la norme ?

C’est un travail de longue haleine, on ne se réveille pas un matin en ayant plus rien à faire de ce genre de remarques. L’expérience et l’âge te permettent de t’endurcir. 

Mais il est important de ne pas laisser passer ce genre de remarques, et de ne pas banaliser ce genre de discours

Si la personne concernée n’a pas l’énergie, il faudrait qu’elle puisse s’appuyer sur une personne soutien, sur un·e allié·e. Si on n’est pas concerné·e il est important de prendre la liberté d’agir dans ces cas-là protéger, sensibiliser, rassurerFaire communauté et solidarité est important, et permet de faire face plus facilement à la grossophobie et au body-shaming. 

Déconstruire sa grossophobie intériorisée peut aussi être une étape importante, puisque celle-ci peut nous rendre plus vulnérable face à ces attaques. Être bienveillant·e avec soi-même est la clé. Dans tous les cas, il ne faut surtout pas laisser passer les propos et les actes grossophobes, et stigmatisants.

N’hésitez pas à nous faire part de vos retours d’expérience ! 

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Introduction

La grossophobie en milieu scolaire est un élément important dans nos luttes contre les discriminations grossophobes. En effet, selon l’OMS, 63% des enfants gros·ses risquent d’être victimes de harcèlement et 75% des enfants de moins de 10 ans associent le fait d’être gros·se à quelque chose de négatif. Les personnes grosses représentent environ 15,3% de la population adulte française et 4% des enfants âgé·e·s de 6 à 17 ans. Il est donc essentiel de donner un sentiment d’inclusion et de respect de leur personne à ces enfants concerné·e·s par les oppressions grossophobes. 

Comptez-vos élèves, si vous avez, plus ou moins, 4 élèves pour 100 qui sont gros·ses, le compte est bon. Ce chiffre peut varier selon la zone où vous enseignez. Il y a un lien entre précarité et grosseur ce qui peut faire diminuer ou augmenter ce chiffre selon l’établissement, mais aussi selon la zone géographique. Souvent, les régions où le taux de chômage est le plus élevé sont aussi les régions où l’on retrouve le plus de personnes grosses.

La grossophobie est aussi une discrimination genrée, ce sont les femmes et les jeunes filles qui en pâtissent le plus. Par exemple, chez les filles, l’âge moyen du premier régime est de 8 ans. Mais il existe aussi d’autres impacts, par exemple, notamment au niveau de l’accès à l’embauche. En effet, selon Jean-François Amadieu : “à compétences égales, pour un poste dans l’accueil, une candidate en surpoids a six fois moins de chance [d’être embauchée]. Les principales victimes de ces discriminations sont les femmes”. Ces différences genrées se reflètent également dans les chiffres liés aux chirurgies bariatriques : 80% des personnes opérées sont des femmes, contre 20% qui sont des hommes. Les femmes ont également recours à ces chirurgies à un poids moindre que celui des hommes. La pression sur les corps des femmes est donc plus importante.

Il est donc essentiel d’agir pour diminuer au maximum les violences grossophobes que les personnes grosses peuvent subir, et cela passe également par la prévention, la sensibilisation et l’action en milieu scolaire.

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Penser à l’inclusion des élèves gros·ses

Le harcèlement scolaire étant très présent chez les personnes grosses, le taux de tentatives de suicide peut être augmenté. Dans certains témoignages de harcèlement, il s’avère que l’équipe pédagogique a participé, consciemment ou non, à ce harcèlement. Il faut donc être attentif·ve à ce qui se joue dans la cour de l’établissement scolaire, mais aussi à ce qui se joue dans la salle des profs, dans les couloirs, et à l’extérieur de l’établissement. Il est essentiel de ne pas faire de remarques aux élèves, mais aussi aux collègues, sur leur poids.

Il est aussi important de préciser que ce n’est pas le rôle de l’enseignant·e d’alerter sur l’état de santé d’un·e élève. D’autant plus qu’une prise ou une perte de poids n’est pas le problème en soit, mais est souvent le symptôme de quelque chose de plus profond : un souci à la maison, à l’école, etc. Le plus important est donc d’entamer une conversation avec l’élève en question, si vous avez une relation de confiance, afin de lui permettre de poser des mots sur ses maux, s’iel le souhaite. Il est également possible de faire appel à l’équipe pluridisciplinaire, peut-être que certain·e·s de vos collègues (assistant·e·s d’éducation, infirmièr·e, assistant·e social·e, etc.) ont des ressources bienveillantes qui peuvent être pertinentes pour la situation.

L’inclusion des enfants gros·ses à la vie de l’école est un enjeu important. Cette inclusion passe par une vigilance importante dans les cours d’EPS, notamment, qui sont un terreau fertile à la grossophobie. C’est un constat qu’on a pu dresser grâce aux nombreux témoignages que nous avons reçus, mais également au travers des échanges qui ont pu avoir lieu lors de certains de nos groupes de parole. C’est un cours qui a pu laisser des marques importantes sur les personnes grosses.

Des pistes de solutions pour améliorer l’intégration des élèves gros·ses dans le cadre scolaire

    • Penser à l’agencement de vos classes. Vous devez pouvoir offrir la possibilité de se mouvoir facilement dans celles-ci. L’espace est parfois si restreint entre les tables, les chaises, etc. qu’il devient difficile pour un·e élève gros·se de se mouvoir correctement dans la classe. Ce qui lea mettra en difficulté lors de l’entrée, ou la sortie de la classe, mais aussi lorsque l’élève devra passer au tableau. L’espace est souvent restreint, on ne peut pas pousser les murs, mais il est toujours possible de faire preuve d’ingéniosité.
    • Penser aux équipements : il faut éviter à tout prix les sièges à accoudoir, les strapontins, ou encore les tablettes directement incluses à la chaise. Ces équipements peuvent empêcher les élèves gros·ses d’être installé·e·s confortablement, mais peuvent aussi parfois les blesser.
    • Présenter / étudier des figures, des personnes grosses positives dans les différentes matières. L’idéal est d’éviter au maximum les caricatures (par exemple les caricatures du capitalisme en homme gros, ou Obélix qui est un personnage qui ne pense qu’à manger et qui n’est pas très intelligent). Si vous parlez de ce genre de représentations, il est essentiel d’apporter un regard très critique. La représentation dans les médias et dans les matières étudiées est importante pour la construction de soi. Une mauvaise représentation peut détruire la confiance en soi ou donner une faible estime de soi.
    • Faire attention aux uniformes scolaires : les blouses ou les tenues de travail en établissement professionnel, par exemple, sont à penser correctement. Elles ne sont souvent pas inclusives. Souvent, quand l’établissement les fournit, celui-ci ne prévoir pas une solution ou une alternative en grande taille, ce qui peut mettre des élèves, et leurs familles, en grande difficulté, soit du point de vue économique (puisque nous avons vu qu’il y avait un rapport entre précarité et grosseur) ou au niveau de la sécurité ou du confort. Penser à une alternative prenant en compte toutes les tailles, et à un coût raisonnable peut s’avérer essentiel.
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         En EPS

      • Si la possibilité existe, proposer un espace pour que les élèves puissent se changer loin du regard des autres élèves
      • Ne pas laisser passer les remarques, les moqueries liées à l’apparence physique mais aussi aux capacités sportives
      • Mettre les élèves gros·ses en chef d’équipe pour leur éviter la violence d’être choisi·e·s en dernier (et donc de creuser le fossé entre elleux et les autres élèves)
      • Prendre en compte les capacités physiques et sportives de chacun·e parce que tout le monde a des capacités différentes
      • Avoir des chasubles / dossards inclusifs. Ils sont souvent trop étroits pour les élèves gros·ses, et peuvent donc les mettre dans une situation d’embarras assez conséquente. Il est possible de réfléchir à un autre mode de différenciation des équipes : bandanas colorés, bracelets de sport colorés, etc.
      • Si vous êtes témoin des remarques de la part des autres élèves, n’hésitez pas à mettre en place des moments de médiation, de sensibilisation qui peuvent avoir lieu, par exemple, pendant une heure de vie de classe. Il est tout à fait possible de s’appuyer sur de nombreuses ressources, mais aussi sur des militant·e·s, des associations, des collectifs. 

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Questions · Réponses 

 

Comment offrir une représentation positive des personnes grosses aux élèves ? Comment peut-on faire prendre conscience qu'il peut exister une certaine forme de fierté des personnes grosses et sortir du modèle victimisant ?

  • Il est possible de sortir de la victimisation par la représentation de modèles positifs. De plus en plus de célébrités sont grosses, ce qui permet d’avoir des exemples concrets qui peuvent parler aux plus jeunes. Par exemple : Lizzo, chanteuse états-unienne et Yseult, chanteuse française. En littérature, on peut également profiter du travail d’Alexandre Dumas, qui était gros. Pour les plus jeunes élèves, il est possible de s’appuyer sur la figure de Steven Universe, un héros de dessin animé, qui est gros.

    Il faut sortir de la représentation très misérabiliste souvent représentée dans les médias. Les journaux utilisent souvent des illustrations de personnes grosses en train de manger, ou de personnes grosses sans visage. Si vous étudiez ce genre d’articles en cours, il est essentiel d’apporter un regard critique. Le mieux étant d’étudier des articles qui présentent les personnes grosses correctement, sans déshumanisation.

Comment faire face à la pression grossophobe ?

En tant qu’allié-e, il est important d’agir et de faire face à ces pressions. Dire aux personnes qui tiennent des propos, ou qui ont des actions grossophobes qu’il est nécessaire de s’occuper de ce qui les regarde. Ce n’est pas évident de devoir réagir à chaque propos, à chaque action grossophobe lorsqu’on est concerné·e, ou que l’on est lea gros·se de service. Donc il est important de pouvoir s’appuyer sur d’autres personnes. Il est toujours possible, aussi, de faire un travail pédagogique auprès de ces personnes discriminantes afin de faire évoluer les mentalités. Pour savoir comment être un·e bon·ne allié·e contre la grossophobie, nous vous renvoyons vers l’article Être un(e) allié(e) non-gros(se) écrit par Edith Bernier.

Comment faire pour sensibiliser à la question de la grossophobie, sans que les élèves gros·ses ne se sentent pointé·e·s du doigt ?

Si l’atelier est amené de manière positive, il n’y aura pas de dégâts sur les élèves concerné·e·s. De plus en plus de ressources sont disponibles pour mener à bien ce genre de moments. Les personnalités grosses étant de plus en plus nombreuses, il est possible de s’appuyer dessus pour ouvrir la discussion et sortir de l’aspect négatif de la grosseur que tout le monde véhicule. Il est aussi important de signifier qu’il y a des recours contre la grossophobie et les discriminations de manière générale. La loi est du côté des personnes discriminées. Vous avez la possibilité de faire un sondage de type : “combien de personnes se sentent grosses?”, afin de mesurer la proportion de personnes qui se sentent ainsi par rapport à la proportion de personnes qui le sont réellement, ou qui sont perçues comme telles. Vous pouvez également vous tourner vers du contenu créé par les militant·e·s, les associations et les collectifs. Par exemple, le compte Instagram @labandedesgros permet de montrer les passages grossophobes dans les films.

A quel moment peut-on se considérer gros·se ? Est-ce au travers du regard des autres ?

  • Il y a déjà une différence notable à faire entre body-shaming et grossophobie. Le body-shaming c’est une pression sur les corps pour correspondre à une norme donnée. A cause du body-shaming, beaucoup de personnes se sentent grosses. Mais être gros·se ce n’est pas uniquement un ressenti. Tu peux être gros·se dans le regard des autres, sans l’être réellement.

    Ensuite, la médecine définit les personnes grosses par rapport à leur IMC, mais l’IMC est un outil pathologisant qui est dépassé et ce pour de nombreuses raisons. Il n’est pas un outil qui nous semble pertinent pour savoir qui est gros·se, ou qui ne l’est pas. 

    A Gras Politique, nous aimons bien donner l’exemple du maillot de bain, pour savoir si vous êtes gros·se : Si le 15 août, en vacances dans une sous-préfecture, tu perds ta valise. Arrives-tu à pouvoir t’acheter un maillot de bain dans lequel tu rentres ? Si oui, tu n’es pas gros·se. Être gros·se, c’est vivre des discriminations au quotidien, c’est un système d’oppressions. Aubrey Gordon (Your Fat Friend) dans Who’s fat enough to be fat ? dit que “les personnes grosses seraient l’ensemble des personnes qui sont unies par des expériences courantes et inévitables d’exclusion. Pas seulement celles qu’on a traitées de « grosse » ou « gros », car nous l’avons presque toutes et tous été au moins une fois dans notre vie, mais celles pour qui la satisfaction des besoins de base est limitée, restreinte de façon importante. Il ne s’agit pas seulement des gens qui ont de la difficulté à trouver des vêtements qui leur plaisent, mais de celles et ceux qui ont de la difficulté à trouver des vêtements tout court. Et, plus encore que les gens qui se sentent mal à l’aise dans les bus ou les avions, certains sont publiquement ridiculisés pour avoir osé utiliser le transport collectif.” (traduction par Edith Bernier, dans Grosse, et puis ?).

Pourquoi on ne voit que très peu de professeur·e·s gros·ses ?

  • Comme nous le disions précédemment, il y a un lien entre personnes grosses et personnes précaires. Et, de nombreuses études ont montré que les personnes précaires s’arrêtent souvent assez tôt dans les études. Ce qui peut expliquer une partie du manque de représentation des personnes grosses dans le professorat. Pour aller plus loin, vous pouvez vous tourner vers la théorie de la reproduction sociale développée par Pierre Bourdieu. 

    Il y aussi probablement une part de prophétie auto-réalisatrice. Il existe un cliché comme quoi les personnes gros·ses seraient bêtes, et qui est lié au fait que la grosseur serait une maladie de la volonté. A force de devoir faire face à ce cliché, peut-être que certaines personnes l’ont intériorisé et s’auto-sabotent, ce qui pourrait peut-être expliquer qu’il y ait moins de personnes grosses dans les études supérieures, parce qu’une partie s’arrêterait plus tôt. 

    Le harcèlement grossophobe que peuvent vivre les personnes grosses peut aussi jouer dans ce phénomène. Le harcèlement peut entraîner une phobie scolaire, des anxiétés sociales, un manque de confiance en soi, qui peuvent venir impacter la réalisation des études supérieures. L’école est un endroit qui peut être très compliqué pour les personnes grosses.

Comment utiliser le mot “gros·se” en milieu scolaire, alors qu’il s’agit, pour l’instant, d’une utilisation très politique ?

l vaut mieux vaut bannir l’utilisation des mots “rond”, “voluptueux”, etc. Ce sont des termes qui ont tendance à vouloir arrondir les angles, et sont souvent assez agaçants à entendre.

Les termes médicalisants sont aussi à éviter, dans la mesure du possible (surpoids, obésité, etc.). D’autant plus que l’expression “sur-poids” sous-entendrait qu’il y aurait un poids, un sous-poids et un sur-poids.

Il n’y a pas vraiment de réponse idéale, le débat existe même au sein des milieux militants. Il est également toujours compliqué de s’entendre dire que l’on est gros·se lorsqu’on n’est pas sensibilisé·e à l’utilisation de ce vocabulaire. Et sur des populations jeunes, le mot “gros·se” peut faire des dégâts puisqu’il a encore une connotation négative

Si l’occasion d’en discuter avec les élèves se présente, il peut être judicieux d’ouvrir la discussion avec une question du type “comment préférez-vous qu’on qualifie les personnes grosses ?”. Peut-être qu’un débat très intéressant sur le vocabulaire s’ouvrira. Lors de cette discussion vous pouvez tout à fait préciser qu’il y a des personnes qui ne voient aucun souci à l’utilisation de l’adjectif “gros·se” pour se désigner, comme on pourrait utiliser “brun·e”, ou “grand·e”. Ce temps de discussion peut aussi permettre de sensibiliser les élèves à la question de la grossophobie.

Comment réagir face à l’infirmièr·e scolaire qui conseille un rééquilibrage alimentaire à des élèves ?

Déjà, il est possible de commencer par lui rappeler que l’expression “rééquilibrage alimentaire” n’est que la nouvelle expression pour parler de régimes, et que 95% des régimes sont des échecs

Il est dangereux de mettre un·e enfant / adolescent·e au régime, puisqu’iel n’a pas fini sa croissance, et que ces restrictions alimentaires peuvent amener des carences, mais peuvent aussi être la porte ouverte aux troubles du comportement alimentaire (TCA). Selon le Ministère des Solidarités et de la Santé, les TCA concernent environ 600 000 adolescent·e·s et jeunes adultes entre 12 et 35 ans dont 90% de jeunes filles ou de femmes. Il y a également une prévalence des tentatives de suicide chez les personnes qui développent ce genre de troubles.

Le régime, ou rééquilibrage alimentaire, n’est pas la solution. La prise, ou la perte de poids n’est souvent que le symptôme de quelque chose d’autre et n’est pas révélateur de l’état de santé. Le rôle de l’infirmière scolaire, dans ce cas là, aurait été, si iel avait été formé à la question de la grossophobie, d’aller chercher plus loin que seulement le changement de poids.

Il est également possible renvoyer lea professionnel·le de la santé en milieu scolaire vers les ressources que nous avons produites, et notamment :

  • Quels conseils donneriez-vous à des jeunes filles pour ne pas subir le body-shaming, toutes les remarques liées à leurs corps ou la pression de la norme ?

C’est un travail de longue haleine, on ne se réveille pas un matin en ayant plus rien à faire de ce genre de remarques. L’expérience et l’âge te permettent de t’endurcir. 

Mais il est important de ne pas laisser passer ce genre de remarques, et de ne pas banaliser ce genre de discours

Si la personne concernée n’a pas l’énergie, il faudrait qu’elle puisse s’appuyer sur une personne soutien, sur un·e allié·e. Si on n’est pas concerné·e il est important de prendre la liberté d’agir dans ces cas-là protéger, sensibiliser, rassurerFaire communauté et solidarité est important, et permet de faire face plus facilement à la grossophobie et au body-shaming. 

Déconstruire sa grossophobie intériorisée peut aussi être une étape importante, puisque celle-ci peut nous rendre plus vulnérable face à ces attaques. Être bienveillant·e avec soi-même est la clé. Dans tous les cas, il ne faut surtout pas laisser passer les propos et les actes grossophobes, et stigmatisants.

Les cours de yogras de Gras Politique

Contraction de Yoga et de Gras, Le Yogras est une pratique du yoga adaptée à nous, les personnes grosses.

Le yogras est ouvert principalement aux personnes grosses qui souhaitent bénéficier d’un cours de yoga en toute bienveillance, et surtout adapté à leurs capacités et mobilités. Nos professeures sont désireuses de s’adapter à tout·te·s les participant·e·s.

Gras Politique organise ces cours depuis 2016. D’abord en présentiel à Paris, le Yogras se déroule maintenant en visio-conférence via le service Zoom.

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Tous les mercredis soir

Le yogras a lieu toutes les mercredis soir en visio-conférence. Nous utilisons le logiciel Zoom pour mettre en place les cours. Ils sont animés en alternance par Alice jusqu’à la fin du mois de janvier, puis par Béa jusqu’à la fin de l’année qui s’adaptent à vos besoins.

Avec peu de matériel

Un tapis de yoga, ou un tapis confortable qui ne glisse pas, ni sur le sol, ni sur le corps.

Une chaise confortable qui pourra vous aider pour certaines postures

1 ou 2 blocs. Si vous n’en avez pas, des gros livres peuvent faire l’affaire.

Une couverture et des vêtements chauds pour les temps de médiation / relaxation

Pour les cours de Béa : 1 ceinture d’au moins 2 mètres. 1foulard peut faire l’affaire

Le Yogras c'est qui ?

Béa

Française établie à Madrid depuis 2008, je me suis d’abord formée en yoga kundalini pour mes propres intérêts et j’ai rapidement compris que l’ultime apprentissage passait par transmettre mes connaissances en donnant des cours. Petit à petit je me suis spécialisée dans un public aux besoins différents : lésion de la moelle épinière, sclérose en plaque, démence, autisme… rendre accessible le yoga à tout type de corps et de tête est devenu une priorité.
Je m’efforce aussi à faire de mes cours des espaces « safe » pour tous les genres, identités et religions.
Le but de la pratique de yoga est de sortir de sa zone de confort mais pour ça il faut avant tout établir une vraie zone de confort.

Alice

J’ai découvert le yoga au début de mon adolescence. Au début simple activité physique extra scolaire, je me suis ensuite rendue compte des bienfaits de cette discipline et de son importance pour moi dans ma vie de jeune adulte. Après 10 ans de pratique, j’ai décidé de devenir professeure de yoga à mon tour pour transmettre tout ce que j’ai appris, accordée avec mes valeurs : je souhaite rendre le yoga plus inclusif.

Mes cours sont axés autour de l’inclusivité : pas de discours moralisateurs sur à quoi il faudrait ressembler, ce qu’il faudrait faire, etc. Juste une bulle safe pour avoir un moment pour soi sans compétition et avec des options pour tout le monde.

Cassandre

Pour moi ces séances agissent à deux niveaux. Bien sur physiquement c’est bon de recommencer à bouger de manière adaptée à nos différents coprs et particularités. Il y a toujours une solution et Béa est tellement profondément engagée dans ce process ! Mais encore plus la communauté, la sécurité d’un groupe sans jugement ultra safe. Après le premier cours j’en ai pleuré de soulagement et de gratitude donc merci !  

Anonyme

Ca fait du bien ! J’ai toujours été hyper mal à l’aise quand je faisais du yoga, et ça fait du bien d’être dans un cadre bienveillant pour ce type d’activité ! :)

Florence

J’ai participé aux cours avec Alice l’année dernière et ça m’a fait énormément de bien. Un grand merci à Alice et à vous pour ces cours

Queer avec un Gros Q, en quoi la grosseur est un enjeu queer et féministe

Queer avec un Gros Q, en quoi la grosseur est un enjeu queer et féministe ?

Traduction d'un article de Anna Mollow

Peu après la prise de fonctions de Barack Obama en 2009, la première dame Michelle Obama a lancé une campagne nationale d’amincissement intitulée « Let’s Move! » (« Bougeons ! ») et, par là même, une nouvelle escalade de la « guerre contre l’obésité » déjà profondément enracinée aux États-Unis, semblant surfer sur les thèmes de campagne de son mari, l’espoir et le changement, tout en favorisant nettement le secteur de la perte de poids qui représente 60 milliards de dollars par an dans le pays. 

Tout comme lors des guerres métaphoriques précédentes (contre les drogues et le terrorisme), dans ce combat contre la grosseur, il est difficile de distinguer les héros des ennemis ou, selon les termes rendus célèbres par l’émission de télé-réalité The Biggest Loser, aussi brutale que populaire, de distinguer les grands gagnants des « grands perdants ». Celles et ceux qui poursuivent le combat dans la guerre contre « l’obésité » font parfois preuve d’ambiguïté quant à ce qui (les kilos ?) ou qui (les personnes grosses vues à la télé en train de manger des frites ?) en constituent les cibles. « Détester le péché mais aimer le pécheur » pourrait être le cri de ralliement du combat de l’Amérique contre le vice présumé qu’est la grosseur. Cibles constantes de moqueries, emblèmes pratiques de la « mauvaise santé » et du manque de contrôle, épouvantails d’un avenir dont il faut préserver nos enfants : les personnes grosses sont-elles ce que les personnes queers étaient pour la génération précédente ?

Depuis la création de The Fat Underground en 1973 par les féministes radicales Judy Freespirit et Aldebaran, les militant·es gros·ses s’efforcent de mettre en lumière la nature inséparable de l’homophobie et de la grossophobie. De nos jours, une communauté grosse et queer dynamique met au premier plan cette même intersection. Mais les communautés queers dans leur ensemble n’ont pas encore épousé la cause de la libération des personnes grosses. « Je n’ai pas l’impression qu’en général, l’attitude des gays et lesbiennes quant à la corpulence permet aux personnes grosses de se sentir acceptées, » note la militante grosse et queer Julia McCrossin.

Elle donne en exemple les programmes de perte de poids promus par le Mautner Project (l’organisation nationale lesbienne pour la santé), qui reposent sur la croyance qu’il est mauvais pour la santé d’être gros·se. Il s’agit du premier parallèle entre l’oppression des personnes grosses et l’homophobie : la présomption largement partagée qu’il est question d’une affection dangereuse.

En 1966, le magazine Time décrivait l’homosexualité comme une « maladie pernicieuse ». Aujourd’hui, « une épidémie mortelle » est le cliché le plus courant pour parler d’« obésité ». Les termes « obèse » et « en surpoids », privilégiés par un corps médical qui reçoit de généreuses dotations de la part du secteur pharmaceutique (qui fabrique des médicaments visant la perte de poids) et du secteur des régimes (qui finance la majeure partie des grandes études sur l’« obésité »), et qui a lui-même tout intérêt à pathologiser la grosseur (la chirurgie bariatrique est une affaire de gros sous), donnent l’impression qu’un poids supérieur à la moyenne constitue une maladie. Mais la corrélation entre corpulence et santé est en fait minime. Les risques liés à l’« obésité morbide » ne sont pas plus élevés que ceux liés au fait d’être de sexe masculin, et les personnes « en surpoids » vivent plus longtemps que les personnes de poids « normal ». De plus, l’idée que la grosseur représente un risque pour la santé passe outre un principe élémentaire de l’analyse statistique : corrélation n’est pas causalité. Les petites différences d’espérance de vie entre les personnes de corpulence moyenne et les personnes très grosses ne sont probablement pas dues au poids lui-même, mais plutôt à des facteurs liés à la grosseur : stigmatisation sociale, discrimination économique, ainsi que les effets néfastes des régimes restrictifs et des médicaments visant la perte de poids.

Les conservateurs mettent l’« épidémie d’obésité » dont parlent tant les médias sur le compte d’un manque de volonté individuel, tandis que les libéraux accusent les fast-foods, les repas scolaires riches en calories et les emplois sédentaires. Mais il est peu probable que l’un ou l’autre de ces facteurs soit responsable de notre grosseur. Après tout, les personnes minces regardent la télévision et mangent à McDo elles aussi, et il n’a jamais été prouvé que les personnes grosses consomment plus de calories, ou plus de « junk food », que les autres. Et comme de nombreux livres de qualité l’ont démontré (voir The Diet Myth de Paul Campos et Rethinking Thin de Gina Kolata pour des explications détaillées sur quelques-unes des informations scientifiques présentées dans cet article), nous ne sommes pas au beau milieu d’une « épidémie » de grosseur. Depuis 1990, les Américain·es ont pris, en moyenne, environ 7 kg. Il n’y a guère de quoi s’alarmer, d’autant plus que cette augmentation modeste de notre corpulence collective peut être une bonne chose : une diminution du tabagisme pourrait être l’une de ses causes (arrêter de fumer donne généralement lieu à une prise de poids), tout comme la popularité grandissante de la musculation sous diverses formes (les statistiques sur l’« obésité » sont basées sur l’IMC, qui classe Matt Damon parmi les personnes « en surpoids » et Tom Cruise dans les « obèses »).

La grosseur n’est pas non plus un « style de vie », un qualificatif que les conservateurs emploient souvent à propos de l’homosexualité. La corpulence est avant tout déterminée par la génétique, et si les régimes et programmes d’exercice physique peuvent donner lieu à une perte de poids à court terme, ils ont un taux d’échec de 95 % à long terme. Pourtant, comme les personnes queers vivant avec le VIH ou le SIDA, les personnes grosses sont stigmatisées pour un état de santé dont elles sont tenues pour responsables. Elles font l’objet d’intimidations de la part de conservateurs comme Mike Huckabee, de moqueries de la part de libéraux comme Jon Stewart (à qui il ne viendrait évidemment pas à l’idée de plaisanter sur le dos des lesbiennes ou des gays), de sermons sur leur poids de la part des professionnels de santé, et subissent en plus un déluge de publicités promettant de « soigner » leur prétendu problème.

Ça vous rappelle quelque chose ? Les tentatives menées par la psychiatrie pour soigner l’homosexualité, peut-être ? Les inquiétudes de notre culture quant à l’« épidémie d’obésité », sa promotion d’un régime révolutionnaire ou produit miracle après l’autre, et son intimidation moraliste de celleux qu’elle estime « trop gros·ses » sont aussi propices à la haine de soi que le sont les « thérapies de conversion » visant les personnes queers. Mais alors que les dangereuses thérapies de conversion que les fondamentalistes religieux pratiquent sur les personnes LGBTQ sont à juste titre la cible de contestations politiques et d’interventions de la justice, l’utilisation de thérapies de conversion pondérales approuvées par le corps médical (autrement dit, les régimes) provoque bien moins de remous à gauche. « Let’s Move! », fait remarquer McCrossin, est en fin de compte « une thérapie de conversion, dans une version visant les personnes grosses, sponsorisée par le gouvernement et ciblant les enfants ». Si nous interdisons l’utilisation des thérapies de conversion sur les enfants (une pratique désormais condamnée par l’Association américaine de psychiatrie), pourquoi imposons-nous donc des programmes semblables aux enfants gros, exposant des adolescents, comme on l’a vu récemment, à l’humiliation et aux risques pour la santé qu’implique la compétition pour le titre du « plus grand perdant » ?

Notre psyché collective aurait-elle besoin d’un bouc émissaire ? Les personnes LGBTQ commencent à obtenir une certaine légitimité, alors peut-être faut-il leur trouver des remplaçants, et les personnes grosses (ainsi que d’autres personnes « marginales », comme les musulman·es, les immigrant·es, les sans-abri et les fol·les) font parfaitement l’affaire. S’il existe en nous toustes un besoin psychique profondément ancré qui nous pousse à faire d’un « autre » marginalisé l’objet de notre colère et de nos insatisfactions, alors comment pouvons-nous résister à l’envie d’obéir à cette pulsion ? Ce sont des questions que nous devrions nous poser ; mais au lieu de cela, il semblerait que nous préférions nous lancer dans des discours psychologisants quant à l’incapacité supposée des personnes grosses à résister à leurs envies. Nous parlons avec assurance des causes de la suralimentation (qui concerne forcément les personnes grosses, supposons-nous) : « manger ses émotions », l’« addiction à la nourriture », la grosseur comme « bouclier » face à une sexualité « normale », la nourriture en guise de « substitut à l’amour ».

Ces explications dignes de psychologues de comptoir sont aussi spécieuses que les théories que l’on entendait autrefois sur les « mères dominatrices » et les « pères absents » comme causes de l’homosexualité masculine, ou les « mauvaises expériences avec les hommes » comme prérequis au lesbianisme. Et pourtant, elles font figure de vérités généralement acceptées, même parmi les militant·es féministes et queers. Le poids, on le sait depuis longtemps, est un enjeu féministe ; mais le best-seller éponyme de Susie Orbach (1978, traduit en français en 2017) offre une thèse franchement grossophobe, incitant ses lecteur·ices à réussir une « perte de poids permanente » en apprenant à « régler [leur] compulsion alimentaire ». Læ théoricien·ne queer Lauren Berlant contribue également à la dévalorisation de la grosseur (et peut-être, par mégarde, aux préjugés racistes et classistes) en s’inquiétant des « sous-prolétaires américain·es » et personnes racisé·es qui succombent à une « mort lente » due à l’obésité.

La mort, lente ou rapide, est ce qui nous fait vraiment peur lorsque nous faisons une fixation sur l’« épidémie d’obésité ». Comme l’a écrit Leonard Pitts, chroniqueur progressiste soutenant la cause homo : « nous sommes une nation de gros lards qui se dandinent vers leur perte ». C’est non seulement cruel, mais factuellement inexact : les Américains n’ont jamais vécu aussi longtemps. Cependant, la remarque de Pitts est intéressante car elle clarifie la fonction que le concept d’obésité occupe dans notre culture actuelle. L’obésité et l’homosexualité se ressemblent et se recoupent, les deux termes permettant aux Américain·es de parler par procuration de leurs angoisses à propos de la mort, du handicap et de la maladie. Dès qu’il est question du SIDA, les commentateurs conservateurs dénoncent la « maladie » de l’homosexualité et qualifient l’homosexualité masculine de « culture de la mort ». Si l’on en croit la droite, les sexualités queers représentent une menace pour nos enfants, un risque pour la sécurité nationale et un fléau pour notre avenir. On retrouve le même genre de discours lorsque l’on parle d’« obésité », à gauche comme à droite : les personnes grosses sont accusées de « mourir de trop manger », d’affaiblir notre armée, de surcharger notre système de santé et de favoriser la maladie chez les enfants.

De toute évidence, les revendications homophobes sont indissociables de la peur et de la haine envers les personnes grosses dans notre culture. L’injure « grosse gouine », qui sert à maintenir sous contrôle des femmes de toutes corpulences et orientations sexuelles, est un parfait exemple des intersections profondément enracinées entre grossophobie et homophobie. Le fait est qu’une nouvelle étude, financée au niveau fédéral, cherche à déterminer pourquoi les femmes et jeunes filles lesbiennes et bisexuelles font partie des populations « les plus durement touchées » par l’« épidémie d’obésité ».

Les femmes queers ne sont pas le premier groupe à faire l’objet de ce genre d’attention : les niveaux disproportionnés d’« obésité » parmi les populations latinx et afrodescendantes sont aussi ciblés par différentes interventions de santé publique depuis des décennies. Dans le chapitre qu’elle a rédigé dans The Fat Studies Reader (2009), Bianca D. M. Wilson décrit ce qu’elle ressent en entendant des déclarations sur le thème « c’est mal d’être gros » appliqués aux communautés auxquelles elle appartient : « Cela me rappelle que j’appartiens aux “populations cibles”, les personnes noires et grosses ou lesbiennes… Leur discours sur ma mort prématurée et imminente en raison de ma corpulence se juxtapose à mes expériences et mon travail au sein des communautés noires homosexuelles, ce qui démontre qu’il existe des ennemis bien plus dangereux pour la santé et le bien-être des femmes noires lesbiennes et bisexuelles que la graisse de notre corps, comme la violence, la pauvreté et l’oppression psychologique. » 

Les programmes anti-obésité à destination des personnes racisées et des femmes queers ne peuvent qu’exacerber les problèmes évoqués par Wilson : en renforçant les préjugés grossophobes, ils exposent ces groupes à davantage de violence, de discrimination économique et d’hostilité de la part de la culture dominante. Comme le fait remarquer Margarita Rossi, une militante grosse, queer et latina, dans une interview avec Julia Horel de Shameless Magazine : « la grossophobie sert souvent de prétexte au racisme, et inversement ».

En tant que militant·es antiracistes, féministes et queers, nous devons faire de la libération des personnes grosses un aspect central de notre travail ; nous devons rejeter de façon explicite et sans équivoque l’idée que la corpulence est un « choix de vie » qui peut ou devrait être changé. Et ne nous y trompons pas : il est dans l’intérêt de toustes, quelle que soit notre corpulence, de devenir les allié·es des personnes grosses. Je suis une femme mince, et pourtant, ma vie me donne bien des raisons de combattre l’oppression des personnes grosses. Comme la plupart des femmes, j’ai passé des années terrorisée à l’idée d’être ou de devenir « trop grosse » (ce n’est pas une coïncidence si pendant ces mêmes années, j’avais aussi très peur d’être ou de devenir lesbienne). Ma compagne (et future épouse) est une femme grosse. La vie avec une maladie chronique souvent considérée comme « psychosomatique » m’a appris ce que c’est que de se voir reprocher une condition physique sur laquelle je n’ai absolument pas prise. Un jour, je serai peut-être grosse, moi aussi. Et j’en ai assez des oppressions de toutes sortes : je refuse de participer à la maltraitance d’un groupe entier de personnes sous le simple prétexte que leur apparence ne correspond pas aux idéaux hégémoniques de la « normalité ».

La guerre contre la grosseur, tout comme les tentatives visant à « guérir », « convertir » ou « réparer » les sexualités queers, va échouer. Tout comme (et nous devons nous en assurer) la guerre contre les personnes grosses. Si vous voulez dire que vous étiez du bon côté de ce combat quand la libération des personnes grosses deviendra mainstream (ce qui arrivera tôt ou tard), les possibilités ne manquent pas. Pour commencer, arrêtez les régimes. (Et si vous dites que vous n’êtes pas au régime mais que vous adoptez simplement une « façon de manger plus saine », demandez-vous si vous continueriez à respecter ces restrictions alimentaires si vous saviez qu’elles allaient vous permettre d’être en meilleure santé, mais avec 20 kg de plus.) Évitez tout discours ayant trait aux régimes : prenez conscience que des remarques comme « il faudra que j’en fasse plus à la salle demain pour évacuer ces calories » ou « est-ce que j’ai l’air grosse avec ce pantalon ? » sont aussi problématiques que les craintes que certains vêtements ou accessoires risquent de vous donner l’air queer. Au lieu de complimenter les gens avec des adjectifs comme « menu·e », « mince » ou « svelte », trouvez d’autres aspects qui méritent vos éloges. Faites disparaître les mots « obèse » et « en surpoids » de votre vocabulaire, et remplacez-les par « gros·se », tout simplement.

Commencez à regarder les personnes grosses d’un œil nouveau ; vous remarquerez qu’elles sont aussi belles et sexy que n’importe qui d’autre. Si jusqu’ici, vous aviez exclu les personnes grosses de vos partenaires sexuel·les potentiel·les, incluez-les et excluez plutôt les grossophobes. Partez à la découverte de la blogosphère grosse (ou la « Fat-O-Sphere », comme l’appellent Kate Harding et la contributrice au magazine Bitch Marianne Kirby dans leur fabuleux guide anti-régimes). Profitez des réflexions de Tasha Fierce sur la race, le sexe et la mode grande taille sur son blog, et renseignez-vous sur les avantages immérités de la minceur sur This Is Thin Privilege. Rejoignez un groupe qui lutte à la fois contre le racisme, la grossophobie et les LGBTQphobies (comme NOLOSE ou It Gets Fatter). Soutenez la campagne « I stand against weight bullying » qui conteste le harcèlement des enfants gros validé par le gouvernement. Mangez un cookie. Ou de la tarte. Oubliez la « culpabilité ». Et faites passer le mot : beaucoup de gens n’ont jamais entendu parler de la grossophobie ou de la libération des personnes grosses, mais une fois qu’iels seront au courant, iels sauront, comme vous, ce qu’il faut faire pour arranger les choses. 

Article, publié le 10 mai 2013, disponible en version originale : cliquez ici.

Photo featuring plus-size model by Michael Poley of Poley Creative for AllGo, publisher of free stock photos featuring plus-size people.

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