Amour et Fécondité : le Congrès du GROS – Matinée – 1/2

Gras Politique a eu la chance d’être invité à assister au congrès du Groupe de Réfléxion sur l’Obésité et le Surpoids (GROS). Le thème de cette rencontre 2017 entre soignant.es et professionnel.les de la santé était : Amour et Fécondité.

Vous trouverez ici le compte-rendu de cette journée, certes subjectif car nous n’avons pas pu tout prendre en note. Les paroles rapportées sont celles de soignant-es et de chercheur.se.s.

 

Grossesse et obésité : des relations complexes

Dr Anne Laurent-Jaccard, médecin interniste, Lausanne
Dr Jean-Michel Lecerf, endocrinologue, Institut Pasteur Lille

L’important c’est de perdre du poids avant et entre les grossesses, pas pendant la grossesse. 

Les recommendations du gain pondéral pendant la grossesse : risque de macrosomie avec une prise de plus de 13 kilos, pas de recommendations diététiques particulières, mais l’alimentation doit rester supérieure à  1500kcl par jour.

Programme NELIP suivi pendant la grossesse : 2000kcl par jour, Indice Glycémique bas, 4x marche par semaine : 80% des personnes suivies n’ont pas pris de poids, et réduction des problèmes du bébé à la naissance

Pour réduire le poids de naissance, la seule chose efficace semble l’activité physique pendant la grossesse, même recommendation pour le gain de poids gestationnel + allaitement.

Quand un très faible gain de poids gestationnel, on constate moins de césarienne et moins d’hypertension, mais ce n’est pas une raison pour culpabiliser les personnes obèses.

Chirurgie bariatrique avant la grossesse : bénéfices maternels : – de pré éclampsie, – risque de césarienne, – de déclenchement – hémorragie post partum, – de mort foetale, 3x moins de macrosomie.

Chirurgie bariatrique avant la grossesse : risques : carences du bébé, absence fermeture tube neural, retard de croissance intra utérin, hémoragie cérébrale chez le foetus.

En cas de chirurgie bariatrique : ATTENTION : moindre efficacité de la contraception orale.

Gros problème en PMA = prise de poids considérable avec les traitements hormonaux, échec de la PMA, obésité résultante et pas de bébé.

Il existe des personnes obèses extremement bien pendant la grossesse = état de complétude = fin des épisodes de binge et de boulimie = perte de poids.

Des équipes obligent les personnes en parcours de chirurgie bariatrique à poser un sterilet, pas d’opération si pas de sterilet car PB de malabsorption de la contraception orale.

Stigmatisation des enfants en surpoids au sein de la famille

Mme Natalie Rigal, Chercheuse en psychologie du développement, université Paris Nanterre (EA Clipsyd, 4430)

Cercle vicieux de la prise de poids -> stigmatisation (Obélix, Bouboule, tas de gras) -> conduite alimentaire compensatoire -> prise de poids.

Etude : Burmeister, J. M., Holt, S., & Musher-Eizenman, D. R. (2016). Active versus inactive portrayals of children with obesity. Stigma and Healthsur enfants de 4 à 6 ans : ces enfants décrivent les gros comme méchants stupides négligés et bruyants, ils ont déja intériorisés les stéréotypes sur les gros à un très jeune âge.

Stigmatisation de l’enfant gros par ses parents :  études de Dianne Neumark-Sztainer, PhD, MPH, RD, 2 grands conduites des parents : moqueries autour du poids, ou commentaires sur le corps, et discours sur l’importance de l’apparence. Raisons invoquées par les parents qui stigmatisent les enfants gros : rencontre avec un médecin alarmiste, pour la santé de mon enfant, pour évoquer que mon enfant soit moqué.

Prévalence autour des moqueries : 60% des filles entre 9 et 12 ans déclarent avoir reçu des commentaires négatifs sur le poids, 38% ont été moquées sur le corps, 32% ont déclaré des remarques sur l’alimentation, 12% +belle si +mince.

Symptomatologie des moqueries liées au poids chez les ados : ++ symptome dépressif, ++ binge eating et TCA, être traité de gros à 10 ans est un facteur prédictif d’IMC à 19 ans.

Les parents pensent préserver les enfants des moqueries / santé en stigmatisant les enfants gros mais effet contraire total, paradoxe amour / maltraitance. Papa et Maman m’ont traités de gros, oui ca existe. Prise en charge doit donc être centrée sur les parents. et pas l’enfant, sur l’alimentaire mais aussi sur les représentations liées au corps gros et communication positive. Papa et Maman m’ont traités de gros, oui ca existe. Prise en charge doit donc être centrée sur les parents et pas l’enfant, sur l’alimentaire mais aussi sur les représentations liées au corps gros et communication positive.

 

Fertilité et Obésité : impact de la chirurgie bariatrique

Dr Heloise Gronier et Dr Cécile Ciangura

Chirurgie bariatrique en France :  45000 interventions par an, avec une file active de 450 000 patients fin 2017, 85% de femmes, âge moyen de la chirurgie : 38 ans

Augmentation du délais de conception chez les patient-es obèses (2000 couples recrutés par Internet étude US), l’IMC > 25 est déja impactant, délai moyen 7 mois IMC normal, 11 mois IMC 25-39, 14 mois Imc > 39

A tort les patient-es obèses sont diagnostiqué-es SOPK. SOPK : spaniomenhorrhée, hyper androgénie, aspect échographie multi folliculaire, 8 à 10% de la pop féminine, resistance à l’insuline qui joue sur l’ovulation. Tous les obèses ne sont pas SOPK.

Rôle de la leptine impliqué dans la satiété mais aussi dans les anovulations en cours de recherche.

Les patient-es qui souffrent de SOPK pourraient récupèrer une ovulation spontanée en perdant 10% de leur poids –  il faut faire une évaluation systèmatique du couple réserve ovarienne, spermogramme, hysterosalpingographie.

Si le problème est un problème d’ovulation, on la déclence avec Clomid pour 6 cycles monitorés, il faut augmenter la dose chez les personnes obèses car il y a une résistance connue.

Obésité fertilité en FIV : – d’ovocytes récupérés à la ponction post stimulation mais peut être du à la difficulté de ponction chez patient-es très gros-ses.

La réserve ovarienne diminue avec l’âge mais quand il y a une indication de FIV il faut prendre en charge assez vite sans attendre la perte de poids.

PMA et chirurgie bariatrique : très peu de données, 1 étude, même efficacité avant et après la chirurgie bariatrique, 1 étude montre – de folllicules et – ovocytes chez les personnes opérées.

Attention grossesse avec chirurgie bariatrique : il faut absolument se supplémenter, et cas décrits de bascule de l’anneau gastrique.

Les bébés des personnes opérées n’ont pas plus de malformations que les autres, mais augmentation des risques : petits poids, prématurités, hémorragie sur carence en vitamine K, anémie et anomalie neurologique sur carence B12

Restent flous : le devenir métabolique des enfants nés après chirurgie, si une technique chir est à privilégier pour les personnes en désir de grossesse

La perte de poids même modérée peut restaurer une fertilité SI et SEULEMENT SI c’est uniquement un problème d’ovulation.

L’âge est aussi / plus / iportant que l’IMC en PMA : il ne faut pas retarder la prise en charge et donner des objectifs de perte de poids précis.

Le retard de prise en charge des personnes obèses en PMA est du à plusieurs facteurs mais aussi à une demande de perte de poids non précisée par les médecins ”revenez qd vous aurez minci”.

 

Table ronde : Une femme obèse a-t-elle le droit d’avoir des enfants ?

Modératrice : Mme Sylvie Benkemoun, psychologue clinicienne, Paris
  • Dr Laurence Boujenah, pédiatre, Paris
  • Dr Juliane Berdah, gynécologue, endocrinologue, Paris
  • Dr Cécile Ciangura, médecin endocrinologue, Paris,
  • Dr Véronique Fournier, médecin de santé publique, cardiologue, responsable de l’unité fonctionnelle d’éthique clinique à l’hôpital Cochin

LA question est quel message faire passer aux femmes obèses, premier message : petites pertes de poids intéressantes dans l’ovulation, mais sont peut intéressantes sur les IMC >40.

Une étude Australienne montre que la personne obèse connaît les complications la concernant mais pas les complication sur leurs bébés, et qu’il faut donc les sensibiliser.

La cardiologue dit que l’obésité n’est pas une pathologie mais un facteur de risque, ca lui semble trop médicaliser, à ce moment là, l’âge est aussi une pathologie.

Forte demande des femmes à l’auto conservation ovocytaire, peut être faut il ouvrir le débat pour les femmes obéses ?

La perte de poids n’est pas obligatoire avant la grossesse mais il y a un réel intérêt dans l’obésité massive à limiter strictement la prise de poids pendant la grossesse.

L’obésite n’est pas une identité mais une particularité et il faut que les soignant-es soient formés dans ce sens.

Les personnes qui vont avoir un enfant post chirurgie bariatrique  ont 40% de risques d’être en grave dépression et de vivre très mal post partum.

Grossophobie médicale réelle : une personne de 17 ans a été opérée d’une sleeve-gastrectomie enceinte de 7 mois en déni de grossesse car son équipe médicale ne pensait pas qu’elle pouvait l’être…

Toutes les obésités sont différentes, il est difficile de faire des généralisations