Capucine – 24 ans

 

A l’âge de 6 ans, ma mère a commencé une dépression, qui dura 7 ans. Ce fut mon propre commencement ; celui de la boulimie, des kilos en trop, de la grossophobie quotidienne dont j’étais victime. A 12 ans, j’ai passé 6 mois dans un centre nutritionnel où j’y ai perdu 10kg. J’en suis sortie presque mince, fière, à peu près bien dans mon corps. Je suis restée stable jusqu’à mes 16 ans, et puis j’ai recommencé à grossir. Pleurer. Haïr mon corps.

Changer de vêtements. Essuyer les remarques grossophobes. Pleurer. Me haïr. Vouloir couper ce gras qui prenait tant de place dans la société. A 19 ans, je faisais 80 kg pour 1m60 ; je portais alors du 42/44 et du 95D. Et puis je suis tombée enceinte. Aujourd’hui, après ma grossesse et moult aventures, je fais environ 110 kg ; je porte du 50 et du 110H. Il aura finalement fallu attendre mon entrée dans le féminisme et le militantisme pour enfin accepter et aimer mon corps, et ce peu importe ses courbes, ses vergetures, ses cicatrices. Je me bats quotidiennement contre la grossophobie, qui m’a tant fait de mal par le passé, et j’expose fièrement ma carcasse opulente. Je n’ai qu’une chose à dire à tous ces gens qui m’ont persécutée et tentent encore de le faire : je m’aime, je vous emmerde.