Grosse histoire : The Fat Liberation Manifesto

The Fat Liberation Manifesto

Manifeste pour la Libération des Personnes Grosses

Judy Freespirit et Aldebaran

 

Le Fat Underground est une organisation qui a agi comme un catalyseur dans la création et la mobilisation du mouvement “Fat Liberation”. Basé à Los Angeles dans les années 1970, le Fat Underground s’est battu pour abolir  les pensées et pratiques discriminatoires dans différents aspects de la société. Ces pratiques discriminatoires comprenaient celles des médecins et autres professionnels de la santé qui perpétuaient les habitudes malsaines encouragées par la culture des régimes. Cette approche de la réforme de la profession de santé découle des racines du Fat Underground dans le mouvement Radical Therapy, qui cherchait à réformer les professions de la santé mentale. Selon la rhétorique du mouvement Radical Therapy, les personnes atteintes de maladie mentale ne devaient pas supporter le fardeau de se changer. Nous sommes plutôt censés changer la stigmatisation entourant la santé mentale. Cette idéologie « changer la société, pas nous-mêmes » était à la base d’une grande partie de l’activisme du mouvement “Fat Liberation”.

En novembre 1973, Judy Freespirit et Aldebran ont publié le “Fat Liberation Manifesto” au nom du mouvement “Fat Underground”. Un manifeste est une déclaration écrite qui explique publiquement les intentions et les opinions de celui qui l’a publié. Dans ce cas, le manifeste décrit les ambitions et les vues du Fat Underground, qui prend la liberté de parler au nom de toutes les personnes grasses. Judy Freespirit et Aldebaran, membres pionnier.e.s du Fat Underground, ont conçu ces sept points pour solidifier les idées du mouvement “Fat Liberation” et terminent par un appel à l’action. Le manifeste établit d’abord que les gros ont droit à ce qu’on leur refuse au quotidien : « le respect et la reconnaissance humaine ». Les autres objectifs décrivent ensuite l’exploitation commerciale des corps gros par les entreprises et les institutions scientifiques. Ce manifeste a marqué un point clé dans le mouvement Fat Liberation car c’est l’une des premières fois qu’il y a eu un appel public à l’unification des grosses femmes et des grosses personnes dans un but commun. La rhétorique dictée dans ce manifeste donne le ton du mouvement.

En 1979, les membres du Fat Underground tournent une première vidéo revendicatrice documentant leurs luttes. Vous pouvez la regarder ici :

 

Le FAT MANIFESTO :

1. NOUS croyons que les personnes grosses ont entièrement droit au respect humain et à la reconnaissance.

2. NOUS sommes révoltées par le mauvais traitement qu’elles subissent à des fins commerciales et sexistes. Ils font de nos corps des objets de ridicule et créent ainsi un immense marché lucratif en vendant de fausses promesses pour venir à bout de ce ridicule.

3. NOUS concevons notre lutte en solidarité avec les luttes des autres groupes d’opprimées qui luttent contre le racisme, le sexisme, les classes sociales, l’âgisme, le capitalisme, l’impérialisme et tous leurs semblables.

4. NOUS exigeons l’égalité des droits pour les personnes grosses dans tous les domaines tel que cela est prévu par la Constitution des États-Unis. Nous exigeons l’accessibilité à tous les produits et services du domaine public ainsi que l’élimination de toute forme de discrimination que nous subissons dans les domaines de l’emploi, de l’éducation, des services publics et des services de santé.

5. NOUS dénonçons comme notre principal ennemi toute l’industrie dite de l’amaigrissement. Ceci inclut tous les clubs de diète, les salons d’amaigrissement, les médecins spécialisés dans l’obésité, les livres de diète, les produits diététiques ou les suppléments diététiques, les interventions chirurgicales, les médicaments “coupe-faim”, toutes les pilules et les gadgets tels que les machines amaigrissantes. Nous exigeons que l’industrie dite de l’amaigrissement prenne ses responsabilités face à ses fausses déclarations, qu’elle reconnaisse que ses produits sont nuisibles à la santé publique, et qu’elle publie des résultats d’études statistiques de longue durée démontrant l’efficacité de ses produits. Nous posons ces exigences en sachant très bien que, lorsqu’on les évalue sur une période de cinq ans, plus de 99 % des programmes d’amaigrissement sont un échec total et qu’il est prouvé que les gains et les pertes de poids importants et successifs sont très dommageables.

6. NOUS dénonçons cette science mystificatrice qui prétend, à tort, que nous ne sommes pas en bonne santé. Elle est l’origine à la fois de la cause et du maintien de la discrimination que nous subissons, en plus d’aller de concert avec les intérêts financiers des compagnies d’assurance, de l’industrie de la mode et du vêtement, de l’industrie de l’amaigrissement, des industries alimentaire et pharmaceutique ainsi que de l’establishment du pouvoir médical et psychiatrique.

7. NOUS refusons d’être subjuguées dans le but de servir les intérêts de nos ennemis. Nous proclamons notre pouvoir sur nos corps et sur nos vies. Nous nous engageons nous-mêmes à poursuivre ces buts ensemble. PERSONNES GROSSES DE LA TERRE, UNISSONS-NOUS ! NOUS N’AVONS RIEN À PERDRE…

• Tiré de Schoenfielder, Lisa and Wieser, Barbara (ed.), Shadow on a Tightrope. Writings by Women on Fat Oppression, Iowa City, Spinsters Aunt Lute Book Company, 1983, 260 p.

• Copyright 1973 by The Fat Underground

• Traduction : Louise Turcotte, issue du fanzine Oppression et Libération de la Grosseur