Je suis une femme de 34 ans. Je fais 103 kilos pour 1m57 pour une taille 50 de pantalon ou 48 cela dépends où je vais l’acheter. Mais cela va évoluer parce que je suis enceinte de 4 mois.
Le mot grosse a pendant des années été dur pour moi , je me sentais qualifiée de sale, dégueulasse et feignante en plus d’être en surpoids, et je n’étais à ma place nulle part. Heureusement ça passe avec le temps. Ça dépend aussi qui me sort ce mot. Si c’est une personne pas concernée par le sujet, je le prendrais très mal forcément.
J’ai commencé à être en surpoids à l’âge deux ans, dans ma famille ma mère avait du diabète. À faire des régimes son poids faisait le yoyo constamment.
Vers 10 ans elle me faisait manger comme elle et, j’ai souvent eu faim. Dans cette famille père, mère, frère ont était tous en surpoids, j’étais la seule qui avait toujours des petites part parce qu’ une fille qui est grosse c’est pas beau, de même à la cantine de l’école, je n’avais pas la même part que les autres. Du coups sans arrêt affamée je chippais de la nourriture la nuit, et donc je ne maigrissais pas.
Vers 14 ans j’ai subi du harcèlement scolaire, on se moquait constamment de mon poids. Quand je rentrais à la maison mon père me frappait et avait plus d’estime pour son chien que pour moi.
L’été de mes 15 ans quand j’était chez ma grand-mère, je me suis mise à faire du sport et à manger peu pour maigrir. Résultat une perte de 15 kg en deux mois, la seule fois où je rentrais dans la case « normal » dans mon IMC. Quand je suis rentrée de vacances, j’étais trop maigre cette fois-ci, je ne mangeais pas assez. Ma mère me resservait souvent à manger. Résultat, j’ai tout repris avec 10 kilos de plus …
Côté études à cette période, je me rappelle qu’on m’embêtait moins mais je restais quand même dans mon coin, j’avais peur de l’ambiance du collège et de chez moi…
J’ai continué mes études dans une école de coiffure, pour le côté artistique c’était génial. J’avais perdu du poinds sans m’en rendre compte, mais je restais en surpoids. Deux ans plus tard et CAP en poche, je cherchais du travail, sans grand succès : « une personne en surpoids ne peut travailler dans des métiers d’esthétique », « vous devriez perdre du poids », un non à l’embauche aurait suffit..
Arrivée la vingtaine pas de travail, toujours en surpoids, crise d’ado tardive… Beaucoup de sorties avec des amiEs en rave party et autres. Pendant une année j’ai pris des drogues pour oublier un peu que j’ai passées des années de merde en tous points et j’ai perdu une dizaine de kilos. Les années qui ont suivi yo yo poids, yo yo travail précaire, rencontre d’un mec qui n’était pas le bon, prise de pilule, stress, chômage… Résultat : 30 kilos en plus ….
Quelques années après, j’ai rencontré le bon mec et le poids n’as pas bougé parce qu’il m’aime pour ce que je suis (début de confiance en soi). Vers la même période je suis devenue végétarienne : un rejet de violence sous toutes les forme. J’ai même commencé à ne plus faire de régimes et ne plus me peser, je surfe sur les pages de « L’Imagerie de Nina », « L’Utoptimiste », groupe anti-grossophobie,… Tout ça m’a mené à penser que moi aussi j’ai le droit d’exister et j’en suis contente. J’ai perdu 12 kilos en un an. Je m’en suis rendu compte en allant chez le pneumologue.
Aujourd’hui, je suis tombée enceinte et pris 9 kilos. La prise de poids ne m’a pas trop dérangé, c’est juste le côté surmédicalisé qui est anxiogène.
MEDICAL
Je suis asthmatique et j’ai des problèmes de thyroïde.
Dans le cadre de ma grossesse, j’ai consulté une interne qui remplaçait mon endocrinologue. Avant même de regarder mon dossier (prise de sang niquel, pas de diabète, pas de cholestérol) elle m’a demandé mon poids et jamais je n’ai autant entendue quelqu’un me dire de « faire attention à ce que je mange », « faire un régime »,. Quand je lui ai répondue qu’il était hors de question de faire un régime sa réponse a été : « mais vous êtes OBESE madame », sans m’écouter elle me rappelle aussi de faire mon test de diabète (le test se fait à 4 mois de grossesse, j’en était même pas à 2 mois ) et le « n’oubliez pas de le faire à jeûn », comme si je passais mon temps à manger. J’en suis ressortie en pleurant et en me sentant comme une merde …
Les médecins que je redoute le plus sont les généralistes, gynécos, endocrinologues et diététiciennes. Très fréquemment, le « vous pesez combien ? » est la première question, suivie de « Vous faites des activités sportives ? » avec un regard incrédule quand je réponds positivement .
Je ne vois pas de différence en fonction de l’âge. Il y a des jeunes et des vieux grossophobes, le respect c’est une question d’éducation.
À l’échographie, il y a eu des difficultés à voir mon bébé mais l’échographe a été super gentil et m’a juste dit qu’on ne pouvait pas le voir tout en restant neutre. C’est en discutant avec des connaissances que j’ai appris que c’était à cause du poids.
J’attends d’un médecin qu’il m’examine comme les autres patients et que je n’entende pas une seule fois le sujet du poids à moins que je ne le lui demande. Ou que je lui confie que ça me dérange et que je veux qu’on m’apporte des solutions.
J’ai toujours laissé passer les comportements abusifs des médecins, parce que trop habituée et lassée des mêmes phrases. Sauf cette endocrino remplaçante, quand elle m’a parlé de régime.
ESPACE PUBLIC
L’Espace public, je m’y sens bien depuis que je ne fais plus attention aux remarques dévalorisantes d’inCONnu(e)s. Je fais comme tout le monde et je traçe ma route
Ça ne m’empêche pas d’y subir des insultes : « Hey regarde ! Paul c’est ta fiancée là-bas ! », « T’as de beaux yeux mais c’est tout ce que tu as », « Elle est imposante celle-là », « Ah la grosse » …
DEMAIN
Je souhaite qu’on soit traitéEs comme tous le monde et qu’on nous fiche la paix pour ce qui est du poids, que ce soit dans les cadres scolaire, médical ou professionnel. Qu’on ai un peu plus de chances d’être recruté(e)s aussi.
Pas besoin de nous faire remarquer que l’on es en surpoids vu que l’on est les premières concernéEs et c’est comme tout, la seule personne à s’aider en 1er c’est nous mêmes, les remarques et dénigrement ne font qu’enfoncer, démoraliser et sont contre-productifs pour la suite .