[Important] La grossophobie entre dans le dictionnaire

Chez Gras Politique, nous nous battons depuis des années pour la reconnaissance des discriminations faites aux personnes grosses. Nous employons le mot GROSSOPHOBIE pour définir le spectre de ces discriminations.

Jusqu’ici, nous nous heurtions à une incompréhension, voir même à un certain déni de fait : ce mot n’existait pas dans la langue française validée par l’Académie, et par ricochet, nos discriminations n’existaient donc pas vraiment.

En 2019, le Petit Robert définira la grossophobie telle que :

 « attitude de stigmatisation, de discrimination envers les personnes obèses ou en surpoids ».

C’est une victoire symbolique, mais une victoire importante. Nous avons choisi le mot pour définir notre discrimination, nous avons lutté, et ce mot est désormais dans le dictionnaire, avec la définition que nous souhaitons lui donner.

La lutte continue, dans les pages des livres comme sur le terrain, mais nous sommes fièr-e-s chez Gras Politique, de ce premier pas.

 

Capucine – 24 ans

 

A l’âge de 6 ans, ma mère a commencé une dépression, qui dura 7 ans. Ce fut mon propre commencement ; celui de la boulimie, des kilos en trop, de la grossophobie quotidienne dont j’étais victime. A 12 ans, j’ai passé 6 mois dans un centre nutritionnel où j’y ai perdu 10kg. J’en suis sortie presque mince, fière, à peu près bien dans mon corps. Je suis restée stable jusqu’à mes 16 ans, et puis j’ai recommencé à grossir. Pleurer. Haïr mon corps.

Continuer la lecture de « Capucine – 24 ans »

Le projet inhumain de Karine Le Marchand

Il y a quelques mois, nous étions tombées sur les réseaux sociaux sur l’appel à candidature de Potiche Prod pour leur émission prochaine.
L’idée de Karine Le Marchand, soutenue par Cristina Cordula était de mettre en scène des personnes obèses dans leur parcours de chirurgie bariatrique.

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A l’époque nous écrivions ce texte et lancions une pétition pour demander l’arret du tournage.

Il y a quelques semaines nous rentrions en contact avec une source anonyme, proche de la production de l’émission. Ce que cette personne nous a raconté n’a fait qu’augmenter nos peurs au sujet du traitement réservé aux candidates de cette émission. Suite à ses révélations, nous avons décidé d’alerter plusieurs interlocuteurs :

 

Conseil national de l’Ordre des médecins

Conseil Supérieur de l’Audiovisuel

Agence Régionale de la Santé Île de France

Madame la Ministre de la Santé Agnès BUZIN

Madame la Directrice de la Direction de la Sécurité Sociale Mathilde LIGNOT-
LELOUP

Le Défenseur des Droits

Monsieur Georges-Christian CHAZOT, président du Groupe Hospitalier Saint
Joseph et du groupe Ethique Hôpital

Le président de la Commission des usagers de l’hôpital Dr Didier GAILLARD

Comité Consultatif National d’Ethique

Notre lettre

Aujourd’hui paraissait sur buzzfeed un article de Marie Kirschen reprenant tous les faits relatés par notre source anonyme.

Article disponible ici 

 

Voici les réponses apportées par :

l’ordre des médecins >>> Leur lettre

Le Centre hospitalier St Joseph >>> Page 2Page 1

Le Défenseur des droits >>> DDD

L’ARS >>> ARS

Grosses gencives

Y a-t-il acte plus anodin que d’aller chez le dentiste se faire soigner une carie ?

Pas quand tu es gros.se. Non. C’est une énième occasion de subir la formidable grossophobie médicale.

Entrer dans le cabinet. Le regard de bas en haut, le haussement de sourcils. Le « attendez, asseyez -vous doucement, je ne suis pas sûr que le fauteuil supporte votre poids ».

Tu t’assois en retenant ton souffle, tes fesses touchent le plastique, tu forces sur tes bras pour que tu puisses déposer ton poids petit à petit et pas d’un coup histoire de ménager un fauteuil et essayer de répartir la masse. Ton ego et ta santé mentale, tout le monde s’en fout.

« Ah une vilaine carie que voilà, il faut absolument arrêter de s’empiffrer de bonbons toute la journée »

Tu as la bouche ouverte, les mains de ce personnage nauséabond en toi, impossible de répondre autre chose qu’un « grmphblphbl » incompréhensible qu’il s’empresse d’ignorer pour rajouter «  ah oui, oui ça se voit que vous aimez manger des bonbons, les bonbons durs de grand-mère que vous croquez apparemment »

Il enlève enfin ses mains, tu voudrais lui répondre que tu n’as pas touché un bonbon depuis des années, mais que l’usure qu’il doit voir sur mes dents est due au bruxisme dont je souffre depuis mon enfance. Mais il t’annonce qu’il va devoir arracher ta dent.

Tu reprends rendez-vous en te disant que la prochaine fois s’il te fait une réflexion tu le reprendras en pleine volée, quitte à le mordre pour pouvoir articuler.

La semaine d’après tu reviens, il te refait la même réflexion sur le fauteuil et ton poids. Tu lui dis que cela n’a jamais posé de problèmes nulle part, et que s’il est si inquiet, il n’a qu’à investir dans un matériel plus adapté et solide.

Ça le met en colère visiblement. Tu t’allonges, tu l’entends préparer ses instruments derrière toi. Il te fait ouvrir la bouche sans sommation, brutalement, t’irrite le coin. Aucune délicatesse quand il passe ses instruments qui te déchirent littéralement l’intérieur de la joue. Puis vient le moment de l’anesthésie. Il pique, en met partout dans la bouche, ça a un goût affreux, amer, et tu as peur d’étouffer. Il te repique une 2nde fois, te dit de te rincer, se met à travailler mais la douleur est telle que tu hurles. L’anesthésie n’a pas pris. Il faudra 8 piqures. Et que tu acceptes de ressentir une pointe de douleur pour qu’on puisse en finir. Tu saignes, tu as mal, la dent a eu du mal à sortir, elle était accrochée à la tubercule qui finalement est venue avec.

La seule chose qu’il te dira c’est « vous allez avoir mal 2/3 jours » Puis en te regardant droit dans les yeux « L’anesthésie a eu du mal à prendre à cause de votre poids ».

Tu sais pourtant que ce n’est pas le cas, il endort une gencive, pas un membre avec du tissu adipeux… quel est le rapport ? Mais tu es dans un état second, tu as très mal, tu retiens tes larmes, tu ne protestes que d’un mou « de toutes façons les dosages ne sont jamais étudiés pour les personnes grosses » qu’il ignore royalement.

Tu es dans la voiture et tu pleures. Tu pleures parce que tu viens de te faire humilier encore une fois. Tu n’es pas arrivée à te défendre. Tu t’es laissé tomber. Et puis malgré les doses énormes d’anesthésiant tu souffres, tu sens le sang couler dans ta bouche.

Alors tu rentres tant bien que mal et tu questionnes ton entourage dans le médical, pour bien te rassurer. Oui ce dentiste est juste un sombre tocard grossophobe au discours dangereux.

Tu le réentends asséner sa fausse vérité bien droit dans ses bottes. « c’est de ta faute ».

Le lendemain tu as mal toujours, la douleur amplifie. Deux jours après il y a clairement un soucis, ta gencive est gonflée et te fait très mal, tu penches pour une infection. Tu mets 3jours à le rappeler parce que malgré la douleur physique, celles morale et psychique te retiennent. Tu es forte, tu peux tout supporter physiquement. Tu endures des souffrances que peu de gens accepteraient de vivre depuis tant d’années. Mais tu es fatiguée mentalement, épuisée même. Tu le rappelles et il estime évidemment que tu as dû mal faire quelque chose ne te trouvant un créneau que pour la semaine d’après. L’idée pas si saugrenue qu’il fait tout pour te punir d’être grosse te traverse l’esprit.

Et tu attends, la douleur à la gencive, le bide retourné, le cerveau en ébullition, plein de ce que tu voudrais lui dire. Chaque jour qui te rapproche du rendez-vous, tu essaies de rassembler le peu de courage qui te reste pour lui renvoyer ses mots dévastateurs dans les dents.

 

[Compte Rendu] Retour sur les Etats Généraux de la lutte contre la grossophobie

Les premiers Etats Généraux de la lutte contre la grossophobie se sont tenus à Paris le 14 janvier dernier.

Tout au long de la journée, une cinquantaine de personnes, représentants d’associations ou de collectifs, se sont mobilisés pour parler de la discrimination envers les personnes grosses et pour imaginer des stratégies de lutte.

Gras Politique tient à remercier celles et ceux qui sont venus travailler toute une journée sur ce sujet. Nous sommes enthousiasmées par votre énergie et pas vos idées. Nous allons tout faire pour porter haut les projets que nous avons évoqués ensemble. Nous comptons sur votre engagement, sur vos neurones, et sur votre bonne humeur.

Vous trouverez ci-dessous le compte-rendu officiel de l’événement, ainsi que quelques photos souvenirs.

Le magazine Fumigene nous a consacré un très beau reportage. 

Compte Rendu à télécharger ICI !

 

[Brochure] Petit Précis de Grossophobie

Gras Politique est fièr-e de mettre à disposition une brochure sur la grossophobie, que tu peux laisser traîner au boulot, chez les médecin, dans les transports, dans ta famille, en soirée, et partout où tu penses que c’est nécessaire !

Il suffit de la télécharger et de l’imprimer pour participer à l’effort contre la discrimination grossophobe !

Elle a été illustrée par Olivier du blog Petit Ours Blond et mise à jour en 2021 (eh oui, depuis la grossophobie est entrée dans le dictionnaire !)

Télécharge la ICI

 

 

Intermarché met le Père Noël au régime

Ah la magie des fêtes dans les hypermarchés ! Les promotions sur le foie malade d’oie ou de canard, les chocolats à la liqueur qu’on achète quand même, la purée de marrons qui colle au fond du plat et la bûche à la graisse hydrogénée à seulement 9 euros 99 centimes ! De belles opportunités capitalistes pour les vendeurs de bouffe, qui ne se privent pas de réaliser de jolis bénéfices avec des produits pas toujours très “healthy”, mais synonymes de repas familiaux, de congès et de retrouvailles heureuses.

L’alimentation pendant les fêtes est un sujet bien plus compliqué que celui des apports énergétiques. Dans les familles aux moyens financiers réduits, avoir une table de fête remplie de choses bonnes, riches et rares est un véritable sacrifice, qu’elles font avec plaisir par tradition et par volonté de gâter leurs proches. La notion de plaisir, de partage, et de plats familiaux transmis par les générations, est au centre de la table de fête. Nombreux sont les foyers qui s’endettent au moment de Noël afin de pouvoir assurer des plaisirs simples à leurs familles, cadeaux et mets.

D’autre part, l’équilibre alimentaire ne se fait pas sur une période de 10 jours. C’est un long exercice de chaque jour, qui se fait en fonction des moyens des individus (un kilo de lasagnes industriels est un repas moins cher qu’un kilo de poivrons pour une famille), des habitudes alimentaires, des éventuels troubles du comportement alimentaire, et des régimes diététiques particuliers aux personnes. Vous ne risquez pas l’obésité monstrueuse parce que vous prenez deux fois de la dinde le 25 décembre. Stigmatiser un gros lors de cette période est tout à fait contre-productif. Nous ne devenons pas gros à cause des fêtes.

C’est Intermarché qui gagne la palme de la plus grande hypocrisie alimentaire de décembre avec sa nouvelle publicité dont voilà le pitch ; pour sauver Noël, et recevoir leurs cadeaux, les enfants doivent faire maigrir le Père Noël qui ne passe pas dans la cheminée. Ils apportent donc du chou et de la salade Intermarché à ce bon gros, qui pourra maigrir et réussir à rentrer son cul dans la cheminée le jour J. Merveilleux exemple de grossophobie dissimulée derrière des décors de neige artificielle et des faux arômes orange-canelle : c’est encore la faute du gros ! Le gros va faire rater Noël ! Dégraissons l’ancêtre !

Il est sans doute plus facile à Intermarché de faire de la communication facile et mièvre sur fond de chant de Noël que de s’engager pour l’éducation alimentaire de ses clients : affichage des calories, choix des filières d’approvisionnement, huile de palme, additifs alimentaires dans les plats préparés, option végétariennes ou vegans, baisse des prix significatives sur les aliments sains de première nécessité … Voilà autant de batailles concrètes que le géant de la distribution pourrait mener, bien plus efficaces que la mise au régime d’un personnage de fiction.

Rassurez vous, malgré cette campagne toute jolie et toute saine, Intermarché vous propose des promotions et des réductions sur des produits qui le sont beaucoup moins lors de cette période. Il vous suffit de consulter le prospectus alimentaire dédié à la fin d’année pour vous rendre compte que le seul fruit ou légume proposé moins cher est la clémentine. Ca va faire chiche.

Le rôle des enfants dans cette publicité agace particulièrement. Une étude récente prouve que dès 5 ans, les enfants ont déja enregistré les préjugés et clichés sur les personnes grosses. Très petits, ils-elles sont bombardés d’images négatives sur les corps différents, et d’injonctions perturbantes au bien manger et à la consommation. Les petites filles sont particulièrement sensibles à ce climat anxyogène et peuvent déclarer très tôt des phobies alimentaires ou des troubles graves. Renforcer ces préjugés et ces messages négatifs en abîmant le dernier personnage positif gros semble dangereux. Même le Pêre Noël doit avoir des abdos ?

Faut il vous rappeller que malgrè son obésité morbide, ce bon Papa Noël a toujours réussi à distribuer les cadeaux de tous les enfants du monde, et cela en moins de 24h ? UPS et Usain Bolt peuvent se rhabiller …

 

Amour et Fécondité : le Congrès du GROS – Après-midi 2/2

GRAS POLITIQUE A EU LA CHANCE D’ÊTRE INVITÉ À ASSISTER AU CONGRÈS DU GROUPE DE RÉFLÉXION SUR L’OBÉSITÉ ET LE SURPOIDS (GROS). LE THÈME DE CETTE RENCONTRE 2017 ENTRE SOIGNANT.ES ET PROFESSIONNEL.LES DE LA SANTÉ ÉTAIT : AMOUR ET FÉCONDITÉ.

Vous trouverez ici le compte-rendu de cette journée, certes subjectif car nous n’avons pas pu tout prendre en note. Les paroles rapportées sont celles de soignant-es et de chercheur.se.s.

 

 

Apparence physique et amour, le point de vue du sociologue

Professeur Jean François AMADIEU, Sociologue, Paris

 

Les photos sont la première motivation d’utilisation par les femmes des réseaux sociaux 28% des jeunes de 18 à 25 ans sont sur des sites de rencontres, 1 sur 2 a une relation sexuelle dès le 1er soir, on constate une hausse de 50% du nombre de partenaires en 20 ans aux USA.

Il y a  une part hégémonique du poids de l’apparence dans le choix des rencontres : exemple frappant Tinder, personne ne lit les bios, la photo ou rien.

En 1990, quel était l’IMC préféré des hommes pour les femmes ? 20,4 – Quel est il en 2010 ? 18,4 mais avec des seins et des fesses.

L’amour rend il aveugle ? scientifiquement oui et non, les gens amoureux voient leur partenaire de manière plus positive qu’il-elle ne l’est, mais sont aussi conscient-es de la façon dont le partenaire est perçu par les autres.

Capital érotique : joue un rôle croissant dans la vie sociale et au travail, sexualisation des rectuements et du travail, poitrine, talons, maquillage, blondeur : salaire plus élevé.

Arborer un décolleté c’est 4x plus de chances de décrocher un entretien à un CV équivalent, être mince c’est 90 réponses positives être obèse 15 réponses positives.

Avez vous déja eu envie de faire l’amour avec le recruteur ? Question posée à H et F : 29% de OUI pour les H, 91% de NON pour les F

75% des recruteurs et 48% des recruteuses déclarent qu’il est important que lea candidat-e leur plaise physiquement

La taille, le poids et l’apparence en général varient selon les milieux sociaux et se transmettent. L’homogamie est telle que les apparences et les statuts sont assez comparables dans les couples qui durent (niveau instruction, parents, beauté)

Etre mariée et avoir des enfants pénalise la carrière des F mais favorise celle des H, l’âge des H au mariage est supérieur de plusieurs années à celui des F

La beauté est un attribut social plutôt féminin qui s’échange contre un capital social et économique détenu par les H

Influence des milieux féministes aux USA pour lutter contre la négation de la sexualité des obèses

Représentation du handicap : 0,7% à la télé, 18,4 dans la population

En France en 2011 3% de personnes obèses à la télévision contre 18% de la population, aucune représentation de personnes obèses héros ou amoureux

La vision sociale de l’amour et de la sexualité est esthetisée, comme réservée aux jeunes et aux ”belles personnes’

Traumatismes psychiques, binge eating et obésité

Docteure Pierrette WITKOWSKI, psychiatre des hôpitaux, UMC CHRU Nancy
On va parler d’obèses avec IMC>35 candidat-es à la chirurgie bariatrique qui ont des histoires de traumas et de TCA de type hyperphagie compulsive
Binge eating : crise compulsive : accès hyperphagiques définis depuis 2013 : grande quantité de nourriture,sentiment de perte de contrôle, ingestion rapide, manger sans faim, seul en cachette, culpabilisation, réplétion gastrique
il y a des bingeurs-ses qui se mettent en restriction dans l’intervalle des crises, d’autres non, on peut cumuler boulimie et binge = obésité massive
Le binge eating ne rentre pas encore dans la liste des addictions mais un certain nombre d’addictions comportementales pourraient l’être : anorexie, boulimie, binge eating, alimentation émotionelle
Cas d’une dame qui a arrêté le binge eating après son opération du by pass mais qui va désormais au casino, d’autres cas d’addiction au sexe, cyber dépendance après opération
Tolérance marquée : le sujet augmente le oomportement pour obtenir le même effet / agitation ou irritabilité en cas d’impossibilité de s’adonner au comportement
Le binge eater ne peut pas réduire ou contrôler, les épisodes surviennent souvent quand le sujet doit remplir des obligations (stress)
Traumaset binge eating : 82% de psycho traumatismes chez 176 patients des 2 sexes, (54% violences psychologiques, 31% violences physiques 29% abus sexuel)
Sur 1484 patient obèses 78% de psycho traumatismes relevés au CHRU de Nancy, 81% chez les femmes
Il est impératif de traiter le binge eating avant la chirurgie bariatrique, et ne pas se leurrer, ca peut revenir à l’aune d’un événement traumatique
Utilité du génogramme pour identifier les traumas : histoire abandonnique, deuil dans l’enfance
Les psychotraumatismes de l’enfance seraient à l’origine de perturbations du systeme serotoninergique et / ou de l’axe corticotrope contribuant à favoriser le développement d’un TCA
Des dysrégulations émotionnelles, les troubles de l’attachement, attachement insécure sont susceptibles d’expliquer la survenue des TCA
Les relations d’attachement changent tout au long de la vie, on peut avoir un sujet de résilience et avancer sur ces questions
Le binge est le TCA le plus retrouvé chez les obèses, les patients qui démarrent en obésité devraient trouver une aide dès le départ pour aider sur la compulsion, et ne pas laisser le binge s’aggraver
Le binge est un moyen pour le patient de réguler son stress, c’est un “médicament” à gros effets secondaires, mettre un bingeur au régime c’est le conduire à l’anorexie ou à d’autres TCA
Sans adhésion à la thérapie, si le patient bingeur est opéré il y a des risques de reprise pondérale, de bascule addictive, de décompensation dépressive
Attention à ne pas confondre addiction comportementale et addiction à des produits, il n’y a pas réellement d’addiction à un produit alimentaire
Il est terrifiant de voir des obèses en service de re nutrition avec des sondes de nutrition gastrique parce qu’ils ont basculé dans l’anorexie
Sur les anneaux et les by pass verticaux : contre indication totale du binge eating, sur la sleeve et le petit by pass : possibilité si réel accompagnement thérapeutique

Bien s’attacher pour mieux se détacher

Madame Jeanne SIAUD-FACCHIN, psychologue clinicienne, psychothérapeute

L’attachement est un besoin primaire, universel, physiologique et psychologique, c’est le lien fondamental et fondateur, la base de sécurité interne.

Rôle des neurones miroirs dans l’attachement : groupement de neurones dont la fonction est d’imiter au niveau de l’apprentissage et du ressenti de l’autre elles sont à la racine et base de l’empathie

Ces neurones miroirs nous permettent de ressentir sympathie et antipathie quand on rencontre qqun-e pour la première fois, essentielles dans les relations précoces
Le sous bassement du processus d’attachement : processus hormonaux qui renforcent le sentiment de sécurité : ie : ocytocine pendant la grossesse qui favorise l’attachement primaire par l’allaitement indu
3 types d’attachement : secure ( la figure d’attachement sera tjrs là quoiqu’il arrive), insecure évitant (le bébé apprend très vite qu’il ne peut compter sur personne, la figure d’attachement évite le lien), insecure ambivalent (ne sait jamais si qqun sera la)
80% des enfants qui consultent en psychologie et psychiatrie ont des troubles de l’attachement, 30% dans la population générale
Attachement sécure : autonomie flexibilité, stabilité psychologique, confiance en soi et dans la vie, liberté
Attachement insécure évitant : contrôle, maitrise, distance, agressivité, rigidité cognitive et émotionnelle, trouble communication sociale, peur de l’environnement, trouble anxieux, dépression etc
Attachement ambivalent : dependance affective, quête illimitée de l’amour, exister dans le coeur et yeux des autres, besoin de se remplir, addictions, manque d’empathie, peur de l’abandon
Réparer les psycatrices (jeu de mot de médecin), tout se joue toute la vie grâce à la plasticité cérébrale, production de neo neurones en permanence qui s’intégrent au reste du cerveau si on les soumet à un apprentissage
Etudes de Harvard Richard Waldinger, comparaison entre jeunes étudiant-es favorisé-es et jeunes de milieux difficiles et on observé pendant 80 ans cette population : une seule dimension significative dans cette étude qui permet de vivre plus vieux plus heureux et en bonne sante : le lien.
La qualité de présence du thérapeute est capitale, la chaleur humaine est incontournable du rôle se soignant, il est temps de passer à la presence bienveillante.

Libérer les femmes

Docteure Stéphanie HAHUSSEAU, psychiatre, psychothérapeute, Paris

Les études prouvent qu’une femme séduisante est une femme qui fait du 90C. L’étude a été réalisée en changeant la taille de bonnet d’une auto-stoppeuse et la corrélation arrêt de voiture et bonnet de poitrine.

En tant que thérapeute et soignant il faut aider les patientes à travailler sur elles MAIS sans ignorer les situations délétères

Il faut aider les femmes à se libérer, des expériences passées qui grèvent le comportement alimentaire mais aussi des situations en présence

Les femmes sont tiraillées par des injonctions contradictoires : consommer mais perdre 3 kilos, être spontanée mais se remettre en question, elles mettent les F dans une forme de sidération

La colère est jugée comme normale pour les hommes alors que les femmes sont taxées d’hystériques

La maltraitance infantile doit être recherchée en cas d’obésité, les patients déclarent à 95% avoir eu une enfance heureuse au premier rdv mais il ne faut pas s’y arrêter

Il faut aider les patient-es à réaliser que leurs expériences d’enfants ne sont pas anodines : 70% des obèses ont des expériences infantiles hostiles

Les TCA sont plus sévères plus précoces et plus de comorbidites psychiatriques chez les patient-es avec enfance difficile

L’attachement secure représente seulement 10% des gens qui souffrent de TCA, l’attachement insécurise provoque une altération précoce le l’axe du stresse = compulsion de réconfort

On a tendance à laisser la responsabilité de l’attachement aux F mais c’est bidon. Les hommes ont le loisir de faire le choix de s’occuper de leurs enfants quand ca les arrange pas les F.

Une mere reconnaît à 90% les cris de son bébe, un homme moins SAUF si il passe plus de 4h par jour avec son bebe, alors les résultats sont identiques

Idéalisation de la maternité auprès des femmes, accomplissement par l’enfant, alors que le pic de bonheur quotidien observé se fait au moment où les enfants partent de la Maison pour les femmes

Libérons les femmes du poids du passé et de l’enfance, de la responsabilité exclusive du couple, de la qualité de l’attachement chez l’enfant, du poids des émotions des autres

Dans un avenir prochain on peut sortir souhaiter que les h ne considèrent plus la sexualité comme un besoin, qu’ils soient sensibilises à leurs émotions et à celles des autres
En psychologie de l’enfant on voit 4 à 5 garçons / 1 fille. Les mamans s’inquiètent plus facilement pour les petits garçons que les petites filles
On valorise le passage à l’acte chez le petit garçons alors qu’on valorise l’émotion chez les petites filles

Amour et Fécondité : le Congrès du GROS – Matinée – 1/2

Gras Politique a eu la chance d’être invité à assister au congrès du Groupe de Réfléxion sur l’Obésité et le Surpoids (GROS). Le thème de cette rencontre 2017 entre soignant.es et professionnel.les de la santé était : Amour et Fécondité.

Vous trouverez ici le compte-rendu de cette journée, certes subjectif car nous n’avons pas pu tout prendre en note. Les paroles rapportées sont celles de soignant-es et de chercheur.se.s.

 

Grossesse et obésité : des relations complexes

Dr Anne Laurent-Jaccard, médecin interniste, Lausanne
Dr Jean-Michel Lecerf, endocrinologue, Institut Pasteur Lille

L’important c’est de perdre du poids avant et entre les grossesses, pas pendant la grossesse. 

Les recommendations du gain pondéral pendant la grossesse : risque de macrosomie avec une prise de plus de 13 kilos, pas de recommendations diététiques particulières, mais l’alimentation doit rester supérieure à  1500kcl par jour.

Programme NELIP suivi pendant la grossesse : 2000kcl par jour, Indice Glycémique bas, 4x marche par semaine : 80% des personnes suivies n’ont pas pris de poids, et réduction des problèmes du bébé à la naissance

Pour réduire le poids de naissance, la seule chose efficace semble l’activité physique pendant la grossesse, même recommendation pour le gain de poids gestationnel + allaitement.

Quand un très faible gain de poids gestationnel, on constate moins de césarienne et moins d’hypertension, mais ce n’est pas une raison pour culpabiliser les personnes obèses.

Chirurgie bariatrique avant la grossesse : bénéfices maternels : – de pré éclampsie, – risque de césarienne, – de déclenchement – hémorragie post partum, – de mort foetale, 3x moins de macrosomie.

Chirurgie bariatrique avant la grossesse : risques : carences du bébé, absence fermeture tube neural, retard de croissance intra utérin, hémoragie cérébrale chez le foetus.

En cas de chirurgie bariatrique : ATTENTION : moindre efficacité de la contraception orale.

Gros problème en PMA = prise de poids considérable avec les traitements hormonaux, échec de la PMA, obésité résultante et pas de bébé.

Il existe des personnes obèses extremement bien pendant la grossesse = état de complétude = fin des épisodes de binge et de boulimie = perte de poids.

Des équipes obligent les personnes en parcours de chirurgie bariatrique à poser un sterilet, pas d’opération si pas de sterilet car PB de malabsorption de la contraception orale.

Stigmatisation des enfants en surpoids au sein de la famille

Mme Natalie Rigal, Chercheuse en psychologie du développement, université Paris Nanterre (EA Clipsyd, 4430)

Cercle vicieux de la prise de poids -> stigmatisation (Obélix, Bouboule, tas de gras) -> conduite alimentaire compensatoire -> prise de poids.

Etude : Burmeister, J. M., Holt, S., & Musher-Eizenman, D. R. (2016). Active versus inactive portrayals of children with obesity. Stigma and Healthsur enfants de 4 à 6 ans : ces enfants décrivent les gros comme méchants stupides négligés et bruyants, ils ont déja intériorisés les stéréotypes sur les gros à un très jeune âge.

Stigmatisation de l’enfant gros par ses parents :  études de Dianne Neumark-Sztainer, PhD, MPH, RD, 2 grands conduites des parents : moqueries autour du poids, ou commentaires sur le corps, et discours sur l’importance de l’apparence. Raisons invoquées par les parents qui stigmatisent les enfants gros : rencontre avec un médecin alarmiste, pour la santé de mon enfant, pour évoquer que mon enfant soit moqué.

Prévalence autour des moqueries : 60% des filles entre 9 et 12 ans déclarent avoir reçu des commentaires négatifs sur le poids, 38% ont été moquées sur le corps, 32% ont déclaré des remarques sur l’alimentation, 12% +belle si +mince.

Symptomatologie des moqueries liées au poids chez les ados : ++ symptome dépressif, ++ binge eating et TCA, être traité de gros à 10 ans est un facteur prédictif d’IMC à 19 ans.

Les parents pensent préserver les enfants des moqueries / santé en stigmatisant les enfants gros mais effet contraire total, paradoxe amour / maltraitance. Papa et Maman m’ont traités de gros, oui ca existe. Prise en charge doit donc être centrée sur les parents. et pas l’enfant, sur l’alimentaire mais aussi sur les représentations liées au corps gros et communication positive. Papa et Maman m’ont traités de gros, oui ca existe. Prise en charge doit donc être centrée sur les parents et pas l’enfant, sur l’alimentaire mais aussi sur les représentations liées au corps gros et communication positive.

 

Fertilité et Obésité : impact de la chirurgie bariatrique

Dr Heloise Gronier et Dr Cécile Ciangura

Chirurgie bariatrique en France :  45000 interventions par an, avec une file active de 450 000 patients fin 2017, 85% de femmes, âge moyen de la chirurgie : 38 ans

Augmentation du délais de conception chez les patient-es obèses (2000 couples recrutés par Internet étude US), l’IMC > 25 est déja impactant, délai moyen 7 mois IMC normal, 11 mois IMC 25-39, 14 mois Imc > 39

A tort les patient-es obèses sont diagnostiqué-es SOPK. SOPK : spaniomenhorrhée, hyper androgénie, aspect échographie multi folliculaire, 8 à 10% de la pop féminine, resistance à l’insuline qui joue sur l’ovulation. Tous les obèses ne sont pas SOPK.

Rôle de la leptine impliqué dans la satiété mais aussi dans les anovulations en cours de recherche.

Les patient-es qui souffrent de SOPK pourraient récupèrer une ovulation spontanée en perdant 10% de leur poids –  il faut faire une évaluation systèmatique du couple réserve ovarienne, spermogramme, hysterosalpingographie.

Si le problème est un problème d’ovulation, on la déclence avec Clomid pour 6 cycles monitorés, il faut augmenter la dose chez les personnes obèses car il y a une résistance connue.

Obésité fertilité en FIV : – d’ovocytes récupérés à la ponction post stimulation mais peut être du à la difficulté de ponction chez patient-es très gros-ses.

La réserve ovarienne diminue avec l’âge mais quand il y a une indication de FIV il faut prendre en charge assez vite sans attendre la perte de poids.

PMA et chirurgie bariatrique : très peu de données, 1 étude, même efficacité avant et après la chirurgie bariatrique, 1 étude montre – de folllicules et – ovocytes chez les personnes opérées.

Attention grossesse avec chirurgie bariatrique : il faut absolument se supplémenter, et cas décrits de bascule de l’anneau gastrique.

Les bébés des personnes opérées n’ont pas plus de malformations que les autres, mais augmentation des risques : petits poids, prématurités, hémorragie sur carence en vitamine K, anémie et anomalie neurologique sur carence B12

Restent flous : le devenir métabolique des enfants nés après chirurgie, si une technique chir est à privilégier pour les personnes en désir de grossesse

La perte de poids même modérée peut restaurer une fertilité SI et SEULEMENT SI c’est uniquement un problème d’ovulation.

L’âge est aussi / plus / iportant que l’IMC en PMA : il ne faut pas retarder la prise en charge et donner des objectifs de perte de poids précis.

Le retard de prise en charge des personnes obèses en PMA est du à plusieurs facteurs mais aussi à une demande de perte de poids non précisée par les médecins ”revenez qd vous aurez minci”.

 

Table ronde : Une femme obèse a-t-elle le droit d’avoir des enfants ?

Modératrice : Mme Sylvie Benkemoun, psychologue clinicienne, Paris
  • Dr Laurence Boujenah, pédiatre, Paris
  • Dr Juliane Berdah, gynécologue, endocrinologue, Paris
  • Dr Cécile Ciangura, médecin endocrinologue, Paris,
  • Dr Véronique Fournier, médecin de santé publique, cardiologue, responsable de l’unité fonctionnelle d’éthique clinique à l’hôpital Cochin

LA question est quel message faire passer aux femmes obèses, premier message : petites pertes de poids intéressantes dans l’ovulation, mais sont peut intéressantes sur les IMC >40.

Une étude Australienne montre que la personne obèse connaît les complications la concernant mais pas les complication sur leurs bébés, et qu’il faut donc les sensibiliser.

La cardiologue dit que l’obésité n’est pas une pathologie mais un facteur de risque, ca lui semble trop médicaliser, à ce moment là, l’âge est aussi une pathologie.

Forte demande des femmes à l’auto conservation ovocytaire, peut être faut il ouvrir le débat pour les femmes obéses ?

La perte de poids n’est pas obligatoire avant la grossesse mais il y a un réel intérêt dans l’obésité massive à limiter strictement la prise de poids pendant la grossesse.

L’obésite n’est pas une identité mais une particularité et il faut que les soignant-es soient formés dans ce sens.

Les personnes qui vont avoir un enfant post chirurgie bariatrique  ont 40% de risques d’être en grave dépression et de vivre très mal post partum.

Grossophobie médicale réelle : une personne de 17 ans a été opérée d’une sleeve-gastrectomie enceinte de 7 mois en déni de grossesse car son équipe médicale ne pensait pas qu’elle pouvait l’être…

Toutes les obésités sont différentes, il est difficile de faire des généralisations