[Brochure] En tant que soignant·e·s, comment mieux soigner les personnes grosses ?

En tant que soignant,
Comment mieux soigner les personnes grosses ?

Le 9 septembre 2021, Charlotte Zoller, journaliste pour Teen Vogue et travaillant dans la stratégie numérique et sociale, a publié sur son compte Instagram un post en anglais qui aborde la question de comment les soignant·e·s peuvent-iels mieux traiter les personnes grosses. Il s’agit également d’un article Teen Vogue que vous pouvez retrouver en cliquant ici.

Gras Politique a lu cet article et l’a trouvé très pertinent, et dans une volonté de rendre accessible ce discours à plus de monde nous l’avons traduit et l’avons adapté pour la France.

Pour commencer

Aller chez le médecin peut être une étape éprouvante pour les personnes grosses, qui ont souvent vécu des discriminations liées à leur poids, ou des violences médicales. Que ce soit des reproches sur leur poids pour des problèmes de santé qui n’ont rien à voir, ou des symptômes tout simplement ignorés. C’est pourquoi des soignant·e·s tel·le·s que vous sont essentiel·le·s ! L’intérêt que vous portez à cette réflexion, sur comment améliorer votre prise en charge des personnes grosses, est importante et est la première étape pour instaurer une relation de confiance.

La première prise de contact

L’environnement de sécurité et de respect s’instaure dès la première prise de contact, que ce soit via votre site internet, ou via votre secrétariat. Déclarer clairement que vous avez une pratique inclusive et respectueuse de tou·te·s signale à vos patient·e·s que votre cabinet est une zone de non jugement. La façon de faire ici est plutôt flexible, certain·e·s préfèreront utiliser les mentions “soins inclusifs” ou “santé pour tou·te·s”, il s’agit là de votre première vitrine et indiquera à vos patient·e·s qu’iels pourront être à l’aise avant même de passer la porte de votre cabinet. 

Le cadre de soin

Une fois que les patient·e·s sont dans votre cabinet, ce qu’iels voient est également important. Il est crucial que le cadre où ont lieu vos échanges soit hospitalier et accueillant pour tout le monde. Cela passe par des questions telles que :

  • Quelles sont les limites de poids et de largeur de votre table d’examen ?
  • Est-ce que les chaises de votre salle d’attente ont des accoudoirs qui pourraient blesser vos patient·e·s ou les empêcher de s’asseoir ?
  • Est-ce que votre civière permet de transporter n’importe quel·le patient·e de n’importe quel poids ?
  • Est-ce que les portes de votre cabinet sont suffisamment larges ?
  • Est-ce que vos toilettes sont praticables par des personnes grosses ou à mobilités différentes ?
  • Est-ce que vous possédez un brassard plus large facilement accessible ?
  • Si votre patient·e souhaite être pesé·e, quelle est la limite de poids sur votre balance ?

Nous sommes conscient·e·s qu’un équipement adapté à tou·te·s peut représenter un certain budget qui n’est pas forcément accessible pour vos moyens, mais même des petits changements peuvent faire la différence et signalent aux patient·e·s qu’iels sont les bienvenu·e·s à votre cabinet. Considérer le confort physique est un signe de respect. Il est plus facile d’être à l’aise mentalement et émotionnellement, si on est déjà à l’aise physiquement.

Le cadre d’échanges

Une conversation claire et cohérente permet, dès le début, d’instaurer un climat de confiance avec vos patient·e·s et d’établir une relation conduite par le respect mutuel. Concrètement, comment faire ? Un simple avertissement au début de la consultation peut faire la différence : “Je veux être sûr·e que vous soyez à l’aise aujourd’hui, afin que je puisse vous prodiguer les meilleurs soins possibles. Est-ce que vous souhaitez discuter de quelque chose en particulier ? Est-ce qu’il y a des sujets que vous ne souhaitez pas aborder ?”. Cela permet aux patient·e·s d’indiquer s’iels ont des sujets de sensibilité. 

Bien sûr, les discussions sur le poids ne peuvent pas être complètement abolies des traitements médicaux, mais elles peuvent devenir plus réfléchies, plus respectueuses et cela passe notamment par le choix du vocabulaire. Quand les conversations commencent à devenir des reproches, la relation commence à déraper. Les personnes grosses comprennent tout à fait que certains états de santé peuvent être exacerbés par le poids, et la majeure partie de ces personnes ont déjà essayé de perdre du poids à un moment donné de leur vie. Leur parler comme s’iels étaient ignorant·e·s ou comme s’iels manquaient de volonté et de maîtrise de soi, ou encore prétendre que tous leurs problèmes de santé seraient dûs à leurs poids, revient à mettre vos patient·e·s gros·ses dans une situation de mal-être. Et ce n’est pas le résultat escompté si vous lisez ceci. Si le·a soignant·e a réussi à instaurer une atmosphère de confiance, ses patient·e·s gros·ses seront plus à même d’engager des conversations profondes dans l’objectif de se soigner totalement

Prendre conscience des inégalités face à l’accès aux soins

Tout le monde n’a pas pléthore de choix lorsqu’il s’agit de l’accès aux soins médicaux. Ce choix dépend de facteurs tels que : les cabinets ouverts et présents, le niveau de soins, la localisation géographique, le tarif des soins, la prise en charge, mais aussi l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, le poids, le handicap, l’âge, la classe sociale, etc. Ces facteurs rendent la recherche d’un·e soignant·e encore plus complexe qu’elle ne l’est. C’est pour ça qu’il est important pour les soignant·e·s d’être curieux·ses, prudent·e·s, et conscient·e·s de l’identité et des antécédents sociaux et médicaux de leurs patient·e·s. 

En conclusion

Il ne devrait pas incomber à vos patient·e·s de décréter leur droit au respect. Il devrait incomber à vous, soignant·e·s, de créer un environnement hospitalier pour que vos patient·e·s puissent exprimer leurs opinions et recevoir des soins dans un cadre sans jugement. Il est important de toujours rechercher de nouvelles informations, de repousser les limites de vos connaissances et de prendre l’initiative de s’éduquer concernant les soins inclusifs


Si vous souhaitez imprimer ou diffuser ce billet de blog, nous l’avons également transposé au format brochure, pour que vous puissiez le faire passer à vos soignant·e·s, à vos collègues, à vos proches, ou à toute autre personne.