Je suis non-binaire/genre fluide. J’ai une bonne vingtaine et je travaille dans la thématique du logement sous différentes facettes (politique, archi, urbain, social). Je fais 1m59 pour 90 kilos (ça fait quelques temps que je ne me suis pas peséE donc…)
– Si je te dis grosSE ?
Si tu es grosSE ça passe. Sinon, je me renseigne pour connaitre ta conception de ce mot.
[TCA, boulimie]
J’ai eu un léger “surpoids” quand j’étais petitE. On m’a emmené à l’hôpital, on m’a saoulé avec des diététicienNEs, des médecins, des prises de sang, des régimes etc etc. Maintenant que je suis “réellement” grosSE c’est tout aussi chiant. Avant je voulais maigrir, j’étais persuadéE que j’irai mieux. Maintenant je sais que mon état, mes humeurs, mon bonheur ne sont pas liéEs à mon poids. Mais vraiment pas. Même si j’ai beaucoup grossi à cause d’une boulimie non vomitive et de TCA liéE à plein de trucs dans ma vie.
MEDICAL
J’ai des problèmes médicaux qui sont liés à mon poids, et d’autres qui ne le sont pas.
J’ai tellement d’expériences traumatisantes, alors je vais juste citer la plus récente. J’étais chez le dentiste pour un détartrage. Il m’a fait passer un questionnaire auquel j’ai répondu. Il y avait une case qui demandait si j’étais diabétique. Je ne le suis pas mais la famille du côté de mon géniteur l’est. Du coup, le médecin m’a donné des médicaments pour personnes diabétiques “au cas où”, à titre de prévention. Du coup, le dentiste a décrété que si j’avais le diabète, que non j’étais pas en dépression vu que je n’avais pas de médicaments contre ça. Que j’allais mourir à 30 ans parce que la gingivite olalala surtout quand on la diabète, etc etc. C’était plutôt horrible.
Gynéco, généralistes, diététicienNEs, radiologue … Je redoute presque touTEs les médecins … Je crois que les jeunes sont un peu moins trash, mais ils ne sont pas irréprochables non plus.
Pour que je qualifie un médecin de bienveillant, il faudrait qu’il ne parle que du sujet qui m’intéresse.
Je n’accepte pas qu’un médecin me parle de moins poids. Sauf si je suis venuE pour ça.
Mais je n’ose pas leur répondre, ni quitter leur cabinet.
ESPACE PUBLIC
Pour moi, l’espace public est synonyme de zone de danger.
Je m’y sens parfois pas très bien. je me sens comme unE intru. Mais depuis que je fais pousser mes poils, je me sens mieux par rapport à mon gras et tout le reste
Je prends le bus le plus possible. Mais je ne m’y sens pas à l’aise.
En ce qui concerne les équipements publiques, ils ne me sont pas trop adaptés. Je touche les gens. Ils me touchent. Mon gras déborde. Je peux pas utiliser l’ordi dans le bus quand je voyage (genre flixbus).
Je marche beaucoup quitte à souffrir du dos et des articulations. Je reste debout. Je subis les gens qui me touchent en écoutant une musique que j’aime.
Les pires remarques ? “Sale grosse”, “J’ai déjà baisé une grosse”, “T’es grosse”…
DEMAIN