Congrès du GROS 2021 : nos notes

Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids (G.R.O.S)

Congrès 2021 – Poids et santé, mythes et réalités

Nous avons eu la chance d’être invité.e.s au congrès annuel du G.R.O.S. Nous vous mettons ici à disposition les notes et remarques prises pendant cet évenement.

Merci à Lisa pour ce travail colossal.

JOUR 1 – Jeudi 25 Novembre 2021 

  • Ouverture – Sylvie BENKEMOUN, psychologue psychothérapeute, Présidente du G.R.O.S

Lutter contre les évidences quand elles desservent nos patients. Il faut du temps pour que les nouvelles idées prennent. Société focusées sur la santé, comme valeur morale, et forcément lié au poids. Il y a de plus en plus l’idée que le bonheur = la santé. Même dans les discussions scientifiques autour de Covid, il y a eu récemment du feedback sur les 2,5 kg pris pendant Covid en moyenne, ce qui semble étrange à la vue de ce que cette pandémie représente. Dommage aussi de ne pas avoir parlé de ceux qui ont perdu du poids pendant Covid, et de ne pas chercher pourquoi/comment, ne pas se contenter de pointer du doigt la prise de poids, mais chercher vraiment des réponses, des données. Il reste donc de quoi discuter, échanger sur le fait d’interroger les principes de santé et de voir si d’autres façons de gérer l’obésité existent. Etre gros est quelque chose qui devrait être possible !

 

  • Session Des Poids des Mesures – Gérard APFELDORFER, psychiatre, co-fondateur G.R.O.S

Intro :  « le surpoids et l’obésité sont ils si nuisibles pour la santé »

Le poids medical

Le poids est une préoccupation depuis l’antiquité (le corps doit être bien proportionné). Les romains sont arrivés sur « manger moins bouger plus » (Galien). Ça n’a donc pas beaucoup changé au final, on en est toujours sur ce mythe aujourd’hui !

La mathématisation commence par la metropolitan life (compagnie d’assurance) qui créé des tableaux de mesure de l’espérance de vie versus le poids/taille. Horrace Fletcher : milliardaire, gros, à qui on a refusé l’assurance a décidé de tout faire pour maigrir. Il a essayé les régimes et a défini la méthode « mâcher », quand on mâche on maigrit. Grand succès aux USA. Première méthode de régime « de masse » puisqu’il parcourt les US pour expliquer sa méthode, le terme rentre même dans le vocabulaire courant de l’époque. D’ailleurs récemment un nutritionniste connu a relancé cette méthode en France.

Ensuite on a essayé de mathématiser le poids (slide 1):

  • Brocas de calculer le poids idéal poids/taille. Le poids idéal c’est la taille – 100 (si vous mesurez 1m65, vous devez peser 65kg). 
  • 1929 nouvelle formule pour différencier femme et homme ce qui manquait dans le calcul précédent
  • Puis formule de Bornard pour en plus prendre en compte le tour de poitrine. 
  • Puis 1974, nouvelle formule, Devines. 
  • Puis formule du Prof Creff, ne prend pas en compte le sexe, mais la morphologie. 
  • Arrive l’indice de Quetelet : l’IMC. Il pose des problèmes, en particulier avec les seuils, le seuil de début du statut « obèse » change. Depuis 2000, l’OMS change le seuil, à partir de 25 = surpoids. Ce changement a fait pousser la population obèse d’un coup. Il n’y a pas de raison particulière pourquoi ce seuil a été baissé, c’est un consensus scientifique.

Aparté sur l’IMC :

L’IMC ne tient pas compte de l’âge, du sexe, de la génétique, de la masse musculaire, l’ethnicité, masse osseuse, position des graisses (obésité génoïde pas dangereuse), la sédentarité, la stabilité du poids (pas pareil stable que yoyo). Ça n’a pas d’intérêt clinique pour la prise en charge des patients. Il y a déjà des méthodes d’évaluation de la masse grasse, meilleures que l’IMC.

Le poids est l’objet de régulation, la masse grasse compte plus que le poids, et la masse grasse est une masse régulée et on ne fait pas ce qu’on veut avec cette régulation. La position de la masse grasse aussi a plus d’influence que la masse seule.

Attention donc à la mathématisation du poids pour la gestion de la santé. (Dans la session suivante, l’intervenant va, lui, dire que cet indice a le mérite de définir à quel IMC on indique tel ou tel traitement, telle ou telle chirurgie, ou dans les pays qui utilisent les médicaments tel ou tel médicament. Ainsi que la prise en charge au sens financier/Sécu.)

 

Le poids esthétique.

Peut-on, doit on définir des normes de beauté ? Là aussi depuis l’antiquité on a essayé de mathématiser les normes de beauté. Le nombre d’or. Et là on a systématiquement distingué les hommes des femmes.  Aujourd’hui on en arrive à la beauté déclarative. Tout le monde peut être beau si on se comporte en conséquence. On est beau si on le décide, si on le montre (réseaux sociaux), si on le dit aux autres, si on l’assume. On peut être beau de Brad Pitt à David Bowie, d’un culturiste à un geek, c’est une question de stature.

 

  • Session Set Point ? Nouveaux traitements nouveaux espoirs – Pr Sébastien CZERNICHOW, chef de service nutrition Hôpital Européen Georges Pompidou

A ce jour les recherches bloquent pour trouver des médicaments sans effet secondaire, car il s’agit de trouver des molécules qui pourraient cibler la masse graisseuse/tissu adipeux et cette masse est présente dans tout le corps, de façon différente d’une personne à l’autre, c’est donc compliqué de faire que le médicament cible quelque chose. Le tissu adipeux est partout, il n’a pas la même fonction de partout, il ne fonctionne pas pareil chez tout le monde, donc comment faire un médoc qui marche pour tout le monde.

 

La recherche est passionnante et il y a du travail. L’IMC aussi controversé soit-il, permet de savoir comment distribuer les pratiques thérapeutiques : qui on opère, qui est pris en charge, quel médicament pour quel poids..etc..

 

Nouvelles méthodes/traitement de l’obésité :

  • La partie comportementale : nouveaux outils digitaux pour poursuivre « l’effort de perte de poids » dans le quotidien, genre le médecin peut faire des rappels SMS, réseaux sociaux..etc…
  • Nouvelles chirurgies bariatriques (SADI sleeve), recherches très actives sur ça. 
  • Côté gastro entérologie : nouvelles techniques endoscopiques pour développer du moins en moins invasif (ballons)
  • Nouveaux médicaments (molécules pour limiter la prise alimentaire, indiquer directement au cerveau qu’il n’a plus faim ou booster le système digestif pour que lui indique au cerveau qu’il n’a plus faim – essais cliniques en court, certains médocs déjà sur le marché US/CA)

Le problème des traitements médicamenteux c’est la différenciation des résultats sur les personnes. Aujourd’hui on ne sait pas pourquoi ça marche beaucoup sur certains, peu sur d’autres, pas du tout sur d’autres. Les effets secondaires sont présents pour tous les médicaments en étude ou sur le marché. Effets secondaires classiques : diarrhée, constipation, vomissement, nausées. Les études disent que ce ne sont pas les effets secondaires qui font la perte de poids mais bien l’efficacité du traitement (il n’a pas cité d’étude). C’est-à-dire, ce n’est pas parce que les patients vomissent tout le temps qu’ils perdent de poids. Les médicaments interviennent prioritairement sur le comportement alimentaire (diminution appétit) que sur l’augmentation de perte calorique. C’est dans ce domaine qu’il y a encore beaucoup à créer.

Est-ce que les médocs aident et que se passe-t-il quand on arrête ? Etude semaglutide = quand on arrête le traitement, on ne peut a priori pas maintenir la perte de poids d’après les résultats de l’étude. Vu les effets secondaires, c’est compliqué de garder le traitement à vie… les études montrent beaucoup d’arrêt en cours de traitement, à cause des effets secondaires. Il y a donc encore à faire, si cela devient des traitements à vie pour contrôler le poids. 

Pour le meilleur effet du traitement, médicament ou chirurgie, il faut combiner avec activités physiques (voir session suivante sur ce qu’on appelle activité physique). A discuter, comment prendre en charge par assurance maladie si cela fait partir du traitement à proprement parler.

Traitement efficace = traitement combinatoire comme dans d’autre pathologie, comme en cardiologie. Quand le traitement cardio est un combiné de 5 médicaments on fait beaucoup moins le rapport prix/coût versus bénéfice pour le patient/maladie. Alors que pour les traitements de l’obésité, on insiste beaucoup sur le coût, on répète que les médocs c’est 10€ par jour… « comme en diabéto, il faut diversifier et combiner les actions » comportement, sport, ..etc.. personnalisé aux patients, au rythme de vie, sur la durée

Au moins en France, on a une feuille de route de la prise en charge de l’obésité. ça a le mérite d’exister.

Beaucoup de question sur comment rendre obésité maladie donc ALD, donc prise en charge, obésité et vraie maladie, prise en charge plus large que juste chirurgie.

 

  • Session Poids et activités physiques, quelles intentions – Pr Martine DUCLOS, chef de service, Médecine du sport et explorations fonctionnelles, CHU de Clermont-Ferrand

Intro : le sujet du jour pourquoi l’injonction faites aux obèses de « faire du sport ». Qu’est-ce que l’activité physique par rapport à l’activité sportive ? Quels sont les mythes à déconstruire ?

 

Le duo poids/activité physique comporte beaucoup de mythes qui peuvent provoquer de la déception et donc perdre leur efficacité. 

Le poids c’est les viscères, le muscle, les os, l’eau.

Le muscle est responsable de la communication entre les organes. La masse musculaire est donc primordiale dans la communication interne du corps.

 

Le point critique a noté c’est que le tour de taille plus important que l’IMC. Pour un IMC « ok » si tour de taille trop haut, la mortalité augmente de 80% pour les femmes. J’insiste sur le tour de taille, le poids ailleurs dans le corps à moins d’impact sur la mortalité que le poids autour de la taille.

Fake news : l’activité physique fait perdre de poids. 

Non, en tous les cas pas forcément de la masse graisseuse et c’est elle la plus « à risque » dans l’obésité. Et pas non plus l’activité physique seule. L’activité physique a un effet primordial et bénéfique sur la santé, mais pas particulièrement sur la perte de poids. L’activité physique est donc évidemment recommandée, mais il faut arrêter de l’associer uniquement à l’obésité et uniquement à la perte de poids. Par ex, l’activité physique diminue la masse grasse viscérale et donc le risque de diabète et maladie cardio vasculaire. Même sans perte de poids.  Un « balanced diet » combiné avec activité physique c’est le mieux, sur la masse grasse (pas le poids à proprement parlé).

 

Activité physique même sans perte de poids = bien pour la mortalité, dans les chiffres, le risque de mortalité est quasi identique entre patients obèses et non obèses tant qu’il y a une activité physique. Par ailleurs l’activité physique est importante pour santé mentale, pour les pathologies ostéoarticulaires, pour le risque de cancer (risque élevé chez les obèses, donc activité physique recommandée, mais toujours pas pour perte de poids). L’activité physique améliore aussi la qualité du sommeil, qui est aussi un facteur dans la gestion de la masse graisseuse au niveau du tour de taille.

L’activité physique change les activités cérébrales donc le comportement alimentaire. Il y a des études sur base d’IRM avec stimuli visuels qui montrent la baisse des réflexes comportementaux (appétit, satiété, envie sucrée) chez les patients qui ont commencé une activité physique régulière. Pour faire le parallèle avec la présentation précédente sur les médicaments qu’on essaie de faire agir sur le cerveau pour changer les transmetteurs de faim, et ben l’activité physique permet de changer/adapter/diminuer les transmetteurs de faim/appétit, sans médicament. 

La recommandation OMS pour les obèses avec effet yoyo installé et reprise de poids = 1h à 1h30 par jour….. C’est effectivement peu possible, physiquement et techniquement à part si obèse = maladie = arrêt maladie pour gérer le sport intensif.

Il faut cumuler activité physique endurance + renforcement musculaire, pas que l’un ou l’autre. Il n’y a pas plus de valeur à l’un ou à l’autre. Ils sont complémentaires et aussi importants.

Il faut gérer la santé des personnes en surpoids, pas juste leur poids/kilos. L’important c’est d’agir sur la mortalité, pas le poids. Le plus important c’est de ne plus grossir, mais surtout d’améliorer la santé globale du patient, la perte de poids n’est pas si importante.


Activité physique = bouger, gesticuler, adapter l’activité physique. Activité physique ce n’est pas que du sport. Si de rien on passe à 10mn par jour il y a DEJA un effet bénéfique sur la santé et la mortalité. On n’est pas obligé de partir sur 90mn de sport par jour.

Après le yoyo des régimes, surtout gros effet yoyo ; l’objectif de perdre du poids est illusoire, il faut traiter la santé globale, la reprise de confiance, expliquer aux patients que si santé globale ok, le facteur poids n’est plus aussi critique


Obésité et douleur musculaire ou articulaire : est-ce contre l’activité physique = non pas du tout, au contraire, l’activité physique est un traitement de la douleur (pas en période de crise), là encore le point est : activité physique ce n’est pas un jogging de 40mn ! il y a plein de types d’activité physique, il faut être encourageant, motivant, convaincant et pas se limiter juste « jogging » or cardio. La masse graisseuse se travaille avec le renforcement musculaire et le cardio. La masse musculaire se crée avec le renforcement musculaire et le cardio. Aussi le cardio ce n’est pas que courir, le sport adapté propose du cardio. Aussi, n’oublions pas que pour tabler sur le long terme, l’activité physique doit être diversifiée, et autant que possible associée à du plaisir. Forcer un patient dans un type d’activité qu’il déteste c’est prendre le risque d’abandon. L’activité physique même si elle a des effets à court terme est un accompagnement du long terme/à vie, donc le plaisir la satisfaction sont importants.

 

  • Session L’ALIMENTATION IDÉALE EXISTE-T-ELLE?  Dr Jean-Michel LECERF, chef du service de nutrition, Institut Pasteur de Lille

 

Intro : le sujet de cette session alimentation idéale pour qui, pour quoi. Résultat du travail collectif sur LES obésitéS

 

« L’alimentation idéale c’est la mienne, celle que j’ai que j’ai acquise dont j’ai hérité ».

Première question : à quoi sert d’avoir une alimentation idéale ou une alimentation tout court.

Ce n’est pas que se nourrir, il y a aussi nous réjouir, nous réunir.

De toute façon l’alimentation doit me faire du bien. Me faire sentir bien.

Mais l’alimentation reste un compromis, on ne peut pas toujours nourrir, réjouir et réunir en même temps. 

Bon poids = alimentation idéale ? non pas sûr

Bon poids serait plutôt « le poids qui me va, confortable et qui est stable » pas forcément le poids mathématisé. Ni le poids, ni l’alimentation ne font tout pour notre santé ou bien être. On ne peut pas avoir une approche aussi simpliste. 

 

Alimentation idéale c’est satisfaire ses besoins alimentaires. Peut être première fonction ce sont les besoins nutritionnels. Tout cela est décrit dans moult livres, en moult détails. Cela fonctionne comme repères, comme compromis commun, pour la santé publique. C’est un outil de santé publique mais pas un outil individuel. Cela ne suffit pas pour confirmer que chacun à une satisfaction nutritionnelle.

 

Alimentation idéale le but c’est aussi un rôle de santé. On arrive alors sur les créations comme les scores, les indices alimentaires, les « dressing size ». Ce sont des indicateurs construits sur la base d’études épidémiologiques. Il faut les prendre comme indicateur, pas comme règle. 

 

L’alimentation idéale c’est aussi dans le but de vivre mieux et plus longtemps. C’est ok, mais pas sûr, soyons modestes, on met plus de chance de notre côté mais ce n’est pas garanti. Arrêtons de vouloir tout faire faire à l’alimentation, cela culpabilise les patients et ce ne sont pas des objectifs atteignables.

 

Suivre le PNNS il faut inviter à la modestie et de la prudence, il n’y a pas de règles parfaites à suivre à la lettre, cela entraine des troubles du comportement alimentaire.  Si on mange que du score A ça ne veut pas dire avoir une bonne alimentation et bonne santé. L’alimentation nécessite des choix, des compromis et des variations, de la diversité.

 

Le bon terme c’est alimentation équilibrée ? Pas sûr, en fait tout le monde en parle mais personne ne sait vraiment ce que c’est.

 

Donc alimentation idéale = poids stable, et une relation apaisée avec la nourriture. C’est une clé primordiale de l’alimentation idéale. Le mythe de l’idéal de l’alimentation méditerranéenne est effectivement un mythe. Oui elle est bonne, mais plus complexe que les injonctions dont on parle en général dans les médias.

 

Bon aliment = au mieux de sa forme = bon, nature, simple, peu transformé, pas tout seul

Notre alimentation n’a jamais été aussi variée et disponible qu’aujourd’hui, dans le monde. MAIS attention aux vrais problèmes du domaine de la nutrition : pauvreté, stress..

Conclusion : l’alimentation idéale n’existe pas, faisons preuve de compromis, de bon sens avec nos patients, occupons-nous des vrais problèmes, du soin, pas uniquement du contenu de l’assiette.

 

QUESTION – REPONSE

  • Microbiote et poids = oui c’est très important, mais attention à la notion de « deuxième cerveau » c’est peut-être beaucoup. C’est un organe, clé, sous influence de tellement de facteurs (tabac, stress, trauma, alimentation .etc..). On sait où il agit, mais pas clairement comment le modifier et pas durablement. Il y a encore beaucoup à faire, à s’intéresser, mais pour le moment ça rajoute une couche à la compréhension de notre fonctionnement ou en tout cas à la confirmation que le poids, l’alimentation ne sont pas de sujets simples, il y a de la complexité, du multifactoriel et surtout on ne sait pas tout, encore, aujourd’hui, nous les médecins.
  • On peut faire évoluer ses habitudes mais il est illusoire de distribuer des règles toutes faites, ou des règles tout court. Il faut de la fluidité. Prendre en compte les inégalités de vie, de génétique, de capacité. « si vous faites ça, tout ira bien » ça n’existe pas. Ne le promettons plus
  • Nous sommes humains, il faut s’occuper du patient pas de la maladie. Rappelons que le microbiote peut être un frein à la perte de poids.
  • Boissons sucrées : jus de fruit moins pire, mais globalement trop de sucre, mieux vaut un aliment solide = une orange mieux qu’un jus d’orange. Effets négatifs à partir de plus d’une portion par jour. C’est une consommation très culturelle, socio-culturelle aussi, liée à la pauvreté. Attention à la stigmatisation et à la dramatisation d’un certain aliment
  • La perception sensorielle pas assez développée dans votre présentation 🡪 Oui évidement facteur très important dans l’alimentation surtout pour qu’elle soit agréable
  • Laits végétaux : attention enfants, ok adultes. Attention jus de soja a aussi des apport protéine ce n’est pas un lait végétal comme les autres, il apporte un truc en plus.

 

JOUR 3 – Vendredi 27 Novembre 2021 – Peut-on maigrir sans contrôle ? Conférence Grand-Public 2021 

Intervenants :

Sylvie BENKEMOUN, psychologue psychothérapeute, Forcalquier

Savéria GARCIA, diététicienne-nutritionniste, Saint-Laurent du Var

Béatrix de LAMBERTYE, patiente-experte, patiente-chercheuse

Pr Jacky NIZARD, gynécologue obstétricien, GH Pitié-Salpêtrière, professeur de

gynécologie obstétrique, Sorbonne université

Jean-Philippe ZERMATI, médecin nutritionniste psychothérapeute, Paris

 

Attention à la confusion poids/santé. 

  • Expérience d’un nutritionniste américain, Marc Hobs, il décide de manger que de la junk food non stop. Au bout de 10 semaines il est passé de 91 à 71 kg, diminué glycémie, augmenter bon cholestérol, diminuer mauvais cholestérol. Conclusion : « je sais que ce que j’ai mangé n’était pas sain, mais je suis bien obligé de constater que j’ai perdu du poids ».
  • Chez les enfants diabétiques, enfants en cadrés, soignés pour le diabète, sur la longueur d’observations on constate que les enfants les plus gros sont ceux qui mangent le plus de fruit et légume. Donc le problème c’est la surconsommation, pas les aliments eux même. 
  • Résultat de campagne santé publique dans le monde. 
    • En Australie, grande campagne contre boisson sucrée, depuis environ 30 ans. La consommation de sucre a diminué, oui, mais dans cette même période l’obésité de la population a augmenté
    • Au US, 1976 – 1991 campagne anti graisse = baisse de 11% de graisse dans l’assiette + 80% de gens passent aux aliments « light », mais aussi 31% de plus obésité
    • En France, manger moins bouger plus, depuis 1999 = entre 99 et 2010, ok les français sensibles au message, baisse consommation graisse de 3%, mais obésité de la population + 70%

 

Ce n’est pas parce qu’on mange plus sain, que pour autant on a une alimentation qui contrôle le poids. C’est une erreur de confondre ces notions. Ça entraine des complications.


Encore quelques chiffres

  • 60% de français pensent que le beurre fait plus grossier que la margarine, parce que margarine bonne image santé 
  • 64% pensent que l’huile d’olive ne fait pas grossir alors que non, mais elle a une bonne image santé
  • Pareil pour les amandes. Aliments gras, mais du fait de leur image santé, ils sont acceptables.

 

Manger sucré est responsable du diabète : c’est totalement faux, il y a des patients fans de produits gras mais pas de sucre et quand même diabétiques. Le diabète arrive souvent par la prise de poids, que ce soit du sucre ou pas. Donc non diabète ce n’est pas à cause du sucre.

 

Le sport ok ça bouge la masse, mais ça fait aussi manger, plus on fait du sport plus on mange. C’est une notion importante, notamment pour les patients à qui on fait croire à la perte de poids par le sport. Ils sont déstabilisés de manger plus !

 

Tout ça a des conséquences sur la consommation alimentaire, sur le rapport à la nourriture. On en arrive au concept du trouble du réconfort : l’incapacité de se réconforter avec les aliments, alors que la nourritue et l’alimentation a pour vocation utilité et fonction de réconforter. Ce n’est pas anormal de trouver du plaisir et du réconfort dans l’alimentation. Une des actions de la nourriture et de manger : calmer nos émotions, nous rassurer, nous faire du bien. Cela dit, seuls les aliments riches ont cette capacité de nous apaiser. Le problème c’est que ce sont précisément les aliments sur lesquels on met le plus de contrôle, d’interdit, de culpabilité. Donc ces aliments réconfortants sont mal perçus et donc on enlève cette sensation alimentaire de réconfort, donc on arrive à des troubles du réconfort. A force de cibler ces aliments, de les moraliser, on les transforme en aliments stressants, ça pose donc le problème d’enlever la capacité de réconfort de manger. En plus, ces aliments bannis entrainent des compulsions. Voilà un désordre qu’entraine la confusion poids/alimentation santé.

 

Sylvie BENKEMOUN, psychologue psychothérapeute, Forcalquier

En complément sur le trouble du réconfort = d’un point de vue psycho, vu la dose de culpabilité d’être gros et pas un poids standard, par défaut ça impacte notre alimentation confort. Le trouble du réconfort nous entraine donc du côté psycho de la santé des personnes grosses.

OMS dit que la santé c’est un état de bien être physique psychologique et social, pas seulement une absence de maladie et infirmité.

Quand on associe poids/santé, on oublie la psychologie, conséquence de l’obésité en vivant dans un monde hostile.


Enquête OBEPI 2021

Souvent ces enquêtes sont assez alarmantes, chiffre obésité en constante augmentation.

En France 17%, beaucoup moins qu’en Angleterre (33%) ou aux US (60%), donc arrêtons le sensationnalisme

Diabète = 7% de la population en France, chez les personnes en surpoids 11%, chez les personnes en obésité élevée : 23%

Pour une fois l’enquête parle des facteurs psychologiques.

On croit que la dépression c’est une conséquence de l’obésité = la difficulté et la honte de vivre l’obésité. Mais en fait elle peut être à l’origine. A l’origine de l’obésité il y a ce qu’on peut mettre sous le chapeau des « traumas ». Chez les personnes obèses 40% ont subit des traumas, principalement sexuels. Le trauma pour une personne obèse c’est fréquent. On ne va pas donc guérir des personnes traumatisées en les angoissant, stigmatisant. L’obésité ce n’est pas seulement le poids. C’est un équilibre à trouver entre les histoires de vie de chacun, le parcours, et sa santé. Tout le monde ne peut pas peser le même poids. Tant qu’on associe obésité à une tare et un manque de volonté on ne va pas y arriver.

Il y a 20 ans on avait convenu qu’on ne pourrait pas avancer sur la lutte contre l’obésité sans arrêter la stigmatisation. 20 ans plus tard ça ne bouge pas beaucoup.

Les clichés sont acceptés comme tels, ils ne sont pas challenger. 

Je salue les associations, les patients experts, qui essaient de bousculer tout ça.On ne peut pas attendre 20 ans de plus, et de plus en plus de souffrance. La santé doit inclure le bien être psychologique et social. Il faut changer le paradigme, il faut faire autrement puisqu’on constate que ce qu’on fait depuis des années ne marche pas.

Il faut faire entrer la santé dans sa globalité dans le traitement des patients obèse.

 

Béatrix de LAMBERTYE, patiente-experte, patiente-chercheuse

 

Ethique et étiquette.

L’éthique ne fait pas partie de la façon dont les patients obèses sont traités

  • Lola, participation à Danse avec les stars, prise à partie dans la rue, insultée sur son poids. Elle a pu faire intervenir des policiers et ils ont été verbalisé.
  • Maggie De Block, il y a 3 ans, nommée ministre de la santé en Belgique. Le lendemain de sa nomination, les médias belge « peut-on être ministre de la santé en étant obèse ? » au final, après quelques jours de débat médiatique, on a accepté parce que son obésité était lié à une maladie chronique… alors on accepte parce que c’est pas de sa faute… Il a donc les bons et les mauvais gros. Ceux dont ce n’est pas la faute et ceux dont c’est la faute
  • Alain de Perpignan en France : homme traité par les médias de façon horrible. Il était coincé chez lui, 300kg. Les médias on fait des articles tellement difficiles. (elle lit plusieurs extraits). On a fait du sensationnalisme. Avec des chiffres, 300kg, des tonnes de grue pour le déplacer..etc… Au final, les articles de fin, conclus sur « il a perdu 140kg donc c’est formidable ». Par contre, sa situation de précarité est critique, et ça, ce n’est pas traité. On enlève son humanité à cette personne, c’est un corps gros. Il perd du poids c’est bien.
  • Iseult. Victoire de la musique. Ambassadrice l’oréal. Et elle se prend des montagnes de commentaires racistes et/ou grossophobe. (Elle lit des extraits « ce gros tas de graisse nous indispose »..etc…) je veux vous faire entendre la violence des propos. C’est une artiste talentueuse et on ignore son talent pour la résumer à son corps
  • Karine le Marchand, opération renaissance. Ok certains opérés se sont reconnus, mais ce genre d’émission ne leur a peut-être pas permis de prendre du recul sur cette opération. Et elle a été brutale avec les participants et les téléspectateurs. Là encore, sensationnalisme. On a pesé des personnes devant un miroir, c’est violent.

 

A noter aussi ce qu’on entend dans les médias, sur les réseaux sociaux : « Est-ce que c’est prudent de dire aux obèses qu’ils ont une maladie chronique ? ils ne vont plus faire d’efforts ». « Est-ce que c’est raisonnable de faire des vêtements grande taille ?  ça encourage l’obésité ». Je vous répondrais : « est ce que faire des fauteuils roulants et les adapter, rendre jolis ça va faire passer l’envie de ces personnes de faire leur rééducation ? »

 

Luttons contre les préjugés en utilisant le bon langage

  • Une obèse ou une personne en situation d’obésité
  • Gros n’est pas un gros mot
  • Obèse vient de ob édérer qui veut dire manger trop, ce mot en lui-même est pas ok
  • Parlons d’obésité 1 2 ou 3 plutôt que sévère massive morbide

Créer un climat de confiance, écouter la personne, elle est experte de son corps, croire la personne

Equiper son bureau : chaise, affiche, tensiomètre, des toilettes accessibles

Conclusion, mon objectif fou  c’est que toutes les personnes soient des personnes et traitées comme des personnes ! Toi personne en obésité : Soit belle, sens toi belle, ne te tais pas, affirme toi !

 

Pr Jacky NIZARD, gynécologue obstétricien, GH Pitié-Salpêtrière, professeur de gynécologie obstétrique, Sorbonne université

 

Comment on lutte avec la violence obstétricale qui est démultiplié chez les personnes obèses ?

 

Je vais avoir un discours assez proche de celui que j’ai avec les professionnels même si aujourd’hui on parle au grand public.

Les chiffres sont simples, parlants, oui il y a des risques et donc il faut une prise en charge particulière. Malgré ce fait, on reste sur la corde sensible de la discrimination. C’est-à-dire que chaque médecin gère, avec ses préjugés, au lieu de se référer aux experts.

Quand vous avez une pathologie cardiaque, ou une sclérose en plaque et que vous tombez enceinte, vous allez voir une équipe spécialisée dans votre pathologie pour gérer la grossesse. Alors que pour la pathologie obésité, on croit qu’on peut tous gérer. Non. Il faut aussi mettre en place ces circuits de spécialisations, avec des experts. C’est primordial pour la prise en charge des femmes enceintes et en obésité. Vous serez donc traités avec des gens comme vous, par des professionnels formés et habitués à gérer des patientes comme vous, et non pas en tant qu’exception. En médecine ce n’est jamais bon d’être une exception.

 

Il faut donc professionnaliser la prise en charge des patientes en situation d’obésité.

L’enjeux c’est la notion de parcours de soin, par des pros, qui ont un langage, pas quelqu’un qui découvre le truc, qui n’a jamais vu de patiente dans cette situation.

En moyenne, les risques obstétriques sont multiplié par 3 pour les personnes obèses, MAIS pour autant on peut y arriver et la grossesse et l’accouchement peuvent très bien se passer. 

Il ne faut pas « faire comme pour tout le monde », il faut être franc avec la patiente, mais pas la peine non plus de faire peur.

Quand il y a des complications, il n’y a pas aujourd’hui de façon d’associer spécifiquement à l’obésité. Il y a des risques de complication obstétrique dans toute la population générale. Donc quand quelque chose dysfonctionne, on ne peut pas dire « c’est à cause de l’obésité » avec certitude, ça peut être juste le risque de la population générale (prématuré par ex). Donc sortons de la culpabilisation (soignants) et de la honte (patiente). 

La seule façon de diminuer les risques = professionnalisation du parcours pour personnaliser la prise en charge.

Il faut informer. Y compris avant la grossesse. Cela permet d’aborder la grossesse sereinement.

Il faut impérativement bien choisir sa maternité. Pour les obésités importantes, oui il faudra certainement un maternité spécialisée, il faudra plutôt un grand CHU qu’un petit hôpital. Pour info, on peut demander poids/taille dès l’inscription, c’est pas discriminatoire c’est pour s’assurer du bon parcours de soin dans la bonne maternité.

Objectifs de poids pendant la grossesse = c’est très sensible, parce qu’on sait qu’on ne contrôle pas tout, c’est une histoire de discussion. De toutes façons, vous allez prendre du poids, environ 7 à 8 kilos. C’est ok. MAIS pour IMC supérieur à 40, il faudrait en fait perdre du poids pendant la grossesse. Tout le monde sait que c’est quasi impossible, donc les médecins peuvent s’accorder sur « essayer de ne pas prendre de poids ». On s’adapte, on respecte les patientes qui ne veulent pas se peser par ex, c’est un partenariat jusqu’à la naissance en bonne santé.  

 

Conclusion : OUI la grossesse est possible chez les personnes obèses, elle peut bien se passer, avec enfant et maman en bonne santé ! Mais avec un parcours professionnalisé, qui est a développé en France. On a fait pareil pour la cardiologie, on avait des services cardio partout et on a changé d’approche, on a créé des centres spécialisés.

 

Savéria GARCIA, diététicienne-nutritionniste, Saint-Laurent du Var

La représentation d’une consultation diététique = mètre, balance, fruit légume, le patient vient chercher un protocole, quoi manger..etc.. Motifs habituels de consultation « je veux » ou « je dois » perdre du poids.

Cette représentation appartient autant aux patients qu’aux soignants.

Il faut la changer.

Au G.R.O.S, la première étape dans le parcours diététique c’est faire le deuil de sa volonté, acceptation que le poids c’est complexe, non ce n’est pas une question de faute/culpabilité.

Ensuite on part sur la déconstruction.

Par ex, en première consultation souvent je demande : qu’avez-vous mangé avant. Quasi tous les patients « ben je me suis lâché puisque je venais vous voir et donc je pourrais plus manger ça ».

C’est là que la prise en charge doit bouger : le plaisir ne disparait pas du parcours de soin.

Il faut donc parler de santé globale : aller vers un poids d’équilibre. Ça veut dire le poids du moment où on a un rapport apaisé à la nourriture, à son corps, un bon équilibre avec le rythme de vie.

Finalement le premier travail diététique c’est la prise en compte de son corps, déconstruire les clichés, les confusions, les mauvais aliments/bons aliments ..etc.. Travailler sur le plaisir, l’acception de soi. Amener de la bienveillance, compassion et surtout autocompassion pour soi-même.

 

SESSION QUESTION REPONSE

 

  • HAES – mouvement américain. Mouvement qui encourage d’être en bonne santé et pris en charge quelque soit le corps. Focus important sur le bien être
  • Microbiote et obésité : pour le moment les recherches n’ont pas vraiment de concrétisation. On sait que c’est important, mais on ne sait pas très bien comment le transformer ni le résultat. C’est donc prometteur mais pas encore concret
  • Campagne journée mondiale de l’obésité trop culpabilisante : c’est compliqué, cette journée c’est « il faut perdre du poids, l’obésité c’est horrible ». On reste donc dans un discours très binaire. On a du mal à trouver la bonne communication, il faut certes faire accepter aux personnes obèses qu’elles sont malades, mais doit-on le faire en faisant peur. La maladie obésité ne se ressent pas, les obèses ne se sentent pas forcément malade, elles ne le ressentent pas dans leur corps. Ça devient une maladie quand les facteurs de risque se manifestent. C’est donc compliqué pour les gens de s’accepter « malade » avant d’avoir des symptômes. Alors que c’est en allant vers ça qu’on aura mieux de prise en charge
  • Produit amaigrissement en pharmacie, quelle régulation, quel rôle des pharmaciens : c’est un grand sujet. Les produits = Zermati « soyons clair on en pense que du mal », ces produits ne démontrent pas d’efficacité. La régulation n’existe pas, en vente libre, et ça devrait se discuter. C’est beaucoup d’argent pour les patients, sans résultat. Oui il faudrait une très forte régulation. D’ailleurs aussi pour tous les régimes, toutes les méthodes de régime. Ce n’est pas ok que ce ne soit pas régulé. Le problème c’est quand on va d’échec en échec de régime, on est dans la spirale de la dépréciation et on va chercher toutes les solutions parce qu’on résume tout à « je n’en fais pas assez ». Aujourd’hui on ne propose pas grand-chose aux obèses à part la chirurgie, donc les patients vont chercher à calmer leur anxiété culpabilité et vont acheter tous les produits. Il faut donc faire avancer le discours pour baisser la culpabilisation. Cela dit, ok les personnes obèses sont en souffrance et font comme elles peuvent. Par contre soyons clairs que ce n’est pas ok du côté des praticiens de vendre ça, de faire croire à ça. Le principe devrait être « il vaut mieux rien faire que mal faire »

 

  • Comment maigrir sans contrôle : On ne peut pas maigrir sans contrôle. Mais entendons nous sur le contrôle. Il faut en fait supprimer le contrôle mental (régime, plan alimentaire, horaires, type d’aliments). Ce contrôle là ne dure pas. Il ne marche pas. Comparaison avec une batterie : elle se décharge à force de régimes contraignants. On la laisse se reposer = prise de poids. Donc on recommence. Mais au bout de 20 fois = ça marche plus, la batterie ne peut plus fonctionner comme avant, quoiqu’on fasse. Après yoyo, au bout d’un moment le corps ne répond plus, le mental s’épuise. Il faut donc remplacer ce contrôle, par un autre type de contrôle : le contrôle des notions de faim, rassasiement, satiété, = c’est un contrôle physiologique. On apprend au corps à suivre ces signaux originaux. C’est physiologique, pas imposé par le mental. Donc ce contrôle/régulation naturel est stable sur la durée. Il n’est pas poussé par le mental, il est physiologique, donc il se maintient dans la continuité. On ne s’occupe pas de ce contrôle. C’est le corps qui se gère, se régule, comme on ne contrôle pas sa température corporelle, des fois elle monte, des fois elle baisse, elle se régule. Quand on interroge les patients sur la place de la nourriture dans leurs pensées = jusqu’à 80% de temps de cerveau. C’est énorme, c’est obsédant. Et quand on revient à la régulation physiologique naturelle, vous rendez aux gens leurs cerveaux, leur temps, leur paix. C’est ça la priorité.

 

  • Futurs praticiens – grossophobie médicale dans les études de médecine = attention il y a des discriminations en général, ce n’est pas que gros. Il y a un mouvement récent, une nouvelle génération. Les internes sont très sensibilisés aujourd’hui, on a espoir que la grossophobie en face partie et que donc ça va s’améliorer. Les nouvelles générations font beaucoup changer les choses. Sylvie Benkemoun intervient pour dire « ok, mais ça va encore doucement, il y a beaucoup à faire, mais ok professeur soyons positifs »

 

  • Maternités spécialisées, où sont elles ? Depuis 30 ans on a réorganisé les maternités pour les prématurés, c’est-à-dire que tout est organisé pour le bébé, pour la prise en charge des complications à la naissance pour le bébé, donc c’est vrai qu’aujourd’hui il y a peu de maternité spécialisée dans la prise en charge des mamans et des mamans obèses. C’est à développer. 

 

  • Comment s’aimer en voyant son corps changer : s’aimer et se plaire sont deux concepts différents. On n’a pas besoin de se plaire pour s’aimer. L’important c’est de s’aimer. L’image que l’on voit ce n’est pas l’apparence. L’image est construite (parcours familial, éducation, injonctions, société). L’apparence est factuelle. En se regardant on a le mental qui parle. Ce qui compte c’est l’interaction humaine, ce qu’on partage avec l’autre, et pas juste rester sur soi, la narcissisation, se regarder, voir ses défauts.

 

  • Parcours diététique comment évoluer ? faire évoluer les prises en charge, casser les clichés des praticiens, mais aussi ceux des patients. Il n’est pas rare qu’un patient soit bloqué sur l’idée de maigrir à tout prix, et donc pas ouvert au concept de santé globale, même si le praticien veut faire autrement. 

 

  • Praticien diététique : en France on est en retard sur la prise en charge. Les formations s’améliorent, le G.R.O.S propose des formations et des praticiens référencé. 

 

  • Le G.R.O.S et chirurgie bariatrique : ça peut se marier, puisque la chirurgie ne soigne pas les TCAs voire en crée donc la prise en charge pas des professionnels du G.R.O.S accompagne la chirurgie. C’est dur de perdre autant de poids. C’est dur même en ayant perdu autant de poids de se retrouver face à ses TCAs, de ne pas comprendre pourquoi ça recommence. Donc la prise en charge triaxiale du G.R.O.S peut aider, surtout en commençant avant. Attention 38% d’échec à la chirurgie. Il faut vraiment préparer cette chirurgie. Et faire un suivi à vie. En particulier quand ensuite ça se marie avec une grossesse. Ce n’est pas parce que chirurgie et perte de poids que ce ne sera pas une grossesse à risque qu’il faut prendre en charge dans un parcours spécialisé.

 

  • Poids d’équilibre : le poids d’équilibre (= rapport apaisé à la nourriture et à son corps) change dans la vie. Il arrive qu’après effet yoyo, le poids d’équilibre reste un poids trop élevé pour la santé de certains patients, dans ce cas là, la chirurgie bariatrique est le seul outil pour baisser le poids. SI BESOIN de santé. Et avec accompagnement comme décrit ci-dessus

 

  • Leptine et obésité : leptine = médiateur secrété par le tissue adipeux, c’est un reflet de la quantité de graisse dans le corps et ça informe le cerveau de la quantité de masse grasse pour la réguler. On a découvert ça il y a 30 ans, le lien entre tissu adipeux et cerveau. Il y a quelques anomalies génétiques, ça a donné de l’espoir au début, on en a beaucoup parlé. Mais aujourd’hui, ce n’est qu’un des paramètres parmi tant d’autres de l’obésité, et il n’y a aucun traitement efficaces parce que finalement les obésités liées aux troubles de la leptine sont hyper limitées, genre quelques dizaines de patients dans le monde. 

 

  • Prise en charge publique du parcours obésités. PNNS, feuille de route obésité. Mais on a encore besoin de saut de puce voire d’éléphant pour avancer. Premier point : la reconnaissance de la maladie obésité. 

 

  • Est-ce qu’on peut être gros et en bonne santé : OUI. On peut être mince et en mauvaise santé, et oui on peut être gros et en bonne santé. La minceur n’est pas la clé de la santé. Le poids d’équilibre peut se dérégler vers le haut, on peut donc rester gros, mais faire progresser sa santé globale. L’activité physique a plus d’impact que le poids. Un mince sédentaire a plus de risque de mortalité qu’un gros sportif.

 

  • Activité physique : ça peut être des choses agréables. Ce n’est pas que courir ou aller à la salle de sport. On ne doit pas expier son poids en faisant des activités physiques difficiles. Le plaisir est primordial

 

  • Le plaisir est régulateur du comportement alimentaire. Plaisir alimentaire, choix des aliments, texture, plaisir sportif, plaisir émotionnel. On peut travailler le plaisir alimentaire par la pleine conscience, la dégustation, dédiaboliser les aliments, le goût. Dans les consultations on parle d’alimentation mais en fait il faut aussi vivre son alimentation. On a donc organisé des dégustations en restaurant. La consultation a lieu au restaurant. On peut le faire en groupe. Ça casse l’isolement. Ça réapprend à aller dans un lieu public, de choisir sur un menu ..etc..

 

  • Sensation de faim, satiété, se forcer à arrêter de manger ? Aujourd’hui il y a des méthodes pour approcher la satiété. Ce qu’on a appris ces dernières années c’est qu’il ne faut pas uniquement se concentrer sur la faim/satiété mais plutôt sur l’élan, l’envie de manger. Si l’envie de manger ne diminue pas, ce ne sont pas les aliments le souci mais c’est la manière de consommer les aliments. Pas de rassasiement du tout = hyperphagie. Ça ne sert à rien de mettre du contrôle, plus on s’empêche plus l’envie de manger augmente. Pour diminuer les envies de manger, il faut pas les exciter avec les interdictions. On apprend en fait aux patientes à faire diminuer l’envie de manger = il faut apprendre à répondre à toutes les envies qui se présentent (oui c’est encore pas totalement accepté par tous les nutritionnistes fans de contrôle et régime ! mais nous on le sait et on le pratique et on a des chiffres/preuves) = Manger les aliments dont on a envie (plaisir) + concentrer sur les sensations en mangeant + manger sereinement en sécurité (sans culpabilisation peur) = c’est un immense travail, ça prend très longtemps. Mais c’est le seul moyen de libérer l’encombrement mental généré par le contrôle type des régimes et par la culpabilité/honte. Les personnes qui ont cette libération, au final, acceptent de vivre à un poids qui ne leur paraissaient pas ok au départ. Grâce à la libération du contrôle qui provoque un embouteillage dans le cerveau et le quotidien, elles se sentent tellement mieux, que oui le poids est secondaire.

 

  • Comportement alimentaire – diabète type 2 – est-ce que la méthode GROS marche aussi ? = le GROS a sponsorisé une étude sur le sujet. Comparaison approche classique régime versus approche du GROS. Les deux approches stabilisent les indicateurs (glycémie ..etc..) mais sur les 18 mois, l’approche du GROS a de meilleurs résultats = stable. L’autre approche, dès l’arrêt, les indicateurs remontent.

 

  • Rôle des association patients = elles ne sont pas encore assez au rendez-vous. Il y a besoin de travail en commun, et la collaboration/coordination n’est pas toujours là. Je peux citer le travail de Gras Politique, très important très intéressant. Ce type d’association apporte un renouveau, hourra, mais ce n’est pas assez ! Il faut plus de mobilisation, plus de résonance, plus de coordination. Se réunir entre personnes concernées c’est primordial. Elles ont parlé d’Allegro Fortissimo, qui a porté haut et fort la voix des personnes grosses, mais aujourd’hui beaucoup d’assoc vont sur l’image de soi, les concours de beauté. Il faut revenir à plus de militance et d’action, allons-y, recommençons, bougeons !

 

  • Avancées sur le rôle des perturbateurs endocriniens : pas particulièrement d’effet sur le poids. Les médias en parlent beaucoup, mais à ce stade, pas de données particulières en lien pour l’obésité. Evitons donc le catastrophisme et le sensationnalisme

 

  • Thérapie digitale = covid/confinement nous a fait expérimenter uns certains nombres de choses, notamment la télé consultation, on a pu observer que c’était possible que le lien avec le patient existe continue se maintient. Mais aussi que pour certains patients c’est difficile de se voir dans l’écran en séance, c’est dur pour l’image le rapport à soi. Il faut y penser. Proposer au patient de ne pas mettre son visage dans sa video. Ou s’en servir pour la consultation, pour travailler avec le patient là-dessus.